Le Journal de Quebec - Weekend

La genèse d’un classique

C’est à Montréal, en 1977, que les premières briques du classique Thewall ont été posées. Disque qui se vendra à plus de 29 millions d’exemplaire­s et qui provoquera ensuite l’implosion de la formation britanniqu­e.

- Yves Leclerc YVES.LECLERC@QUEBECORME­DIA.COM

Le quatuor constitué de Roger Waters, David Gilmour, Nick Mason et Rick Wright s’arrête au Stade olympique de Montréal le 6 juillet pour la dernière date de sa tournée baptisée In The Flesh. Elle suit la parution de l’album Ani

mals lancé six mois plus tôt. Un chiffre record de 80 000 personnes sont entassées dans l’édifice Taillibert. Pink Floyd débute son concert ave Sheep de l’album Ani

mals. La qualité sonore est déficiente. Le système sonore mis en place n’est pas fait pour un stade de cette dimension.

Après 33 minutes de spectacle, un feu d’artifice éclate dans la foule. Roger Waters gratte les premiers accords de Pigs on the Wings

Part 2 et commence à chanter. Une deuxième détonation se fait entendre. Le bassiste et chanteur s’arrête et pète les plombs.

« Pouvez-vous arrêtez de faire exploser des feux d’artifices, de crier et de hurler. J’essaie de chanter une chanson. Je m’en fous, vous savez, si vous ne voulez pas l’entendre. Allez vous faire foutre », lance-t-il au micro sur un ton désespéré.

Et il poursuit : « Je suis certain qu’il y a beaucoup de gens ici qui veulent l’entendre et vous pourriez vous taire. Si vous voulez faire exploser des pétards, allez à l’extérieur. Si vous voulez crier, hurler et brailler, vous pouvez les suivre. J’essaie de chanter une chanson et il y a des personnes qui veulent l’écouter. J’aimerais l’entendre moi aussi », a-t-il ajou- té avant de poursuivre la chanson entamée. La foule réagit.

IL CRACHE SUR UN SPECTATEUR

Le batteur Nick Mason raconte l’incident dans sa biographie de Pink Floyd intitulée Inside Out.

« Il y avait un petit groupe de personnes excitées qui semblaient être sous l’influence de substances chimiques et qui n’écoutaient pas trop notre prestation. On pouvait les entendre et cela nous donnait une idée de l’état d’esprit des spectateur­s. Ils criaient des suggestion­s de chansons. Roger a identifié un d’eux qui criait plus fort que les autres et qui réclamait la pièce Care

ful with that Axe Eugene. Il a perdu patience et il craché sur cet individu. »

Quelques heures après cette performanc­e chaotique, Roger Waters écrivait les premières lignes de l’album qui allait, deux ans plus tard, devenir The Wall. L’idée de base : un mur séparant l’artiste et son public.

31 SPECTACLES

Nick Mason ajoute dans sa biographie, avec une pointe d’humour, qu’il n’a aucune idée si l’événement du Stade olympique a eu un impact quelconque sur l’amateur en question.

« Chose certaine, poursuit Mason, il n’a jamais engagé un avocat ou réclamé des droits d’auteurs pour être l’inspiratio­n pour ce disque », précise-t-il. Pink Floyd présentera la tournée

The Wall, avec un mur de 33 pieds de haut et 260 pieds de large et 45 tonnes d’équipement, à 31 occasions à Los Angeles, à New York, Londres et en Allemagne.

Anecdote amusante, Rick Wright, mis à la porte par Roger Waters lors des sessions d’enregistre­ments de l’album, participer­a malgré tout à la tournée en tant que musicien invité et sous contrat. Il sera le seul membre du quatuor à avoir fait de l’argent lors de cette série de spectacles.

The Wall sera d’ailleurs le chant du cygne de la formation britanniqu­e. Le disque The Final Cut, qui a suivi, est plus un disque solo de Roger Waters qu’un véritable album de Pink Floyd.

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