Le Journal de Quebec - Weekend
DÉNICHER LE CANDIDAT IDÉAL
À Canal vie, la programmation pullule d’émissions de service vous mettant en vedette. Chez V, les 5 à 7 n’ont jamais été si populaires et vous en êtes responsables puisque vous y participez. À TVA, Le Banquier, Star Académie, Occupation Double ou On conna
Actuellement, la télévision est en grande campagne de séduction. La téléréalité, dont on annonçait la mort il y a quelque temps, est bien vivante et les concepts sont de meilleure qualité qu’à ses débuts, les quiz ont toujours eu la cote et l’accès aux professionnels est devenu si difficile et coûteux qu’il est quasiment plus simple, dans certains cas, d’obtenir une consultation en ondes que dans un cabinet. On vous sollicite beaucoup et malgré notre petit bassin, vous êtes nombreux à répondre présent.
« Depuis quelques années, étant donné notre climat économique, les chaînes généralistes traditionnelles peuvent de moins en moins investir dans des séries lourdes, constate David Béland, directeur de Deepblue, unité de recher checonseil stratégique médias et consommateurs. On se rabat sur des concepts moins chers. Produire des émissions avec du public s’inscrit dans cette lignée. Et au Québec, on aime pouvoir se projeter dans nos pairs. »
RENDRE SERVICE
Les émissions qui font appel aux messieurs-mesdames Tout le monde permettent aussi aux chaînes de se rapprocher de leur public. « Les auditions permettent à Canal vie de rencontrer ses téléspectateurs, note Céline Gosselin, productrice chez Zone 3. C’est très précieux. » Céline chapeaute actuellement huit séries pour lesquelles elle fait appel au recrutement. « Je suis en recrutement à l’année ! »
Pour elle, le lien de confiance entre la production et le participant est primordial. « Pour Des idées de grandeurs, les gens investissent dans un projet avec nous. Avec Décore ta vie, j’ai toujours ma boîte de mouchoirs lors des auditions. Les gens se livrent, transmettent avec émotion la candidature d’un proche. Ils ont une réelle intention de changer la vie de quelqu’un qu’ils aiment. C’est souvent très touchant. Même s’ils ne sont pas choisis, je les encourage toujours à faire part de leur démarche. C’est très positif. »
Pour veiller sur les candidats, la productrice s’entoure d’équipes spécialisées. « Pour Décore ta vie, j’ai une recherchiste qui a une formation en psychologie. Pour l’Académie Airoldi, je suis allée chercher une rédactrice en chef mode. »
Ces émissions permettent ainsi de combler un réel besoin.
TROUVER L’ÂME SOEUR
Guillaume L’Espérance produit pour une seconde année Opération séduction. « On reçoit de super belles candidatures. Le bassin de célibataires se renouvelle sans cesse. Et cette année, on va miser encore plus sur l’amour et le romantisme. Les gens aiment les histoires qui se terminent bien, on va donc se fier encore plus aux critères soumis par les candidats pour leur trouver des partenaires. »
« On va miser aussi sur des thématiques, poursuit-il. La semaine gaie, la saison dernière, a connu beaucoup de succès, on va la refaire cette saison. On cherche aussi des hommes de 35 ans et plus, moins nombreux à s’inscrire. Il y a pourtant beaucoup de demandes. Et certains couples fonctionnent. Beaucoup nous écrivent. Récemment, un candidat nous a envoyé une carte postale, la rencontre qu’on a provoquée lui a été favorable. »
Du côté d’Occupation Double, la recherche de l’amour reste aussi au coeur des auditions. « C’est la base, affirme JeanMartin Bisson, qui en est le producteur au contenu. Mais je dirais aussi qu’on cherche des candidats prêts à tout, ils doivent croire en l’environnement qu’on leur propose, avoir envie d’interagir avec les autres et nous faire confiance. Ce que le public veut d’abord, c’est se faire raconter une bonne histoire. En ce sens, comme on ne fausse jamais rien au montage, les candidats doivent avoir envie de se livrer, de transmettre leurs sentiments. On ne fait plus de la téléréalité comme avant, très exhibitionniste, avec des participants qu’on voyait s’épiler. On les fait voyager, on les voit évoluer. »
Le phénomène ne dérougit pas. La fin de semaine dernière, plus de 300 candidats ont défilé en audition. « La qualité des gens qui se présentent augmente sans cesse. Ça devient de plus en plus difficile de faire des choix. »
PARTAGER SES TALENTS
« La téléréalité a évolué, observe David Béland, directeur de Deepblue. Avant, on était beaucoup plus sur les états d’âme. On observait des gens qui ne faisaient pas grand-chose. Depuis quelques années, les producteurs misent sur des ingrédients rassembleurs. Avant, certains levaient le nez sur Star Académie. Aujourd’hui tout le monde reconnaît la qualité de l’entreprise. Même chose pour Les Chefs qui met le focus sur le talent et la technique en cuisine. En axant plus sur les talents d’une sphère précise, on présente les candidats sous leur meilleur jour. »
« Ça me surprend toujours de voir le nombre de talents qu’on a chez nous, note Éric Belley, producteur de On connaît la
chanson à TVA, qui recrute présentement des gens qui chantent juste. Je suis aussi impressionné de voir les gens se déplacer de Trois-Rivières, de la Gaspésie, de Chicoutimi pour nous rencontrer quelques minutes. C’est extraordinaire, parce qu’on veut des talents de partout, des gens de bonne humeur, prêts à faire le party, à nous donner un show et à partager avec nous leur histoire. »
« Les gens veulent faire de la télé, ajoute-t-il. Et au Québec, on aime la chanson. Mais on n’aime pas voir les gens perdre. On s’attache aux candidats, contrairement à d’autres pays où les participants sont facilement jetables. Chez nous, on veut les voir se rendre le plus loin possible, on bâtit notre show autour de leur personnalité. »
La cuisine est également un dada des Québécois. Un souper presque parfait s’inscrit dans cette vague. D’ailleurs, plusieurs semaines thématiques (camping, famille, pompiers) sont au menu. « Je ne goûte pas à leur bouffe, mais les cas où les candidats ne savaient pas cuisiner sont isolés, avoue Guillaume L’Espérance, qui produit l’émission. Les candidats prennent l’expérience très au sérieux. On passe quand même une semaine dans leur vie, c’est assez prenant. Il y a aussi un sentiment de fierté. »
« C’est pas vrai que la chicane fait de la bonne télé, poursuit-il. Avec Un souper
presque parfait, on constate que les semaines qui fonctionnent le mieux sont celles où les candidats sont devenus amis pour vrai. Le public a été témoin de quelque chose. En plus, on est un vrai miroir de la société. Sur 280 candidats vus à la télé, seuls 3 ou 4 sont déçus, 10% ne le referait pas et le reste s’organise encore des 5 à 7 et des partys. »
NOTION DE PLAISIR
« Party » est également un mot qui revient dans la bouche des recherchistes de
La guerre des clans. « Il faut voir nos soi-
, rées d’auditions, raconte Chantal Rousseau, l’ambiance est toujours à la fête. On les présente, on les fait jouer, on blague pour voir un peu leur sens de la répartie. Ils partent toujours heureux, même s’ils ne savent pas s’ils sont choisis. Les gens sont game, descendent en famille de Sept-Îles, de l’Abitibi. C’est un moment qui reste marquant pour leur famille. »
« Ils ne viennent pas pour l’argent, renchérit Nicola Morel. Tu n’en gagnes pas beaucoup. C’est purement pour le plaisir de faire quelque chose en famille. Et la 2e génération de la Guerre des clans a amené un lot de participants plus jeunes et des gens de toutes sortes de cultures. » « Les Haïtiens sont tellement vifs et spontanés. Ils font toujours de bonnes émissions », ajoute Chantal.
« La participation aux quiz est historique, relate David Béland. Ça ne date pas d’hier. Avec la multiplication des chaînes et des médias, il est normal que les concepts se multiplient aussi. »
C’est aussi la notion de plaisir que recherche Marie-Christine Pouliot, productrice de la nouvelle émission de V Les Tou
ristes. « Nous sommes à la recherche des meilleurs voyageurs du Québec. Il faut seulement avoir le goût de l’aventure et former un duo original avec une personne qu’on apprécie. C’est une émission très positive. »