Le Journal de Quebec - Weekend

Thriller original inspiré d’alien

- Kevin Williamson Agence QMI

SAN DIEGO | Si on veut être certain de gâcher un film, il suffit d’en faire un antépisode. De cette façon, tout le monde saura ce qui se passera ensuite. Anakin Skywalker ( Star Wars) deviendra un monstre masqué au souffle mécanisé. Le père Merrin ( L’Exorciste) survivra pour se faire vomir dessus par un démon, un de ces jours. Pas vraiment une formule à suspense (ou à succès).

« Une des faiblesses évidentes d’un antépisode, quand ce n’est pas bien fait, c’est que l’auditoire connaît déjà le dénouement, puisqu’il a vu la suite − le film original », a admis Damon Lindelof, le scénariste responsabl­e du film Prometheus, de Ridley Scott. Si le nouveau film revient effectivem­ent dans l’univers de ce classique de la science-fiction, dans lequel une créature au sang acide terrorise et décime un équipage d’ouvriers de l’espace, il a toujours été annoncé comme un thriller original, ce qui explique pourquoi il n’y a pas de mention d’Alien dans le titre.

Ça n’a pas toujours été le cas. Dans une ébauche que Lindelof a lue avant de se joindre au projet, le film « avait un tas d’idées géniales, mais c’était décidément un antépisode à Alien, et Ridley souhaitait orienter son nouveau film vers un territoire original. »

ORIGINES DE L’HUMANITÉ

Scott, a expliqué le scénariste, souhaitait explorer « de plus grandes thématique­s », plutôt que de se contenter de ressuscite­r l’extraterre­stre, conçu par H.R. Giger, de son premier succès à Hollywood. Un de ces thèmes épiques? Les origines de l’Humanité, alors que Charlize Theron, Noomi Rapace, Michael Fassbender et Idris Elba sont des explorateu­rs partis vers une planète très éloignée pour contacter ses habitants, après la découverte, sur Terre, de preuves d’une visite extraterre­stre, dans le passé. Au-delà de ce bref synopsis, le reste du scénario est demeuré sous scellés.

« Nous voulons stimuler une interactio­n amusante. Une grande partie de l’intérêt populaire envers Prometheus provient du mystère qui entoure son histoire », a dit Lindelof, un habitué en la matière, puisqu’il a cocréé l’énigmatiqu­e série télévisée Perdus. « Une partie du jeu réside dans le secret qui entoure le projet. »

À LA SAUCE PERDUS?

« Je semble graviter vers des projets où règne un grand secret. Je sais que l’émission Perdus a été très critiquée pour avoir été trop labyrinthi­que. »

Une fois Lindelof à bord, d’autres révisions de scénario ont accommodé la présence de Theron, dans le rôle de la chef d’entreprise qui finance la mission au destin funeste.

« Lorsque Ridley a mentionné la possibilit­é d’avoir Charlize, le personnage qui lui était destiné était bon, mais sans relief, a dit Lindelof. Je me suis dit qu’on ne pouvait donner ce petit rôle ingrat à une grande vedette, gagnante d’un oscar. Que nous avions du pain sur la planche, si nous voulions la séduire. »

Theron n’avait pas réellement besoin d’être convaincue. D’une part, des délais dans ce qui devait être son prochain projet − la très attendue suite de Mad Max, Fury Road − avaient ouvert un bel espace dans son agenda.

« Quand le tournage de Mad Max a été repoussé, Scott m’a contactée, relate-t-elle. « Il y avait tant de secrets autour de l’affaire, du genre : “Lisez ceci et son contenu s'autodétrui­ra dans 30 minutes.” Mais tout acteur rêve de travailler avec un réalisateu­r en particulie­r et pour moi, c’était Ridley. »

Après tout, que serait un nouveau film inspiré d’Alien sans un solide protagonis­te féminin? Tant Theron que Rapace sont des figures centrales de la promotion, ce qui laisse songer que l’une ou l’autre pourrait reprendre le flambeau de la Ripley de Sigourney Weaver.

« Ripley est l’archétype, n’estce pas?, dit Theron. Je crois que Ridley a été le premier à explorer pleinement ce genre et des thèmes que seuls des hommes avaient eu le droit d’explorer, au cinéma. Il aime ce type de femme. »

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