Le Journal de Quebec - Weekend
PARCE QUE LA RÉSISTANCE N’EST JAMAIS FUTILE
Tombouctou
Film de Abderrahmane Sissako. Avec Ibrahim Ahmed dit Pino, Toulou Kiki, Abel Jafri.
Il y a plusieurs manières de résister, celle qui n’implique aucune violence est peut-être la plus efficace.
C’est la réflexion que je me suis faite après avoir regardé l’exceptionnel Tombouctou d’Abderrahmane Sissako. En lice pour l’Oscar du meilleur film en langue étrangère, le long-métrage suit Kidane (Ibrahim Ahmed dit Pino), un touareg qui vit paisiblement avec sa femme Satima (Toulou Kiki), Toya (Layla Walet Mohamed) et le petit Issan (Mehdi AG Mohamed), 12 ans. Brutalement, les djihadistes investissent cette région du Mali et la vie de la communauté va commencer à ressembler à un cauchemar.
Film puissant – l’un des meilleurs de l’année - s’il en est un, Tombouctou fait écho aux images folles qu’on voit sur nos écrans de télévision, le soir, à l’heure des informations. D’où les interrogations suscitées, car ce n’est pas un long-métrage que l’on critique comme la dernière superproduction hollywoodienne.
Depuis le 7 janvier dernier (au fond, depuis le 11 septembre 2001), le monde est devenu fou. Les maigres points de repère moraux que nous possédons s’évanouissent sous le fracas des bombes, des appels à la destruction, à la revanche, à la haine.
COMMENT ?
C’est ça Tombouctou. C’est un camion de djihadistes qui fonce dans le désert. Ce sont des jeunes qui jouent au soccer sans ballon, parce que c’est interdit. C’est une voix qui continue de chanter sous les coups de fouet, parce que la musique aussi, c’est interdit.
L’unique résistance, celle montrée avec une humanité universelle par Abderrahmane Sissako dans Tom
bouctou, c’est celle de
l’esprit.