Le Journal de Quebec - Weekend
CHARLEBOIS SE PRONONCE
L’ANGLICISATION DES GROUPES FRANÇAIS
« Pour moi une chanson, si elle est géniale, elle peut être en portugais ou en anglais, je m’en fous. Mais il y a beaucoup de groupes français qui chantent en anglais et je me demande pourquoi. Je ne trouve pas que c’est du bel anglais, il n’y a pas de feeling et c’est fait par du monde qui ne savait pas le parler. Ces gens-là seraient incapables de demander leur chemin dans le métro de New York ou de trouver leur hôtel à Chicago et ils chantent avec l’accent de Ray Charles. Je me demande où est la vérité là-dedans. »
L’AVENIR DU FRANÇAIS
« L’anglais va être la langue de l’Europe. Il ne faut pas se conter d’histoire, la bataille est perdue complètement. Que j’aille en Sicile ou au Portugal, pour communiquer avec les gens, c’est l’anglais. Les jeunes s’en vont tous vers l’anglais. Au Québec, pour l’instant, on résiste. Mais si la flamme s’éteint en France, ça va être difficile au Québec de résister. »
LA CRISE SOCIALE AU QUÉBEC
« Moi si j’avais 20 ans, c’est sûr que je serais là avec ma casserole. Conception all the way ! Taktak-tak-tak ! Ça me fait plaisir de voir que les jeunes retrouvent leur conscience de citoyens. Parce qu’eux, ils avaient entendu parler de mai 1968 par leurs oncles, la Révolution tranquille ce n’était pas eux autres, la révolution psychédélique non plus. Là, ils se sont trouvé une cause vraiment fantastique qui est l’éducation. La seule façon de s’en sortir pour n’importe quel peuple au monde est l’éducation. C’est quelque chose d’extrêmement important, de lourd, grave et capital. Que tout le monde ait la chance égale d’avoir accès à l’éducation, c’est fondamental. »
LA POLITIQUE
« J’ai toujours refusé de toucher à ça, sauf avec humour à l’époque du Parti rhinocéros, quand j’avais 25 ans. Aujourd’hui, ce serait tri- ste que je touche à ça. Personne n’y comprend rien, c’est un métier qui n’a aucun sens. Il faudrait que ce soient des ordinateurs qui mènent avec un ministère de l’imagination en dessous. Aujourd’hui, les gens ne croient plus à rien, sauf à leur esti d’ordinateur ! Donc, mettez-en un au pouvoir et l’affaire va être réglée. »
L’ÉCRITURE DE SON AUTOBIOGRAPHIE
« Un jour, j’écrirai un livre parce que j’ai connu trop de monde passionnant, des Zappa, Sergio Leone, Janis, il faut bien que je raconte ça un jour. Ça va s’appeler
My Life with the Grateful Dead. J’aimerais que ce soit un peu comme ce que Dylan fait avec ses chroniques. C’est magnifiquement bien écrit. Ça vaut la peine de chanter aussi mal pour écrire aussi bien ! »
LE PIRATAGE
« Les jeunes de 10 ans aujourd’hui n’achèteront jamais un disque. C’est comme si on partait avec les fourchettes quand on va au restaurant. Les cinémas sont en train de se faire faire la même chose. Donc l’avenir, c’est d’être un pirate ! »
LA RETRAITE
« La retraite, c’est le mot qui me fait le moins rêver au monde. J’aime bien jouer au golf ou aller à la pêche, mais pas tous les jours. Je disais à Aznavour que contrairement aux mineurs, qui ne peuvent plus forcer à bout de bras à 60 ans, notre métier était moins pénible à notre âge. Il a répondu : « Oui, mais les gens oublient qu’on passe aussi notre temps à rencontrer des gens pénibles. Ha ha ! »