Le Journal de Quebec - Weekend
LE RETOUR DE CHARLES BINAMÉ
Près de sept ans ont passé depuis que Charles Binamé a lancé son thriller politique Le piège américain qui se penchait sur la vie du criminel québécois Lucien Rivard. Si la sortie du film La chanson de l’éléphant marque en quelque sorte son retour au ciné
Charles Binamé a beaucoup tourné pour la télévision en anglais à Toronto ces dernières années, réalisant tant des téléfilms ( Cyberbully) que des séries à gros budgets ( Flashpoint, Durham County, The Listener). En parallèle, il a continué à travailler sur quelques projets de films en français, lesquels ne se sont malheureusement pas concrétisés pour diverses raisons. «En ce moment, on est victime d’un système qui fait en sorte qu’il y a trop de projets (de longs-métrages) pour le peu d’argent disponible», regrette le réalisateur de Séraphin et de Maurice Richard en entrevue au Journal. «On obtient rarement le feu vert des institutions (SODEC, Téléfilm) avant la troisième tentative. Et si le projet est refusé au troisième dépôt, c’est fini: cinq ans de travail à l’eau. C’est sûr que c’est frustrant. Mais personnellement, je m’estime heureux parce que la télévision à Toronto me permet de continuer à pratiquer mon métier.»
C’est donc avec bonheur que Binamé a retrouvé l’atmosphère d’un plateau de tournage de cinéma au Québec. Tourné à l’automne 2013 à Montréal, La chanson de l’éléphant lui a d’ailleurs permis de renouer avec certains collaborateurs de longue date, comme le directeur photo Pierre Gill (avec qui il a collaboré pour les films Maurice Richard et Eldorado) et la directrice artistique Danielle Labrie.
SORTIR DU HUIS CLOS
C’est le producteur Richard Goudreau ( Les Boys, Nouvelle-France) qui a d’abord approché Charles Binamé pour lui offrir la réalisation d’Elephant Song. M. Goudreau travaillait depuis quelques années à ce projet d’adaptation de la pièce du même titre, et cherchait un cinéaste qui lui permettrait de rendre cette histoire plus cinématographique.
Écrit par le dramaturge Nicolas Billon, Elephant Song met en scène un psychiatre (Bruce Greenwood) qui, pour faire la lumière sur la disparition d’un collègue, doit mener un interrogatoire auprès d’un patient perturbé (Xavier Dolan).
«Le hasard a fait que j’avais vu la pièce dix ans plus tôt», raconte Binamé.
«Je dois avouer que je n’avais rien vu de cinématographique dans la pièce parce que c’était un huis clos complet. J’avais aimé l’écriture et cette sorte de jeu d’échecs entre deux hommes. Mais au final, le film qu’on en a tiré est totalement différent de la pièce. On a ajouté des personnages, des histoires parallèles, on est sorti du bureau où se déroule toute la pièce. D’ailleurs, je suis étonné de constater que dans les festivals où on a présenté le film, les gens sont surpris
d’apprendre que c’est adapté d’une pièce de théâtre.»
Quand Binamé s’est joint au projet, Xavier Dolan avait déjà manifesté au producteur son intérêt pour le rôle du jeune patient bipolaire et manipulateur.
«Richard (Goudreau) m’a dit: Xavier est très intéressé par le rôle, mais c’est à toi de décider si tu le prends ou pas», relate Binamé.
«Mais j’ai tout de suite trouvé que c’était une super idée et que Xavier serait parfait pour le rôle.»
«J’ai voulu le rencontrer avant de faire mon choix parce que je voulais m’assurer qu’on avait la même vision du rôle et qu’il venait comme acteur. Je ne voulais pas qu’on soit deux réalisateurs sur le même plateau. Et je dois dire que j’ai senti tout de suite que ce n’était pas son intention. Il s’est totalement livré comme acteur et je n’ai jamais senti la présence de Xavier le réalisateur sur le plateau. Il aime jouer et ça se sent.»
La chanson de l’éléphant (Elephant Song) prend l’affiche vendredi (le 20 février).