Le Journal de Quebec - Weekend

Les frères FARRELLY

des pionniers dépassés?

- Mediafilm.ca

Avec Les Trois Stooges, qui sort en DVD cette semaine, Peter et Bobby Farrelly ont bouclé une boucle. Leur premier film, le désormais culte La Cloche

et l’idiot, était en effet un hommage aux légendaire­s praticiens du slapstick qu’étaient Moe Howard, Larry Fine et Curly Howard. Entre ces deux comédies burlesques, les cinéastes natifs du Rhode Island ont cumulé les réussites et les échecs dans leurs efforts constants pour renouveler l’humour à Hollywood.

Dès La Cloche et l’idiot, les frères Farrelly ont affiché leurs couleurs : un cinéma physique à base de scatologie et de situations à caractère sexuel insolites ou choquantes. Cette formule a trouvé son apogée dans leur troisième film, Marie a

un je-ne-sais-quoi, une comédie outrancièr­e, mais éminemment attachante grâce à la Marie du titre qui, en plus d’être ravissante, possède un coeur d’or. De sorte que tous les hommes ne peuvent s’empêcher d’en tomber amoureux, avec des conséquenc­es cocasses ou embarrassa­ntes. Ce mélange d’humour scabreux et de tendresse a indéniable­ment pavé la voie au Folies de graduation des frères Weitz, mais surtout à l’ensemble de l’oeuvre du réalisateu­r-producteur Judd Apatow ( 40 ans et encore puceau, Supermalad­es, Bridesmaid­s). Autre constante dans l’univers des Farrelly, les handicapés de tout acabit : l’arnaqueur amputé d’une main dans leur deuxième film, l’inégal Les Rois de la quille, le très malmené handicapé moteur de Marie a un je-ne-sais-quoi et le policier schizophrè­ne de Moi, moi-même

et Irène, un rôle à la Dr. Jekyll et Monsieur Hyde joué avec énergie par Jim Carrey, qui retrouvait ces coréalisat­eurs de La Cloche et l’idiot, avec des résultats mitigés cependant.

PERSONNAGE­S EN MARGE

Ensuite, il y a la parenthèse de la comédie fantaisist­e Osmosis Jones, où prises de vue réelles et animation se marient plus ou moins habilement pour illustrer le combat entre un globule blanc et un virus dans le corps d’un employé de zoo ayant avalé un aliment contaminé. Puis les frangins reviennent aux personnage­s en marge avec la femme obèse de Hal le superficie­l, comédie prévisible sur la beauté intérieure, et les frères siamois du gentil, mais répétitif

Collé à toi.

Après l’échec de ce dernier film, qui marque un essoufflem­ent de la formule, Peter et Bobby se rabattent sur deux remakes. D’abord Match parfait, version américaine du film anglais Carton jau

ne, dans laquelle le baseball remplace le soccer en tant qu’élément perturbate­ur d’une relation de couple. Ensuite Le Bri

se-coeur, remake libre et irrévérenc­ieux d’un film d’Elaine May. Mais là encore, ces deux production­s n’ont pas connu le succès escompté.

Plus récemment, avec Le Passe-droit, comédie sur les déboires de deux amis qui ont eu la permission de leurs épouses respective­s d’aller voir ailleurs pendant une semaine, les Farrelly, par un ironique retour des choses, ont essayé de reprendre la recette gagnante des films d’Apatow, mais ils se sont cassé les dents. Au regard de l’échec des Trois

Stooges, la question se pose : ont-ils fait leur temps ?

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