Le Journal de Quebec - Weekend
Thriller original inspiré d’alien
SAN DIEGO | Si on veut être certain de gâcher un film, il suffit d’en faire un antépisode. De cette façon, tout le monde saura ce qui se passera ensuite. Anakin Skywalker ( Star Wars) deviendra un monstre masqué au souffle mécanisé. Le père Merrin ( L’Exorciste) survivra pour se faire vomir dessus par un démon, un de ces jours. Pas vraiment une formule à suspense (ou à succès).
« Une des faiblesses évidentes d’un antépisode, quand ce n’est pas bien fait, c’est que l’auditoire connaît déjà le dénouement, puisqu’il a vu la suite − le film original », a admis Damon Lindelof, le scénariste responsable du film Prometheus, de Ridley Scott. Si le nouveau film revient effectivement dans l’univers de ce classique de la science-fiction, dans lequel une créature au sang acide terrorise et décime un équipage d’ouvriers de l’espace, il a toujours été annoncé comme un thriller original, ce qui explique pourquoi il n’y a pas de mention d’Alien dans le titre.
Ça n’a pas toujours été le cas. Dans une ébauche que Lindelof a lue avant de se joindre au projet, le film « avait un tas d’idées géniales, mais c’était décidément un antépisode à Alien, et Ridley souhaitait orienter son nouveau film vers un territoire original. »
ORIGINES DE L’HUMANITÉ
Scott, a expliqué le scénariste, souhaitait explorer « de plus grandes thématiques », plutôt que de se contenter de ressusciter l’extraterrestre, conçu par H.R. Giger, de son premier succès à Hollywood. Un de ces thèmes épiques? Les origines de l’Humanité, alors que Charlize Theron, Noomi Rapace, Michael Fassbender et Idris Elba sont des explorateurs partis vers une planète très éloignée pour contacter ses habitants, après la découverte, sur Terre, de preuves d’une visite extraterrestre, dans le passé. Au-delà de ce bref synopsis, le reste du scénario est demeuré sous scellés.
« Nous voulons stimuler une interaction amusante. Une grande partie de l’intérêt populaire envers Prometheus provient du mystère qui entoure son histoire », a dit Lindelof, un habitué en la matière, puisqu’il a cocréé l’énigmatique série télévisée Perdus. « Une partie du jeu réside dans le secret qui entoure le projet. »
À LA SAUCE PERDUS?
« Je semble graviter vers des projets où règne un grand secret. Je sais que l’émission Perdus a été très critiquée pour avoir été trop labyrinthique. »
Une fois Lindelof à bord, d’autres révisions de scénario ont accommodé la présence de Theron, dans le rôle de la chef d’entreprise qui finance la mission au destin funeste.
« Lorsque Ridley a mentionné la possibilité d’avoir Charlize, le personnage qui lui était destiné était bon, mais sans relief, a dit Lindelof. Je me suis dit qu’on ne pouvait donner ce petit rôle ingrat à une grande vedette, gagnante d’un oscar. Que nous avions du pain sur la planche, si nous voulions la séduire. »
Theron n’avait pas réellement besoin d’être convaincue. D’une part, des délais dans ce qui devait être son prochain projet − la très attendue suite de Mad Max, Fury Road − avaient ouvert un bel espace dans son agenda.
« Quand le tournage de Mad Max a été repoussé, Scott m’a contactée, relate-t-elle. « Il y avait tant de secrets autour de l’affaire, du genre : “Lisez ceci et son contenu s'autodétruira dans 30 minutes.” Mais tout acteur rêve de travailler avec un réalisateur en particulier et pour moi, c’était Ridley. »
Après tout, que serait un nouveau film inspiré d’Alien sans un solide protagoniste féminin? Tant Theron que Rapace sont des figures centrales de la promotion, ce qui laisse songer que l’une ou l’autre pourrait reprendre le flambeau de la Ripley de Sigourney Weaver.
« Ripley est l’archétype, n’estce pas?, dit Theron. Je crois que Ridley a été le premier à explorer pleinement ce genre et des thèmes que seuls des hommes avaient eu le droit d’explorer, au cinéma. Il aime ce type de femme. »