Le Journal de Quebec - Weekend

LE QUÉBEC DE JEAN-PIERRE FERLAND

- Marc-andré Lemieux Agence QMI

Jean-Pierre Ferland compare le Québec d’aujourd’hui à « une jeune pousse qui n’a pas aoûté ». Autrement dit, un arbre vulnérable aux intempérie­s en raison d’une écorce qui ne s’est pas suffisamme­nt endurcie.

Voilà une image empreinte de poésie pour une société qui en manque crûment, selon lui. « On vit dans un pays où on peut dire ce qu’on veut, mais on dit n’importe quoi. Ça manque parfois de raffinemen­t. Entre la déterminat­ion et la grossièret­é, il n’y a qu’un pas… »

En entrevue au Journal pour discuter de sa participat­ion à la Fête nationale au parc Maisonneuv­e, Jean-Pierre Ferland pèse ses mots, conscient de l’importance que chacun d’eux revêt en cette période de crise. « Je veux exposer le fond de mon coeur ».

L’auteur-compositeu­r-interprète de 77 ans ressent une certaine tristesse en raison de l’incessant « bras de fer entre les étudiants et le gouverneme­nt ».

« C’est dommage qu’on soit en chicane les uns contre les autres à l’approche du 24 juin, dit-il. On a frôlé la guerre civile. C’est très inquiétant. Les gens n’ont pas envie de crier : « Swing la baquaise dans l’fond d’la boîte à bois! » Ils ont envie de crier après les étudiants et le gouverneme­nt. On n’a pas le coeur à la fête… Mais on va se forcer! »

« Au Québec, les gens ont du caractère. On paye pour », ironise-t-il.

INCOMPRÉHE­NSION

Jean-Pierre Ferland ne feint pas son chagrin. Loin de là. Dans sa voix, on perçoit un mélange d’incompréhe­nsion et d’impuissanc­e. Le chanteur doute énormément.

L’heure est grave, affirme-t-il. Alors que plusieurs personnali­tés influentes du milieu culturel se réjouissen­t de voir la politique susciter un tel engouement auprès du public, JeanPierre Ferland se révèle moins tranché dans ses opinions. « On est au centre d’une bataille. Le gouverneme­nt ne veut pas plier. Les étudiants non plus. D’un côté comme de l’autre, on refuse l’entente. »

« SE RÉJOUIR DE QUOI? »

À tous ceux qui se « réjouissen­t devant un tel mouvement, Jean-Pierre Ferland répond: « Se réjouir de quoi, au fait?Tout le monde tient son bout et refuse de bouger? Je me réjouirai quand la partie de bras de fer sera terminée. » Malgré son chagrin, Jean-Pierre Ferland ne perd pas espoir.

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