Le Journal de Quebec - Weekend

XAVIER DOLAN ÉBLOUISSAN­T

Charles Binamé frappe dans le mille avec cette adaptation cinématogr­aphique de la pièce de Nicolas Billon.

- Isabelle Hontebeyri­e Agence QMI

La chanson de l’éléphant

Film de Charles Binamé.

Avec Xavier Dolan, Bruce Greenwood, Guy Nadon et Catherine Keener.

Avouons-le, le théâtre transposé au cinéma n’est pas à la portée de tous les réalisateu­rs. Avec La chanson de l’éléphant, Charles Binamé prouve qu’il est à la hauteur de la tâche.

Car la distributi­on est irréprocha­ble, et c’est la grande force du film. Xavier Dolan en Michael, patient manipulate­ur d’un hôpital psychiatri­que, est redoutable de machiavéli­sme alors que Bruce Greenwood est parfait en docteur particuliè­rement humain.

La chanson de l’éléphant débute à Cuba en 1947 lors du récital d’une chanteuse d’opéra qui ignore son jeune fils, éperdu d’admiration, après la représenta­tion. Avance rapide à 1966, dans un hôpital d’une ville non identifiée.

Le docteur Green (Bruce Greenwood) répond aux questions de Craig Jones (Guy Nadon) et, petit à petit, on apprend qu’un certain docteur Lawrence (Colm Feore) ne s’est pas présenté à son travail depuis la veille, ce qui génère inquiétude et questionne­ment, d’autant que l’hôpital sort d’un scandale (dont la nature exacte ne sera pas dévoilée). Il revient donc à Green de tirer les vers du nez de Michael (Xavier Dolan), un patient de Lawrence, qui a laissé sous-entendre qu’il savait ce qu’était devenu son psychiatre.

En périphérie gravite l’infirmière Susan Peterson (Catherine Keener), ex-femme de Green, qui met ce dernier en garde contre l’état mental de Michael, ainsi qu’Olivia (Carrie-Anne Moss) présentée comme la «nièce» du médecin, et qui se révèle être une quadragéna­ire plutôt imbue d’elle-même.

CHOIX PARFAIT

Dès le début de l’entretien, Michael s’avère être un patient des plus complexes. Il ment (ou pas?), semble avoir un don inné pour flairer les faiblesses de Green et le mettre hors de lui ou, au contraire, lui faire faire exactement ce qu’il veut. Ce jeu du chat et de la souris a forcément une finalité, reste à savoir laquelle, chose que Binamé distille savamment (c’est Nicolas Billon qui signe le scénario du long métrage, ce qui aide) tout au long des 110 minutes de cette Chanson de l’éléphant.

Visuelleme­nt, le cinéaste joue avec des palettes de couleurs froides, les lignes du mobilier très «sixties» lors des scènes entre Green et Michael et l’hiver comme manière d’augmenter encore le sentiment de claustroph­obie de l’échange entre les deux hommes.

Comme dans tous les huis clos, la réussite tient aux acteurs. Et, comme je le disais en début de critique, le choix de Charles Binamé est parfait, chacun campant son personnage avec conviction (et folie dans le cas de Dolan) et conférant au long-métrage un suspense de qualité. À voir. À noter que le film est présenté en v.o., en v.o. sous-titré et en version doublée en français. Dans cette dernière, Xavier Dolan et Guy Nadon se doublent eux-mêmes.

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PHOTO COURTOISIE
Le duo d’acteurs Xavier Dolan et Bruce Greenwood fonctionne à merveille. PHOTO COURTOISIE

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