Le Journal de Quebec - Weekend

Un VAMPIRE... de la finance

Bien que Twilight a fait de lui une mégastar planétaire, les vampires seront bientôt chose du passé et Robert Pattinson doit regarder vers le futur. Pour faire oublier Edward Cullen, quoi de mieux que de se glisser dans l’univers glauque du cinéaste canad

- Cédric Bélanger CEDRIC.BELANGER@QUEBECORME­DIA.COM

Dans Cosmopolis, une adaptation du roman évoquant la chute du capitalism­e de Don DeLillo qui a été présentée en première mondiale lors de la plus récente édition du Festival de Cannes, Pattinson devient Eric Packer, un jeune loup newyorkais de la finance.

Un matin, il décide tout bonnement d’aller de se faire couper les cheveux à l’autre bout de la ville même si des manifestan­ts anticapita­listes et la visite du président des États-Unis sèment le chaos dans les rues et créent des embouteill­ages monstres.

Mais Packer est coupé du monde dans sa limousine blanche, qui lui sert de bureau. En cours de route, il reçoit une galerie de personnage­s dans la voiture : son épouse (Sarah Gadon), son médecin, des amantes (parmi celles-ci une Juliette Binoche qui se vautre devant Pattinson) et des conseiller­s tout en surveillan­t le cours du yuan, dont l’appréciati­on imprévue menace son empire financier.

Qu’est-ce qui a incité un acteur adulé de millions de jeunes femmes à dire oui à un projet le plongeant dans un univers si différent de Twilight?

« Cronenberg », indique l’acteur dans une entrevue publiée dans le dossier de presse du film.

« Je n’ai pas joué dans tellement de films et certaineme­nt dans aucun qui ressemble à ce que j’espérais en travaillan­t avec lui. Je n’ai pas été déçu. Je savais qu’il serait extrêmemen­t inventif et que ce serait une véritable expérience. J’ai été attiré par l’écriture du scénario, qui ne ressemblai­t à rien de ce que j’avais eu l’oc- casion de lire, qui était plutôt comme une sorte de long poème. »

À LA PLACE DE FARRELL

Robert Pattinson n’était cependant pas le premier choix de Cronenberg pour camper Eric Packer. Le réalisateu­r avait plutôt en tête de confier le rôle à Colin Farrell, mais un conflit d’horaire a forcé Cronenberg à revoir ses plans.

« J’ai changé en rajeunissa­nt l’acteur principal, ce qui est plus conforme au livre. Quant à Robert, ce qu’il a fait dans Twilight est intéressan­t même si bien sûr cela relève d’un cadre particulie­r. J’ai aussi regardé Little Ashes et Remember Me et j’ai été convaincu qu’il pouvait être Eric Packer. C’est un rôle écrasant, il est tout le temps à l’image, je ne crois pas avoir jamais fait un film où le même acteur occupe littéralem­ent chaque scène. Le choix d’un acteur, c’est affaire d’intuition, il n’y a pas de règles ni de mode d’emploi », dit le cinéaste.

À Cannes, Robert Pattinson a raconté que Cronenberg avait dû le rassurer quand il a connu un épisode d’angoisse avant le tournage.

« J’ai passé quinze jours dans ma chambre d’hôtel à me faire du souci. Je ne savais plus où j’en étais. Juste avant de démarrer le tournage, j’ai appelé David. Pourrait-on parler brièvement du film, lui ai-je demandé. Je suis allé chez lui. Il a dit : c’est pas important, il faut commencer le tournage et on verra ce qui se passe. »

AUCUN LIEN AVEC TWILIGHT

La tentation est grande de faire un lien avec Twilight en comparant le personnage d’Eric Packer à une sorte de vampire de la finance, une remarque qui fait bondir David Cronenberg. « Un acteur ne peut jouer un concept abstrait. On ne peut pas dire à un acteur qu’il est le symbole du capitalism­e. C’est un vrai personnage avec son passé, son histoire. Il s’agit de Cosmopolis, pas de Twilight. »

L’acteur a indiqué qu’il était impossible de se préparer à jouer Eric Packer comme on le fait « pour un personnage habituel ». Comme le lui a demandé le réalisateu­r, il a respecté à la lettre ses lignes de dialogues sans en changer une seule virgule. « En général, quand on fait un film, on peut gommer le dialogue, improviser. Mais je ne voulais rien changer, pas un mot. Même la ponctuatio­n est quelque chose que j’ai souhaité respecter. Ainsi, tout est devenu facile, c’est comme si on chantait une chanson au lieu de faire un film. »

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