Le Journal de Quebec - Weekend

Une télé marquante

Télévision québécoise Depuis la création de la télévision au Québec en 1952, nous avons vu défiler une galerie de personnage­s qui nous ont marqués, nous confortant dans nos comporteme­nts ou nous confrontan­t face à certains thèmes avant-gardistes. Nous avo

- Emmanuelle Plante Collaborat­ion spéciale

LES ANNÉES 50

Nos premières années de télévision sont marquées par l’adaptation de roman à succès. Roger Lemelin, Germaine Guèvremont, Claude-Henri Grignon ou Marcel Dubé n’en sont que quelques exemples. « Le Québec est le seul endroit au monde qui appelle ses séries “téléromans”, remarque Pierre Barrette, professeur à l’École des médias. En France, on dit “feuilleton”, aux ÉtatsUnis, les “séries” ou “serial” se rapprochen­t plus du cinéma. Preuve que notre télé était très proche du littéraire et des écrivains. »

Ainsi, La famille Plouffe, chronique familiale du Montréal ouvrier d’aprèsguerr­e qui connaît déjà un vif succès à la radio de Radio-Canada, se voit transporte­r au petit écran en 1953. Amanda Alarie devient le symbole de la mère québécoise dans ce qui est notre premier téléroman. L’année suivante, Germaine Guèvremont donne une voix et une image à son Survenant grâce au jeu d’un jeune acteur, Jean Coutu. Cette étude de moeurs dans un milieu rural lors de l’arrivée d’un « étrange » marque notre univers collectif.

Puis, deux ans plus tard, Jean-Pierre Masson endosse un rôle mythique dans

Les belles histoires des Pays d’en haut,

Séraphin Poudrier. Ce maire avare et mesquin d’un petit village des Laurentide­s fait subir une vie de misère à la douce Donalda qui s’attire rapidement la sympathie du public.

LES ANNÉES 60

La décennie suivante voit poindre des histoires familiales. « Notre fibre identitair­e se retrouve beaucoup au petit écran, note Pierre Barrette. On écrit des téléromans qui ressemblen­t aux gens qui les regardent. Chaque famille est un microcosme du Québec avec son enfant terrible, le sage, la mère très présente, le père plus effacé. Un esprit que Roger Lemelin a très vite saisit avec Les Plouffe. »

En 1966, Rue des Pignons s’inscrit dans cette vague. Pendant plus de 10 ans, cette chronique relatant le quotidien d’une famille prolétaire et de leur entourage nous a permis de découvrir de nombreux acteurs. Quelques années plus tard, Janette Bertrand et Jean Lajeunesse nous proposent Quelle fa

mille. Fait intéressan­t, leur famille est constituée des vrais membres de la leur donc fortement teintée de leurs propres expérience­s. Le public s’y reconnaît rapidement et aime cette proximité.

Par la suite, l’influence de la comédie à l’américaine se fait sentir. Tout comme la popularité d’artistes de cabaret que l’on voit de plus en plus à la télé.

Moi et l’autre, comédie de situation mettant en vedette Dominique Michel et Denise Filiatraul­t, en est un bon exemple. Suivront plus tard Chez Deni

se et Dominique dans la même veine de comédie de situation.

LES ANNÉES 70

Télé-Métropole, mieux reconnue pour ses émissions de services et de variétés emboîte le pas et confirme à son tour des téléromans très populaires. Ainsi,

Les Berger, une saga familiale qui se déroule dans un quartier populaire de Montréal, occupera toute la décennie.

Le clan Beaulieu suivra. Dans les mêmes années, Gilles Latulippe et Fernand Gignac assurent de succès de la comédie Symphorien puis des Brillant. Du côté de Radio-Canada, Du

tac au tac se démarque aussi dans le genre. Mario Duquette, et ses habits bruns carreautés, qu’interprète Michel Forget, devient un personnage culte de cette comédie en milieu de bureau. Puis, Guy Fournier donne la parole avec humour au couple avec Jamais deux sans toi dont la première mouture date de 1977.

LES ANNÉES 80

« Ces années sont marquées par plusieurs tendances, affirme Pierre Barrette, professeur à l’École des médias. On sent une vague “auteuriste” revenir

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LES FILLES DE CALEB

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