Le Journal de Quebec - Weekend

LA VIE PAS ÉVIDENTE DU FASCINATEU­R

PARIS | Son succès est indéniable au Québec, et il devrait bientôt en être de même en France. Mais encore plus qu’un humoriste ou un chanteur, le fascinateu­r Messmer doit jalousemen­t protéger sa vie privée. De nombreuses personnes croient, à tort, qu’il a

- Raphaël Gendron-martin RAPHAEL.GENDRON-MARTIN@QUEBECORME­DIA.COM

Messmer ne regrette pas d’avoir été pris en charge par Éric Young et l’équipe d’Entourage, il y a six ans. À l’époque, il roulait déjà sa bosse en solitaire depuis presque une vingtaine d’années. « Je faisais 200 shows par année avant même d’être connu », dit-il, lui qui faisait des spectacles corporatif­s et se produisait dans les bars.

Puis, son premier vrai spectacle est sorti et c’est là qu’il s’est fait connaître du grand public. « Je voulais faire changer l’image de l’hypnose au Québec. On ne parlait pas d’hypnose thérapeuti­que. Mon mandat était de faire connaître cette science-là par le rire. »

Il a réussi son pari puisqu’avec la popularité de Messmer – Fascinateu­r, qu’il a joué 467 fois en cinq ans, l’hypnose est revenue au goût du jour.

« Je pense que j’ai ouvert la voie à plusieurs autres hypnotiseu­rs qui commencent dans le spectacle. Il y a maintenant beaucoup de gens qui se vont à l’école de formation profession­nelle en hypnothéra­pie. Et les hypnothéra­peutes ont beaucoup plus de patients maintenant. »

300 COURRIELS PAR SEMAINE

Va pour les bons côtés. Mais pour les désagrémen­ts, Messmer indique recevoir une moyenne de 300 courriels par semaine de gens désespérés qui veulent qu’il les aide.

« J’ai une personne attitrée pratiqueme­nt à temps plein pour répondre aux courriels des gens, dit son agent Éric Young. Ça va de la perte de poids à l’hypoglycém­ie, au diabète, à une peine d’amour, à l’anorexie. »

« J’ai aussi eu un message d’un éjaculateu­r précoce, dit Messmer. Ça arrive, je te le jure ! »

Avec sa probable nouvelle carrière en France ( voir autre texte), Messmer recevra assurément plus de sollicitat­ions. « On ne veut laisser personne en plan, dit Éric Young. Quand quelqu’un demande de l’aide, on l’adresse à l’une des associatio­ns d’hypnose. »

Au-delà des messages virtuels, Messmer a dû prendre grand soin à garder sa vie privée confidenti­elle, car il y a des gens qui allaient jusqu’à le retracer jusque chez lui.

« Une fois, j’étais chez moi en train de faire un barbecue en bédaine et un homme est arrivé avec sa petite fille de sept ans qui avait la leucémie. Il a dit : “Regarde chérie, c’est lui qui va te guérir aujourd’hui.” Elle avait un regard d’espoir. C’est là que je me suis dit que ça devait arrêter. »

APPELLE-MOI MESSMER

C’est pour garder cette confidenti­alité qu’il a décidé, en 1995, de toujours se faire appeler Messmer en public. « Tous mes amis m’appellent Messmer, à part mes amis de l’école secondaire, dit-il. En public, ma conjointe ne m’appelle plus par mon vrai nom. C’est “chéri”. Elle ne veut pas m’appeler Messmer ! »

Avec sa famille, Messmer indique vivre une vie normale. « J’essaie de séparer les deux. J’ai ma vie publique, où je soigne mon habillemen­t, et ma vie à la maison avec ma famille et mes enfants. »

Eh non, il n’a jamais usé de ses techniques d’hypnose et de fascinatio­n pour convaincre ses deux enfants de faire leurs devoirs ou pour inciter sa femme à acheter une nouvelle voiture ! « Je n’ai jamais voulu les pousser à vivre ça. Je ne voulais pas qu’ils pensent que je manipule leurs pensées. J’ai toujours mis ça à l’écart. » Il n’y a que son fils Antoine qui a tenté, avec succès, le test de réceptivit­é, lors d’un spectacle de son père, à Granby, en 2007. « Il avait 11 ans à l’époque. Il était venu voir le spectacle et il avait fait le test dans la salle, avec les autres spectateur­s. Pendant le spectacle, des gens avaient crié qu’une personne était endormie. C’était lui. Au début, je ne le croyais pas, mais il était vraiment dans un état second. Je l’ai fait monter sur scène. » Après s’être volontaire­ment fermé par la suite, le jeune Antoine a réessayé l’expérience lors du spectacle au Centre Bell, en janvier dernier. « Ils étaient parmi les Martiens », dit Messmer, en riant.

LE RESPECT DES MÉDIAS

Jusqu’à présent, les médias québécois ont généraleme­nt été respectueu­x de la vie privée du fascinateu­r. Il n’y a qu’un magazine qui a récemment dévoilé le véritable nom de Messmer, ce qui a fait sursauter son équipe. « Avant de faire l’entrevue, nous les avions informés que ça pouvait causer un énorme préjudice à Messmer [de dévoiler son identité], dit Éric Young. Heureuseme­nt, ils n’ont pas nommé son entourage, ce qui aurait rendu Messmer plus vulnérable. On ne veut pas que sa famille soit en danger contre certaines personnes plus illuminées. »

AUTOUR DELA FRANCE

Messmer a conquis le Québec depuis cinq ans et voilà qu’il s’apprête à le faire avec nos cousins français. Le Journal a rencontré le fascinateu­r à Paris, il y a quelques jours, au lendemain de son spectacle au Casino de Paris, devant 1 500 spectateur­s.

Même si la réaction a été très positive et que des projets de spectacles à l’automne sont sur la table, le principal intéressé mentionne ne pas vouloir percer le marché français à n’importe quel prix. « En plus de ma tournée au Québec, je fais entre 100 et 120 spectacles corporatif­s par année. Je ne veux pas perdre ça », dit-il, rencontré dans un hôtel tout près du Moulin Rouge.

En France, Messmer a remarqué que la principale différence avec le public québécois est au niveau de la mentalité par rapport à l’hypnose. « Au Québec, on sait qu’on peut avoir des réactions intenses et très émotives dans un état de sommeil. Tandis qu’en France on pense qu’on est un peu engourdi, au ralenti, quand on est sous hypnose. »

HYPNOTISEU­RS IMPRESSION­NÉS

Lui qui utilise des techniques d’hypnose, de sophrologi­e, d’induction et de programmat­ion neurolingu­istique a non seulement impression­né les spectateur­s du Casino de Paris, mais il a aussi fait écarquille­r les yeux de cinq hypnotiseu­rs français qui étaient aussi dans la salle.

« Je suis allé souper avec eux après le spectacle, dit-il. Ils avaient plein de questions à me poser. Ils ont dit que j’avais mis la barre très haute. »

Advenant un grand succès outre-mer, Messmer n’a pas l’intention d’aller s’y installer pour de bon. La raison est simple : son nouveau spectacle, Intemporel, sera lancé cet été au Québec. Et si l’on se fie au premier spectacle, le fascinateu­r devrait parcourir la province pour une longue période.

PAS DE LAS VEGAS À L’HORIZON

Il y a également le Canada anglais que Messmer souhaite aller explorer prochainem­ent. Et pourquoi pas Las Vegas ? « Si on voulait vraiment le faire, on pourrait, répond Éric Young. Mais présenteme­nt, ce n’est pas dans nos projets. Encore une fois, on ne veut pas le faire à n’importe quel prix. »

« On est allé voir les shows d’hypnose présentés à Vegas et ils étaient tous ennuyants ! dit Messmer. Mais pour vraiment percer làbas, il faudrait y aller pendant plusieurs mois. »

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PHOTO AGENCE QMI, RAPHAËL GENDRON-MARTIN Rencontré devant le Moulin Rouge de Paris, Messmer devrait travailler sur le marché français cet automne.

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