Le Journal de Quebec - Weekend
Un spectacle d’envergure réussi
Indochine et Nicolas Sirkis ont su durer, 35 ans. Un phénomène, mais aussi une place dans l’histoire entre Alain Bashung et Étienne Daho. Entre rock et pop, des influences britanniques comme The Cure. Leur passé aventureux dans les eaux du rock industriel est loin derrière. Retour à de l’électropop, à la manière du manger mou.
Black City Parade ne passera pas à l’histoire; le spectacle par contre s’avère une expérience qui restera longtemps dans les coeurs et la mémoire de la légion de fans qui ont suivi cette tournée. Sirkis officie; il bat la cadence, salue, s’offre, invite à entonner, tel un prédicateur baptiste. D’un bout à l’autre, il n’hésite pas une seule seconde à repiquer des vieux clichés dont un riff ou une moulinette à la Townshend ( Kissing My Song). Ou inviter une fan émue aux larmes, cheveux bleus et piercings aux lèvres, à s’allonger sur scène avec lui pour chanter la finale d’Atomic Sky. Un ballet synchronisé, à l’analyse du montage. La conception des éclairages et le décor (scène et proscénium), ressemblant à un gamète, impressionnent. Les projections, sur écrans géants, à 180 degrés, recourbés aux extrémités, sont brillamment pensées, particulièrement lorsqu’elles récupèrent sous la forme d’une rivière le flux des écrans lumineux de cellulaires. Hé oui, il y a aussi des confettis... et bien des effets spéciaux. On n’a pas lésiné ni laissé rien au hasard. Y compris des plans en contre-plongée pour des images spectaculaires du public. Sirkis favorise la courbe, non la droite, vous aurez deviné. D’entrée de jeu, ce dernier annonce la captation du concert en lançant: «Vous savez quoi faire», la caméra de scruter les visages, particulièrement des filles et des femmes, et s’attarder lascivement à l’ondulation des corps, à la limite de l’intime. Le charismatique atteint son sommet lors des reprises des vieux «pièges à filles» dont J’ai demandé à la lune, pratiquement a capella, mais surtout Tes yeux noirs qui sonnent à la finale comme du Coldplay. Puis le paroxysme, À l’assaut, avec un bain de foule. Il y a chez Sirkis, 55 ans, l’économie d’une présence aussi physique que Mick Jagger et le charisme calculateur d’une Taylor Swift devant la caméra. Un déploiement scénique remarquable, comparable aux meilleures vedettes internationales. Assorti d’un bon documentaire. À voir.