Le Journal de Quebec - Weekend
L’ÉPREUVE DU TEMPS
PARIS | Les premiers amours franchissent rarement l’épreuve du temps. S’inspirant d’une histoire qui l’a marquée dans sa jeunesse, la jeune cinéaste française Mia Hansen-love relate dans son nouveau film l’amour impossible entre deux adolescents qui se qu
Même si elle portait depuis longtemps cette histoire très personnelle, Mia Hansen-Love aura attendu son troisième long métrage pour la transposer à l’écran.
« J’ai attendu mon troisième film parce qu’il m’a fallu un certain temps avant de me sentir capable d’aborder cette histoire de manière aussi frontale », explique la cinéaste de 31 ans, lors d’un entretien à Paris en janvier dernier. « Dans mes deux films précédents ( Tout
est pardonné et Le père de mes enfants), je parlais aussi d’amour, de mélancolie et du passage du temps, mais à travers d’autres personnages. D’ailleurs, quand j’ai commencé à écrire une première version du scénario, je l’écrivais selon le point de vue du garçon de l’histoire, parce que je n’étais pas encore capable de l’écrire à la première personne. » « Ce n’est que plus tard, quand j’y suis revenu après avoir réalisé mon second film, que j’ai pu le faire. Au fond, c’est le film que j’ai fait qui a été le plus difficile. J’ai l’impression de l’avoir fait aussi pour m’en débarrasser. »
RECONSTRUCTION
Récit autobiographique construit en trois actes, Un amour de jeunesse suit le personnage de Camille (Lola Créton), adolescente de 15 ans follement amoureuse de Sullivan, 19 ans (Sebastian Urzendowsky). Quand celui-ci décide de partir en voyage plusieurs mois en Amérique du Sud, Camille tombe en profonde dépression.
On retrouvera ensuite Camille quatre ans plus tard, jeune étudiante en architecture qui refait sa vie tout en gardant des séquelles de cette histoire.
Le dernier acte ramène Sullivan dans le décor, alors Camille, maintenant âgée de 23 ans, partage sa vie avec un homme plus vieux.
« La structure en trois actes s’est imposée pendant l’écriture », indique Mia Hansen Love.
« Il y a d’abord l’expérience de l’amour et de la séparation, puis la reconstruction et enfin le retour. La partie qui me faisait le plus peur au début, c’est le deuxième acte, soit la période de reconstruction. Mais finalement, c’est le coeur du film, sa partie la plus importante. »
La réalisatrice soutient ne pas avoir cherché une actrice qui lui ressemblait pour jouer le personnage principal de son film. Elle cherchait plutôt une comédienne qui pourrait « réinventer le rôle ».
« Je n’ai pas tenu à lui faire savoir tout ce que portait le film », dit-elle.
« J’ai aussi essayé d’éviter autant que possible la caractérisation psychologique du personnage. Lola est très instinctive dans son jeu. Elle avait une in- tuition très juste par rapport au rôle et c’était très bien ainsi. »
TRILOGIE
Un amour de jeunesse marque la fin d’une trilogie qui a débuté avec Tout est pardonné (2007) et s’est poursuivi avec
Le père de mes enfants (2009). Les trois films parlent d’amour, de passion, de séparation et de solitude, notamment.
« Je ne l’ai pas pensé que ce serait une trilogie en écrivant mes deux premiers films, admet la cinéaste. C’est en écrivant
Un amour de jeunesse que je me suis rendu compte que pour moi ça formait un tout très cohérent et que je ne pouvais pas les dissocier les uns des autres.
« Aujourd’hui, je les perçois tellement reliés les uns aux autres que j’aimerais même les sortir éventuellement les trois ensembles sous la forme d’un coffret DVD. Non seulement ils abordent des thèmes communs, mais pour moi,
Un amour de jeunesse complète les autres. J’ai l’impression de l’avoir fait pour finir un chapitre, pour boucler la boucle. »
√ Un amour de jeunesse prend l’affiche le vendredi 13 juillet.