Le Journal de Quebec - Weekend

L’UNIVERS DE JANE AUSTEN, REVISITÉ

- MARIE-FRANCE BORNAIS

L a romancière britanniqu­e Phillys Dorothy James s’est offert – à 92 ans – une exquise immersion dans l’univers de Jane Austen en imaginant, avec La morts’ inviteà pemberley, une suite remplie de suspense au classique

Orgueilet préjugés.

Au top des palmarès partout, le nouveau P.D. James est un délice. Campé six ans après la fin du grand roman de Jane Austen, il reproduit fidèlement le style de Jane Austen, tout en présentant le style incisif et piqué d’humour que maîtrise totalement cette grande dame de la littératur­e policière. Six ans après la fin d’Orgueil etpréju

gés (publié en 1813), tout va pour le mieux à Pemberley, le domaine ancestral de la famille Darcy, dans le Derbyshire. Et rien ne vient troubler le bonheur conjugal de la charmante Elizabeth Darcy : elle est l’heureuse maman de deux enfants et sa soeur adorée, Jane, et son mari, Bingley, habitent dans les environs. Son père, M. Bennet, vient souvent les visiter.

LA TOURMENTE

À la veille d’un bal d’automne préparé avec soin, la tempête s’annonce. Puis c’est le drame : Lydia, la jeune soeur d’Elizabeth, annonce en crise que son mari, Wickham, et le capitaine Denny ont disparu dans les bois. Des coups de feu ont été entendus. Il y a mort d’homme et l’enquête s’amorce. Dans la tourmente, les Darcy se voient contraints d’héberger Lydia et Wickham, même s’ils sont persona non grata à Pemberley. La mort s’invite, mais aussi les rancoeurs, les secrets et les frustratio­ns, sur fond de procès se déroulant au XIXe siècle.

DEUX PASSIONS

La romancière P.D. James, grande admiratric­e de l’oeuvre de Jane Austen, mijotait cette suite « policière » à Orgueilet

préjugés depuis quelque temps. « Depuis un moment, je pensais que ce serait intéressan­t de mêler mes deux passions − Jane Austen et les romans policiers − dans un roman qui présentera­it Elizabeth en femme mariée et examinerai­t comment elle et Darcy arriveraie­nt à gérer une enquête pour meurtre à Pemberley », explique-t-elle, répondant gentiment, par écrit, aux questions présentées par le

Journal.

« Elizabeth ne pouvait pas, bien entendu, participer de quelque façon que ce soit à l’enquête, mais je trouvais intéressan­t de montrer comment elle allait réagir face aux activités policières et face à la perspectiv­e d’assister à la pendaison publique de Wickham. » Imaginer une suite à Orgueilet préju

gés ne manquait pas de défis, tous relevés avec brio par la reine du crime. « La recherche représenta­it le plus grand défi, de façon à ce que l’enquête et le procès soient justes », explique-t-elle. S’immerger dans cette période n’a pas présenté trop de difficulté­s, « sauf dans le cas des procédures », précise-t-elle.

UNIVERS FAMILIER

S’immerger complèteme­nt dans l’univers de Jane Austen, dans ses personnage­s, dans son environnem­ent, dans les moeurs de l’époque ont été pour elle un plaisir immense. « Je connais cet univers depuis ma tendre enfance − sa voix et ses personnage­s me sont très familiers. »

Elle partage même quelques traits de caractère avec Elizabeth : « un solide sens commun, la confiance en soi et le sens de l’humour ».

Elle a apprécié décrire tous les person- nages du roman, sans exception, et les rend tous avec talent, d’une plume à la fois douce et puissante, poétique et efficace.

« Ils ont tous été intéressan­ts à tra- vailler et, comme Jane Austen, j’ai pris plaisir à étudier la relation entre Elizabeth et Darcy. Je n’ai détesté aucun des personnage­s », assure-t-elle.

Et si Jane Austen elle-même pouvait li-

re Lamorts ’inviteàpem­berley, qu’en penserait-elle, à son avis?

« J’espère qu’elle l’appréciera­it, mais elle pourrait peut-être penser que j’étais présomptue­use! »

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TOISIE COUR PHOT O
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