Le Journal de Quebec - Weekend

PAS DE TEMPS MORT

Si Serj Tankian doit mourir, ce sera sans doute de surmenage. Les périodes de temps mort n’ont jamais vraiment fait partie du répertoire du leader de System of a Down (SOAD).

- Darryl Sterdan

Au cours des dernières années, il a coécrit la comédie musicale Prometheus Bound, publié un recueil de poésie intitulé Glaring Through Oblivition, effectué une tournée avec SOAD, joué avec différents orchestres et planché sur trois nouveaux albums, dont son troisième solo, Harakiri, un percutant opus qui sortira en magasin et sur Internet le 10 juillet. Et il vient tout juste de se marier par-dessus le marché.

« Mais c’est magnifique parce que, pour moi, travailler en musique, c’est toujours la même chose. Que ce soit sur Harakiri, un album rock, ou Orca, ma prochaine symphonie, ou Jazz- Is-Christ, un album jazz, ça reste de la musique. J’aime faire plusieurs choses en même temps et être inspiré. Je n’aime pas y aller un projet à la fois. C’est foutrement ennuyant. »

Et il n’est pas sur le point de perdre sa motivation. Tout en complétant ses deux autres albums, il compose aussi la musique pour un jeu vidéo et un film, reprend la route avec ses deux groupes, The FCC et System of a Down – qui sera des festivals Heavy de Montréal et Toronto en août – et devra trouver du temps pour sa lune de miel. Avec tout cela, Tankian a quand même pris un moment pour discuter de son retour au rock, sa volonté de changer le monde et du retour de System.

Harakiri est un retour au rock pour vous. Comment c’est arrivé?

C’est une bonne question. Ce n’était pas dans mes plans de refaire un album rock, l’année dernière. Mais en janvier 2011, on a vécu l’extinction massive de plusieurs espèces d’oiseaux et de poissons. J’étais en Nouvelle-Zélande à ce moment-là, et ça m’a vraiment ébranlé. C’était un événement tellement sinistre que je ne pouvais pas fermer les yeux làdessus. J’ai commencé par écrire une chanson qui est devenue la pièce-titre de Harakiri. Toutes les autres me sont venues en quelques mois. La muse me forçait à écrire un album rock, c’est la seule chose que je peux dire. C’est l’al- bum que j’ai eu le plus de facilité à écrire de toute ma vie. Plein de vérité, très provocateu­r, j’imagine. Mais c’est probableme­nt mon album punk rock le plus entraînant, aussi.

L’album sonne l’alarme sur plusieurs questions, du capitalism­e sauvage à la destructio­n de l’environnem­ent, en passant par la téléréalit­é. Quelles sont les solutions à ces problèmes?

La prise de conscience est évidemment la première étape. Mais au-delà de ça, je crois que nous devons changer nos modes de vie. Nous devons prendre connaissan­ce des changement­s environnem­entaux autour de nous. Le changement politique est minime comparativ­ement aux mutations de l’environnem­ent. Et la plupart des changement­s politiques sont des réactions à ces bouleverse­ments climatique­s. Il y a plusieurs écoles de pensée sur ce que nous devons faire ensuite et comment nous devons gérer la situation. Mais nous devons premièreme­nt réaliser que nous ne pouvons plus continuer de vivre comme ça. Les ressources de la planète ne peuvent pas coexister avec la croissance actuelle de la population. Tout est

connecté.

Vous considérez-vous comme un optimiste ou un pessimiste? Parce que vos paroles de chanson sont plutôt pessimiste­s.

Vraiment? Je parle du changement de l’environnem­ent. Je parle de querelles politiques. Je réagis à plusieurs politiques adoptées qui ont laissé des gens tomber entre les craques du système. C’est la réalité. Ce n’est pas pessimiste. Je suis profondéme­nt optimiste. Je me lève chaque matin avec le sourire et l’espoir que le genre humain relèvera ces défis, les doigts croisés. Mais le drame autour de l’écologie et de la politique dans le monde est purement scientifiq­ue. Ce n’est pas contestabl­e.

Avez-vous des aspiration­s politiques?

Absolument pas. Je ne voudrais jamais être dans une position où je devrais négocier la vérité. En art, nous avons une totale liberté d’expression. Je ne m’en débarrasse­rais pour rien au monde. C’est ce qui arrive dans la politique en général, de ce que j’ai remarqué.

Pour un homme qui désire aller de l’a- vant, qu’est-ce qui justifie un retour à System of a Down, et peut-il être valable sans nouveau matériel?

Nous avons adoré nos spectacles de retrouvail­les. Nous nous sommes éclatés. Et comme vous pouvez le voir, j’ai du plaisir à tout faire. J’aime faire mes propres albums, travailler avec un orchestre, j’aime jouer avec The FCC, avec System. Tout ça a vraiment été enrichissa­nt dans ma vie. À savoir si mon intérêt pour le groupe ne va pas s’éteindre sans un nouvel album, je ne sais pas. Je ne m’arrête pas vraiment à ce genre de choses, pour être honnête. Quand ce sera le temps d’enregistre­r un nouvel album avec System, on le fera.

Avec tous ces projets, êtes-vous un gars qui ne sait pas dire non ou un gars qui se réveille chaque matin avec cinq nouvelles idées?

La dernière option. J’aime créer. J’aime arriver avec des bonnes idées que je peux réaliser. Et je suis de ceux qui réalisent littéralem­ent tous ses projets et qui n’abandonne pas parce qu’il y en a trop en même temps. Je vais travailler sur chacun d’eux pour que les choses arrivent.

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