Le Journal de Quebec - Weekend

Tout le monde à bord!

À fond de train dans la tournée Full Flex Express, un hommage à la fameuse tournée de 1970 avec Janis Joplin, The Grateful Dead, The Band et d’autres, le D.J. globe-trotteur Skrillex se demande déjà si elle se terminera comme la dernière : dans le rouge.

- Darryl Sterdan Agence QMI

« Je ne fais pas de profit avec cette tournée, explique Skrillex (Sonny Moore) dans une entrevue exclusive. Je perds de l’argent en la faisant, mais je la fais tout de même, car c’est amusant. L’an dernier, j’ai vu le film du Festival Express et assisté au Railroad Revival Tour (avec Edward Sharpe, Mumford & Sons et d’autres groupes). Les deux nous ont inspirés pour faire quelque chose de similaire. Mais si vous voulez le faire — si vous voulez les bons artistes, la bonne atmosphère, le bon moment et la bonne expérience —, ça a un prix. Mais ce n’est pas pour l’argent. Il faut prendre du recul sur les choses. C’est pour faire quelque chose d’amusant, offrir aux gens un événement unique. Je peux faire de l’argent par d’autres moyens, je peux prendre l’avion juste avec mon sac à dos et amasser beaucoup plus. »

Moore, qu’on verra mercredi soir sur les plaines d’Abraham, lors du Festival d’été, est passé du statut d’icône de la musique électroniq­ue à celui de vedette authentiqu­e. Il a été en nomination pour cinq Grammy Awards cette année et il a récolté les statuettes du meilleur single dance, Sca

ry Monsters and Nice Sprites », du meilleur album dance, Scary Monsters and Nice

Sprites EP et du meilleur remix, Cinema — Benny Benassi (Skrillex Remix).

Ces remix comprennen­t la musique de Lady Gaga en passant par Rob Zombie et Korn. Sa bouille particuliè­re — caractéris­ée par un crâne à moitié rasé et des lunettes surdimensi­onnées — a même fait la

couverture du magazine Rolling Stone. Sa compagne n’est autre que l’auteure-compositri­ce et interprète Ellie Goulding. Pas mal pour un ex-chanteur de punk de 24 ans, qui était à la rue il y a seulement quelques années et qui n’a pas encore sorti d’album digne de ce nom.

Il est clair que Sonny Moore fonctionne à son rythme. Durant l’une de ses typiques journées chaotiques à Vienne, il a dit : « J’ai réglé ces trucs concernant le film, envoyé une tonne de courriels, je viens juste de sortir de la douche, me suis dépê- ché pour me rendre à la voiture et là, je suis avec vous au téléphone. » Voici six règles de vie de la tournée Full

Flex Express, qui visite sept villes ce mois-ci avec une équipe de la même trempe que Sonny Moore comme les Pretty Lights, Diplo, Grimes, Hundred Waters, KOAN Sound et Tokimonsta. Tout le monde à bord!

1 DEPUIS LES GRAMMY AWARDS, LA VIE DE SKRILLEX A CHANGÉ... SANS VRAIMENT CHANGER

« Certaines choses me paraissent identiques, d’autres, un peu différente­s, dit-il. Ce qui m’a le plus interpellé, c’est le nombre de personnes que ma musique touche un peu partout dans le monde. Mais j’essaie d’être fidèle à ma manière de faire les choses — jouer de la musique et travailler fort. Je dors quelques heures par nuit, j’ai trop de choses à faire. Et j’aime ça. »

2 FULL FLEX EXPRESS, UN VOYAGE POUR TOUS

« Je pense qu’aucun festival n’est comparable. L’expérience sera malade. Les premiers artistes joueront dans des wagons décorés et feront des allers-retours dans une zone définie. Puis, au coucher du soleil, nous allumerons des torches et ouvrirons la seconde zone, ce sera une expérience linéaire. L’idée est de bouger d’un point à l’autre pendant le festival. Je me suis occupé moi-même de la programmat­ion de manière à ce que l’ambiance soit progressiv­e entre les différents lieux. »

3 MOITIÉ FUN, MOITIÉ BOULOT

« Nous avons un wagon studio et nous sommes tous musiciens. Donc, on va passer la plupart de notre temps à jouer ensemble et à écouter de la musique tout en apprenant à se connaître et construire la communauté Full Flex Express, dit-il. C’est ce qui s’est passé pendant le Festival Express et j’aime cette idée. Les liens que tu tisses avec d’autres artistes t’ouvrent des portes et te permettent de passer un bon moment. J’aurai aimé un train un peu plus grand, peutêtre la prochaine fois. Pour l’instant, on fait ce qu’on peut avec ce qu’on a. »

4 LA COMMUNAUTÉ « Je veux créer une communauté autour de la musique, dit Skrillex. Voilà pourquoi je me lève le matin. J’aime l’intégrité des gens qui travaillen­t ensemble, sans chercher à monopolise­r l’attention. Je veux travailler avec des artistes libres d’esprit et avant-gardistes, qui peuvent brandir leurs propres drapeaux et déclarer leur propre indépendan­ce. C’est ce que je veux faire, c’est mon but. »

5 PAS DE PRESSION

« J’ai sorti environ 40 titres en deux ans, dit le D.J. Mes admirateur­s télécharge­nt mes chansons sur Internet, ils ont assez de substance pour tenir un bon bout de temps. Donc, réaliser un album, c’est pour moi comme demander à un peintre de petites toiles de se mettre soudaineme­nt à produire des fresques. Tu dois être prêt à le faire. J’aimerai sortir un album, c’est évident, mais je n’ai pas envie de faire quelque chose juste pour le faire. »

6 SANS DOMICILE FIXE

« J’ai laissé mes trophées Grammy chez mon producteur, car je n’ai pas encore de résidence fixe, vu que ça fera littéralem­ent deux ans que je vis à l’hôtel. À la fin de l’été, je vais emménager dans mon premier appartemen­t, j’aurai donc un endroit pour les entreposer! Je vais aussi arrêter les tournées pendant quelque temps, j’attends ce moment avec impatience. J’ai vraiment envie d’avoir mon endroit, faire ma musique dans un studio et essayer de nouvelles choses. C’est la raison pour laquelle je supporte assez bien de travailler si dur et dormir si peu, je sais que ça va me mener quelque part.»

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PHOTO D’ARCHIVES, AFP

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