Le Journal de Quebec - Weekend
LE DÉSIR qui change tout
Avec un nouveau bébé à la maison et un nouveau film à promouvoir, Sarah Polley a dû en apprendre beaucoup sur la conciliation travail-famille.
Polley, 33 ans, semble vivre une belle et profonde histoire d’amour avec sa petite fille. La réalisatrice canadienne doit donc trouver pénible d’avoir à quitter le nid familial pour aller faire connaître Take
This Waltz : Une histoire d’amour, un film sur l’amour et le mariage, mettant en vedette Michelle Williams, Seth Rogen et Luke Kirby. Par ailleurs, Ta
ke This Waltz est un film tout à fait brillant.
COUP DE FOUDRE
Michelle Williams et Seth Rogen forment un gentil couple marié, mais chacun étouffe de son côté. Il y a des coins d’ombre dans leur union et beaucoup de non-dits. Et lorsque Williams rencontre un séduisant voisin (Luke Kirby), leur coup de foudre risque de tout faire basculer.
« J’ai voulu plonger dans la réalité du désir, en montrer les signes et les sensations, a dit Polley. Je voulais aussi créer un film qui donnerait le point de vue de tous les personnages sans jugement, autant que possible. Il n’y a pas de héros, et encore moins de méchants. »
Polley a su mettre à profit le talent de sa distribution, notamment celui de Sarah Silverman, dans le rôle d’une ex-alcoolique. Des rumeurs d’oscar commencentd’ ailleurs à circuler, concernant Michelle Williams, qui joue Margot. Au départ, Polley voyait plusieurs actrices dans le rôle de Margot. « Mais lorsque j’ai rencontré Michelle, elle m’a aidée à comprendre un aspect du personnage qu’elle était la seule à percevoir. Dès cette rencontre, j’ai su qu’il n’y avait personne de mieux pour tenir ce rôle. »
ACTRICE MAGIQUE
Elle poursuit : « sa sagesse et sa capacité à se moquer d’elle-même étaient si parfaites pour le rôle. Le personnage avait grandement besoin de présenter
BRILLANTE
de tels traits. Plusieurs gestes et paroles du personnage auraient pu le rendre désagréable. Le film avait vraiment besoin d’une actrice qui pouvait rendre le personnage empathique. Michelle est très vulnérable, mais aussi très sage. Je crois que cette multidimensionnalité fait d’elle une actrice magique. »
Polley dégage ce même mélange de grande vulnérabilité et de sagesse. L’actrice et réalisatrice canadienne est connue du public depuis son rôle, enfant, dans la série Saisons d’Avonlea. Polley passe à des rôles adultes à 16 ans, lorsque Atom Egoyan lui donne un rôle dans De beaux lendemains. À 18 ans, elle déjà est une vedette de cinéma. Parmi les trois
douzaines de films à son actif, mentionnons Go, No Such Thing, Ma vie sans moi, Le poids de l’eau, The Law of Enclosures, La vie secrète des mots, Beowulf et Grendel,
Mr. Nobody et Nouvelle espèce.
Sa filmographie débute en 1999, avec deux courts-métrages. Son premier longmétrage, Loin d’elle, a été un succès au boxoffice et auprès de la critique. Polley est devenue la première femme à remporter un prix Génie pour la meilleure réalisation. Elle a été en nomination pour l’Oscar de la meilleure adaptation et Julie Christie, pour celui de la meilleure actrice.
« Tous mes courts-métrages et mes deux longs-métrages parlent de relations à long terme, de leur fin et d’une troisième personne. Je n’ai cessé de revenir sur ce sujet depuis 20 ans. » Au sujet de Take This
Waltz, elle poursuit : « le film parle de notre familiarité, de notre passion et du désir. La vie peut créer des fossés, des vides, que nous cherchons à remplir en faisant de nouvelles choses ou en virant notre existence bord sur bord, juste pour ressentir un vent de renouveau. Et puis, il y a notre surprise de constater que la vie ne se résout jamais complètement. La vie n’est jamais absolument complète. Peu importe nos choix. »