Le Journal de Quebec - Weekend

Un style qui reflète le monde d’aujourd’hui

Née à Québec en 1939, MarieClair­e Blais est une militante convaincue pour la Francophon­ie. Ses livres ont été traduits dans plusieurs langues et publiés au Canada anglais, aux États-unis, en Angleterre, en Espagne, en Allemagne, en Italie, au Danemark, en

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Marie-Claire Blais, quand on l’interroge sur son style littéraire, caractéris­é par de longues phrases très denses, qui font plusieurs pages, ne peut l’expliquer, mais indique qu’il est très lié au rythme de notre vie d’aujourd’hui, marqué par la globalité, la vitesse, l’instantané­ité. « Je pense qu’une fois qu’on rentre dedans, ça va. »

L’écrivaine rappelle qu’on reçoit toutes les informatio­ns en même temps, partout, et que notre esprit travaille beaucoup et très vite. « Nous pensons très vite aussi et ça suit les élans des conscience­s qui écoutent, qui regardent. Ça suit un rythme qui est celui de la pensée rapide, enveloppan­te, mais qui ne fait pas qu’envelopper son propre monde. C’est une pensée qui va d’un être à un autre, à travers les différence­s, les méandres de la société. Toutes les différence­s, en fait.

« C’est un style qui suit la mobilité, la fièvre de vivre qu’on a aujourd’hui où on veut tout savoir en même temps, on veut tout vivre en même temps. Et on a tous les moyens de le faire. La pensée va partout, mais il est rare qu’elle s’achemine vers l’aide des autres, par exemple. C’est plutôt un cheminemen­t très personnel. »

LE PLUS DIFFICILE

Est-ce exigeant d’écrire de cette façon? « Lejeune homme sans avenir est le sixième livre d’une série, Soifs, et Soifs était peut-être le plus difficile parce que c’était le premier sur le monde moderne, nos préoccupat­ions, nos tragédies. Et comme je suis dans le sixième livre de la série, évidemment, le style devient tout à fait naturel. C’était au début que c’était difficile. Pas tellement de faire des longues phrases − c’est pas ça qui est difficile − mais que tout soit très clair. »

Ce style spontané obéit néanmoins à une trame et tout se tient, d’une manière exceptionn­elle. « C’est déjà dans le même ton que dans les autres livres que j’ai écrits dans cette série, c’est- à- dire un rythme rapide, une grande phrase leste, contenant beaucoup de monde, beaucoup d’action, beaucoup de pensées différente­s. Évidemment, ce qui est très difficile, c’est de suivre chaque être, chaque personnage, qui est très différent de l’autre. Ils ont une individual­ité très forte et c’est de souligner cette individual­ité qui est la difficulté de l’écrivain. »

UNE SUITE

La période d’écriture, étirée sur plusieurs mois, fut de son propre aveu assez monastique et solitaire. « Je travaille pendant plusieurs mois et après, je vois l’évolution des personnage­s. Mais ça vient d’un travail antérieur, bien sûr. Je ne me mets au travail que lorsque c’est prêt à être écrit. Il faut d’abord observer, comprendre et assimiler tout ça. »

Marie-Claire Blais rappelle que le parcours des personnage­s n’est pas encore fini, puisqu’on les retrouvera dans la suite. Elle en a déjà commencé l’écriture, qu’elle entend livrer dans un an ou un an et demi. « Je suis dans le chaos qui est le début. Le lent travail s’annonce. »

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