Le Journal de Quebec - Weekend
LE DÉFI DU DOUBLAGE
Mitsou et Éric Salvail ont beau avoir des années de métier derrière eux, ils font figure de débutants au sein de l’équipe d’acteurs qui prêtent leurs voix à la version québécoise du film d’animation américain Paranorman.
Si Mitsou avait déjà eu des expériences qui s’apparentent au doublage professionnel, il s’agit, pour Éric Salvail, d’une première.
« J’avais envie d’un nouveau défi et je souhaitais depuis longtemps essayer le doublage », admet Salvail, rencontré plus tôt cette semaine dans le studio d’enregistrement où sont enregistrées les voix québécoises du film.
« Dans mon travail d’animateur, c’est ma personnalité qui ressort. Mais dans le doublage, c’est le contraire. Il faut que ma personnalité s’efface pour se fondre derrière le personnage. Ç’a été tout un challenge pour moi. »
« Je suis arrivé dans ce projet sans aucune expérience, à part quelques cours de doublage que j’avais suivis récemment en espérant en faire un jour. Je me suis totalement abandonné au jugement et à l’expérience de la directrice de doublage. Moi qui suis habitué d’être en contrôle de ce que je fais, j’ai adoré me faire diriger. »
Sa grande amie Mitsou, avec qui Salvail a partagé l’animation d’une émission de radio pendant quelques années, a également hérité de la voix d’un personnage de ParaNorman. Pour elle aussi, l’univers du doublage est relativement nouveau.
« J’ai fait quelques voix hors champ et le doublage pour un vidéo éducatif sur le taxage, mais ça n’a rien à voir avec le travail qu’on fait avec ParaNorman » , explique-t-elle.
« Dans ce cas-ci, c’est beaucoup plus pointu. C’est une production américaine, et le français international est très important. Il y a un grand
contrôle de qualité. »
HUMOUR NOIR
Pour Éric Salvail, qui fait ses débuts au cinéma cet été avec le tournage du film Hot Dog, le doublage constitue un travail de précision ; tout le contraire de son métier d’animateur où il peut laisser place librement à l’improvisation.
« C’est très technique, très rigoureux, analyse-t-il. Il faut travailler fort, une phrase à la fois. Et il y a l’utilisation du français international, qui n’est pas évidente au début. Ça m’a pris un certain temps à m’habituer. »
Réalisé par les Américains Sam Fell et Chris Butler - deux des créateurs du film d’animation Coraline - ParaNorman suit les mésaventures des habitants d’une petite ville tranquille soudainement envahie par des dizaines de zombies.
Avec son don, le jeune Norman semble être la seule personne en mesure de sauver les habitants de sa ville.
Mitsou est l’une des rares membres de l’équipe de doublage à avoir vu le film au complet. « Je l’ai vu à mon chalet et j’ai pu le tester sur mes enfants, raconte-t-elle. Pour les enfants qui ont aimé Coraline, ça fonctionne très bien. Il y a un petit côté sombre à la Addams Family qui est très amusant. »
DE MONSIEUR LAZHAR À NORMAN
C’est Émilien Néron, une des jeunes vedettes de Monsieur Lazhar, qui prête sa voix au personnage principal du film, Norman. Une première pour lui aussi.
« Norman est un peu weird. Il voit des fantômes, il est un peu incompris et il se fait intimider à l’école », explique le jeune acteur. Mitsou fait parler la mère « douce et compréhensive » de Norman, tandis qu’Éric Salvail prête sa voix au grand frère de son meilleur ami, un « grand gaillard aux gros bras un peu niais ». L’équipe du doublage québécois est complétée par, entre autres, Alexis Plante, Catherine Brunet et Jean-Carl Boucher, qui fait parler « le méchant de l’histoire ». « Ça prend toujours un méchant et cette fois-ci, c’est moi qui le joue », lance en riant l’acteur de 1981 et Tactik. « C’est la première fois que je joue un méchant, mais celui-ci a quand même un coeur tendre. » ParaNorman prendra l’affiche le 17 août et sera présenté en première canadienne en clôture du Festival Fantasia, le 7 août.