Le Journal de Quebec - Weekend
RETOUR à la FICTION La fille DE LA GANG
Après avoir consacré ses derniers films à la vie de personnages qui ont existé — Monica la mitraille, Aurore et André Mathieu — le réalisateur Luc Dionne a eu envie de retomber tête première dans la fiction pure et dure. Et pour ce faire, quoi de mieux qu
Une quinzaine d’années après avoir été au coeur des intrigues de la série télé du même titre (diffusée de 1996 à 1999), l’enquêteur Pierre Gauthier (Michel Côté) reprend donc du service, dans un film qui ne se veut pas nécessairement une suite à la série.
Des épisodes d’Omertà présentés au petit écran, il ne reste, en fait, que quelques personnages. Celui de Pierre Gauthier (devenu entre-temps propriétaire d’une importante agence de sécurité), mais aussi celui de Gilbert Tanguay, ancien directeur de l’escouade de police devenu aujourd’hui sous-ministre.
Autour d’eux, Luc Dionne (qui avait scénarisé la série) a construit une nouvelle histoire s’articulant autour d’une affaire de trafic de faux lingots d’or impliquant la mafia montréalaise. « Ça fait quand même presque dix ans que je n’ai pas fait de fiction, alors ça m’a fait du bien de replonger dans l’univers d’Omertà, explique Luc Dionne, qui a signé le scénario et la réalisation du film.
« Les trois derniers longs métrages sur lesquels j’ai travaillé étaient des biographies. Or, la biographie est un genre extrêmement difficile à visiter. Parce que ce n’est pas évident de faire un “biopic” qui ne ressemble pas à un biopic. Bennett Miller a réussi à faire quelque chose d’original avec Truman Capote mais c’est très rare. J’avais donc très envie de retrouver la liberté de travailler à partir de personnages auxquels tu peux faire faire presque n’importe quoi ou presque. »
SUSPENSE
Revisiter le monde d’Omertà lui permettait aussi de revenir au suspense policier.
« J’aime les thrillers, les films policiers. J’aime travailler avec les revirements de situations, ditil. On ne se le cache pas, Omertà est un film de gars. Ça s’adresse à tout le monde, mais ça se passe dans la mafia et dans un milieu policier, qui sont des univers très masculins et macho. Mais on a le droit, une fois de temps en temps, de faire des films pour nous ! »
Dionne avait déjà songé à faire revivre un jour les personnages d’Omertà au grand écran, mais il lui manquait un fil conducteur. Le déclic s’est fait avec l’histoire des faux lingots d’or bourrés de tungstène qui a défrayé la manchette il y a quelques années.
« Cette histoire m’a fasciné. Je trouve ça flyé que des gens aient pensé à cela pour se mettre de l’argent dans les poches. C’était au départ une histoire qui émanait du crime organisé. J’ai vu la possibilité d’aborder ce sujet à travers les personnages d’Omertà. »
PLUS ÇA CHANGE…
De nouveaux personnages se sont donc greffés à ceux qui existaient déjà : René Angélil en chef de la mafia, Stéphane Rousseau en criminel fraîchement sorti de prison et Patrick Huard en policier aux intentions louches.
« J’ai écrit ce rôle en pensant à Patrick Huard parce que je trouvais que son énergie incarnait bien ce que je recherchais pour le personnage, souligne Dionne. Il collait bien au personnage : sa façon de dealer avec des egos, la finesse de son jeu. Tu peux essayer toutes sortes de choses sur le plateau avec lui et il a toujours le regard juste. Il m’a impressionné. »
Crime organisé, corruption, mafia montréalaise… Le monde dépeint dans Omertà peut paraître d’actualité avec tout ce qui s’est passé chez nous ces dernières années.
« Mais ça n’a pas changé, rappelle Luc Dionne. Ç’a toujours été ainsi. D’ailleurs, la naïveté des gens me dépasse souvent. On dirait que tout le monde se réveille tout d’un coup pour se dire que ça n’a pas de bon sens que ça se passe comme ça. Sauf que ça fait mille ans que ça se passe comme ça. Ça ne changera pas demain matin. »
« C’était comme un boy’s club mais j’ai réussi à me faire accepter! », lance en riant l’actrice montréalaise Rachelle Lefèvre, à propos du tournage du film Omertà, aux côtés des Michel Côté, René Angélil, Stéphane Rousseau et Patrick Huard.
Une fille dans un film de gars? C’est ainsi que s’est sentie la vedette du premier film de la série Twilight en se joignant à l’équipe - très masculine - du thriller policier Omertà. « Ça ne m’a pas dérangé, parce que je suis habituée, admet-elle. Quand j’étais jeune, plusieurs de mes meilleurs amis étaient des gars. » En fait, ce n’est pas ce facteur qui a été le plus dépaysant pour elle sur le plateau de tournage d’Omertà. C’est plutôt le fait que, pour la première fois de sa carrière, l’actrice anglophone devait jouer dans la langue de Molière. « Mais j’ai beaucoup aimé l’expérience, avoue-t-elle. « Quand on m’a approchée pour le rôle, j’ai été très honnête avec Luc Dionne (le réalisateur) et Denise Robert (la productrice). Je leur ai dit que je savais que j’étais capable parce que je me débrouille bien en français. Mais, ma seule crainte, c’était que mon accent ou ma façon de mélanger l’anglais et le français deviennent une distraction. »
« Je voulais me sentir à l’aise, que ce soit cool et que ça sonne naturel. Finalement, comme mon personnage est une anglophone qui revient à Montréal après avoir passé six ans à Vancouver, ça marche parfaitement. »
ATTIRÉE PAR LE DANGER
Réalisé par Luc Dionne ( L’enfant pro
dige, Aurore), Omertà ramène à l’écran le personnage central de la série télé du même titre, l’enquêteur Pierre Gauthier, toujours campé par Michel Côté.
Devenu propriétaire d’une importante agence de sécurité, Gauthier doit, cette foi-ci, enquêter sur une histoire de trafic de faux lingots d’or impliquant la mafia montréalaise.
Pour l’aider dans sa mission, il fera appel notamment à une ex-agente du Service de Renseignement (jouée par Rachelle Lefèvre).
« J’ai tout de suite aimé ce personnage, indique l’actrice. Elle est forte, elle est courageuse et en même temps, elle fait des choix assez dangereux. On vient à se demander pourquoi elle a fini par pratiquer ce métier-là. »
« Qu’est-ce qui peut motiver une jeune femme de 30 ans à travailler dans ce milieu très masculin, qui côtoie la mafia. Je crois qu’il y a beaucoup de solitude dans ce personnage. »
DANS LA BONNE HUMEUR
Habituée davantage aux plateaux américains (outre le premier Twilight, on l’a vue dans les séries télé Off the Map et
A Gifted Man), Rachelle Lefèvre dit avoir apprécié la simplicité et la bonne humeur qui régnait pendant le tournage d’Omertà.
« Mais, si c’était un gros tournage et que toutes plusieurs vedettes du Québec étaient là, il n’y avait pas de gros ego ni de diva. Tout le monde travaillait fort, dans le plaisir. »
Ne connaissant personne de l’équipe avant de débarquer sur le plateau, elle a appris à connaître les quatre vedettes masculines en les côtoyant dans le travail. « Je connaissais Stéphane comme humoriste, mais pas personnellement. Il est tellement gentil, il prenait soin de moi. C’est vraiment un bon gars ! » « Même chose pour René Angélil. Je ne connaissais de lui que l’image. Mais, dans la vie, c’est un monsieur adorable, si doux et généreux. J’ai aussi adoré Patrick Huard et Michel Côté. Ils sont tellement sweet... »