Le Journal de Quebec - Weekend

Le Québec à la télé française

Pour saluer la Fête des Français, j’ai eu envie de brosser un petit tableau, plutôt succinct j’en conviens, de ce qui nous unit, télévisuel­lement parlant, à la France. Mise à part la langue que nous partageons, notre culture diffère. Pourtant, jamais les

- Emmanuelle Plante Collaborat­ion spéciale

Valérie Pechels, coprésiden­te de Double V, une société de distributi­on et de production française, le dit haut et fort : « Chapeau le Québec ! Qu’une province du Canada enclavée dans un territoire anglo-saxon se démarque aussi bien est admirable. En France, on ne sait pas garder notre culture. On devrait prendre exemple sur vous. Vous avez un savoir-faire, une identité, une indépendan­ce. C’est formidable ! »

Nathalie Bourdon, présidente de FarMore distributi­on qui représente un catalogue important de production­s québécoise­s originales à l’étranger, confirme cet enthousias­me. Selon elle, la France est un bassin particuliè­rement accueillan­t. « Les Français sont friands de séries américaine­s. On leur offre des émissions qui leur procurent cet exotisme mêlé à nos propres racines. Les émissions québécoise­s sont en ligne directe avec leur coeur. Ils aiment nos chanteurs, nos humoristes. Stéphane Rousseau est une méga star en France. »

L’HÉRITAGE D’UN GARS, UNE FILLE

Croyez-le ou non, Un gars, une fille, sorti tout droit de l’imaginatio­n de notre Guy A. Lepage, est perçue en France comme une émission française. L’universali­té des sujets abordés, la qualité de l’écriture et un bon casting qui permet au public de s’identifier, et ce gars et cette fille peuvent être de n’importe où !

« Un gars, une fille a ouvert la porte au Québec en France, mais aussi aux formats courts, qui sont devenus très prisés. »

Des formats courts diffusés à heure de grande écoute, avant ou après les nouvelles, et qui, nouvelles technologi­es obligent, peuvent être diffusés sur différente­s plateforme­s. La minute blonde, Bref, LOL et Les Parent en sont d’autres exemples. « On a vendu LOL à trois chaînes en France, explique Nathalie Bourdon. À France 2 et Orange (téléphonie) en capsules et à Comédie en demi-heure. Le format est en demande par les diffuseurs. »

DES PARENT PARTIS POUR LA GLOIRE

La famille Parent sera bientôt très connue en France. FarMore l’a vendue à Canal + Family qui diffuse intégralem­ent la série depuis 2010 sans doublage, mis à part quelques expression­s. Les négociatio­ns sont sur le point de se finaliser pour l’acquisitio­n du format sur une chaîne principale.

« Les Parent est la série parfaite pour l’exportatio­n, note Nathalie Bourdon. Le niveau des textes, le potentiel artistique, les valeurs véhiculées, c’est une série de grande qualité. »

LA FORCE DE NOS TÉLÉROMANS

« Vous êtes le seul pays qui connaisse autant de succès avec ses téléromans, constate Valérie Pechels. Sur une base quotidienn­e, un fort pourcentag­e de la population suit les personnage­s, les intrigues. Chez nous, TF1 diffuse des séries américaine­s tous les soirs et l’auditoire s’effrite. En plus, vos séries coûtent trois fois moins cher qu’en France et sont trois fois de meilleure qualité. »

Des séries, Valérie Pechels en regarde. Cette année, Apparence, Vertige, Musée Eden et Gentleman 2 ont notamment attiré son attention. « Votre public regarde Radio-Canada ou TVA et n’a aucune raison d’aller sur Fox ou NBC. Vous faites une télé de proximité en ayant une approche très provincial­e. En France, on est très centré sur Paris. »

« En plus, au Québec, les artistes savent faire du cinéma, du théâtre, de la chanson, de la télé. Ils passent d’un média à l’autre avec le même talent. Ça ne se fait pas en France. Et combien de vos artistes percent à l’étranger et exportent leur savoir-faire ? Pensez à Simoneau, à Podz. »

LES COLLABORAT­IONS

Ainsi, des auteurs sont régulièrem­ent sollicités par des producteur­s français. François Avard, dont Les Bougon ont connu une adaptation française, est un de ceux-là. Son expertise est notamment associée aux séries C’est la crise ou Les Robin des pauvres. Guy A. Lepage fait toujours figure de précurseur et poursuit l’élaboratio­n de projet comme Les échangiste­s, qui fait l’objet d’une coproducti­on.

Danielle Dansereau développe aussi une série historique, Les filles du Roy, une coproducti­on de Double V et de Sovimage, à la recherche de diffuseurs. « Toutes ses collaborat­ions ne m’étonnent pas. Vos auteurs ont développé une mécanique, un dynamisme et un sens du dialogue. »

Et la langue dans tout ça ? « On a évolué, tranche Valérie Pechels. Vertige ou Les Parent, pas besoin de doubler en français de France. 19-2 c’est plus compliqué. Il y a les codes de la police, la manière de parler, les expression­s. »

Rappelons aussi les succès énormes de La Fureur, de Tout le monde en parle, Star Académie et des Enfants de la télé, quatre concepts français, adaptés chez nous de main de maître. Preuve que la collaborat­ion entre nos deux cultures peut être « vachement » payante.

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Un gars, une fille
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Caméra Café
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Ports d’attache
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