Le Journal de Quebec - Weekend

JUSQU'AUX ÎLES DE LA MADELEINE

- Sarah Bergeron-ouellet Agence QMI

Il est robuste, il a du charme, il passe ses étés entre Montréal et Capaux-Meules, et il fait résonner un bel accent qui vient directemen­t du golfe Saint-Laurent. Voici le Vacancier, un navire madelinot qui propose, depuis maintenant 10 ans, des croisières d’une semaine de la métropole jusqu’aux îles de la Madeleine.

« Avancez votre montre d’une heure, s.v.p. » Au comptoir de la réception, chaque passager reçoit la même instructio­n en prenant la clé de sa cabine. Pour les jours à venir, que l’on navigue sous le pont Laviolette ou devant les éoliennes de Cap-Chat, on fonctionne à l’heure des Îles, c’est-à-dire celle des Maritimes. Comme chaque vendredi entre le début juin et la mi-septembre, le Vacan

cier quitte le port de Montréal en fin de journée, laissant derrière lui Habitat 67, la nouvelle plage de l’Horloge, l’île Sainte-Hélène et l’imposant pont JacquesCar­tier.

La croisière proposée dure huit jours (et sept nuits) et comprend près de trois jours d’escale aux îles de la Madeleine, de même que des arrêts d’une demijourné­e en Gaspésie et dans le VieuxQuébe­c sur le chemin du retour. Le navire – propriété de la compagnie madelinien­ne CTMA – accoste au port de Montréal le vendredi suivant, en faisant débarquer au coeur du béton des passagers généraleme­nt beaucoup plus détendus qu’à l’aller, qui se saluent entre eux et qui échangent de chaleureus­es poignées de main avec les membres de l’équipage.

LA COULEUR DES ÎLES

C’est qu’avec un personnel presque totalement madelinot et un accueil aux couleurs de l’archipel, le Vacancier propose davantage qu’un moyen de transport. « Oui, on transporte les gens, mais on les prépare aussi au choc culturel qu’ils vont vivre aux Îles, explique Ariane Bérubé, responsabl­e de l’animation et des excursions. On a pour mission de plonger les gens dans ce qui les attend », précise-t-elle, en désignant le navire comme un véritable « ambassadeu­r ».

Le premier souper du voyage donne le ton. Dans l’assiette, un savoureux homard des îles de la Madeleine servi par un personnel galant qui distribue les sourires et répond aux questions des croisiéris­tes. Saison du homard ou pas, le menu du

Vacancier propose en tout temps une cuisine authentiqu­e et des saveurs locales. Des exemples ? La « brochette de Ben à Ben » du Fumoir d’Antan (un fumoir à hareng à visiter à Havre-auxMaisons), le poulet à la sauce au fromage Pied-de-Vent (de la fromagerie madelienne du même nom) ou encore le carré de porc à la sauce à l’Écume (une bière locale de la microbrass­erie À l’abri de la tempête).

L’animation aussi est aux saveurs des Îles. Il y a toujours un groupe de musi- que invité – tel le réputé Suroît, qui a ouvert la saison avec une générosité épatante – et un musicien pour égayer les soirées. Les quelque 450 passagers ont aussi droit à des leçons de danse, des séances d’interpréta­tion sur les ponts et des conférence­s et ateliers portant sur l’archipel.

DE LA CABINE AU PONT

Quant au navire lui-même, il a l’habitude de mener ses protégés à bon port. Construit en 1973 en Allemagne, il a commencé sa carrière en Europe avant d’être acheté par CTMA en 2002. Le bateau compte huit ponts, deux restaurant­s, deux salons-bars, une salle de jeux pour les enfants, une petite salle d’entraîneme­nt et un salon de coiffure. Il offre un total de 220 cabines bien nettes, qui ne rivalisent toutefois pas avec celles qu’on trouve à bord des géants des mers qui voguent dans les Caraïbes, par exemple.

Ici, les cabines – avec ou sans hublot – font au maximum 7 pi par 12 pi (soit environ 2,1 m x 3,6 m). Certaines ont des salles de bains partagées, d’autres des salles de bains privées; certaines ont des lits doubles (48 po), d’autres des lits superposés pouvant accueillir quatre personnes. « On aime dire que ça fait partie de l’expérience », dit Ariane Bérubé en parlant de la simplicité des cabines.

« La différence, ici, par rapport aux bateaux de 3 000, 4 000 personnes, c’est l’accueil chaleureux », commente quant à lui le commissair­e de bord, Mathieu Miousse, dont le rôle se compare à celui d’un directeur d’hôtel. « C’est ça que les gens apprécient, affirme-t-il. C’est secondaire, les cabines. »

LE QUÉBEC AUTREMENT

Il faut admettre qu’il n’y a pas de raison de rester sur sa couchette quand le fleuve lui-même donne un spectacle en continu. Car le voyage jusqu’aux îles de la Madeleine n’a rien d’un petit détour : il faut parcourir pas moins de 687 miles marins pour s’y rendre à partir de Montréal, soit 1 270 km en aller simple.

Vu de l’eau, le Québec montre un visage complèteme­nt nouveau. Le fleuve s’élargit et se métamorpho­se tout au long du voyage.

Il nous fait passer sous les ponts de Montréal, Trois-Rivières et Québec, nous montre les côtes de l’île d’Orléans, longe les flancs de Charlevoix et s’agite autour du rocher Percé. Les bélugas se pointent en face de Tadoussac, les rorquals surgissent autour de la péninsule gaspésienn­e, alors que la nuit, quand le ciel est dégagé, c’est toute une voûte d’étoiles qui accompagne le ronronneme­nt du Vacancier dans sa longue traversée.

Le mardi matin lorsque le fameux archipel madelinot se dessine en plein golfe, les passagers sont nombreux sur les ponts pour jeter un premier coup d’oeil aux buttes sans arbres, aux dunes, aux falaises rouges et aux maisons colorées qui tiennent tête au vent.

LES ÎLES À LA CARTE

Une fois au port de Cap-aux-Meules, les croisiéris­tes ont le choix de prendre part à un tour guidé en autobus ou en minibus pour découvrir les six principale­s îles de l’archipel, tout en regagnant leur cabine pour la nuit. CTMA propose aussi quatre forfaits sur mesure selon les thématique­s suivantes : gastronomi­e, aventure, culture et vélo.

L’autre option est de louer une voiture et de partir en solo. On peut aller prendre une petite gorgée de « bagosse des Îles » chez Le Barbocheux, regarder les souffleurs de verre de La Méduse et poursuivre sa virée chez les artisans. On peut partir en kayak le long des falaises, rouler à vélo sur la Route Verte, se payer une séance de voile au parc de Gros-Cap ou faire une promenade sur l’une des interminab­les plages du coin. On peut même passer son temps à déguster du homard, du crabe ou du loup de mer ! Peu importe, le choix ne manque pas pour occuper deux journées et demie.

Et quand le Vacancier quitte les Îles à 20 h, il faut traîner un peu sur les ponts : qui sait, on pourrait tomber sur un de ces soirs où le coucher de soleil se transforme en un grand brasier rose et or…

BOUCLER LA BOUCLE

Quant au chemin du retour, il permet aux voyageurs qui le souhaitent de prendre part à une excursion à bord d’un petit bateau gaspésien autour du rocher Percé et de l’île Bonaventur­e pour voir les célèbres fous de Bassan. Le lundi après-midi, le bateau fait plutôt escale dans le port de Québec. Les passagers partent explorer à leur rythme le Petit Champlain, la terrasse Dufferin et les galeries et boutiques du Vieux-Québec, avant de monter une dernière fois à bord.

Au petit matin du septième jour, le navire accoste au port de Montréal. Alors seulement, on peut remettre sa montre à l’heure « du continent », bien que la tentation soit forte de passer l’été à l’heure des Îles et de son Vacancier...

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