Le Journal de Quebec - Weekend

LE ROMAN QUI A INSPIRÉ LA SÉRIE- ÉVÉNEMENT

Ancien journalist­e politique puis secrétaire général du Parti conservate­ur sous Margaret Thatcher, l’écrivain britanniqu­e Michael Dobbs a puisé dans ses expérience­s profession­nelles pour écrire le roman House of Cards, dont est inspirée la série diffusée

- Marie-France Bornais Le Journal de Québec Il y aura 13 épisodes. (www.netflix.com) Michael Dobbs, aujourd’hui anobli, est l’auteur de thrillers politiques numéro un au Royaume-Uni.

Dans le roman original publié en 1989 et réédité chez Bragelonne en français – un délice page après page –, Francis Urquhart est bien décidé à se servir de tous les secrets des partis politiques qu’il connaît pour devenir premier ministre. L’adaptation télévisée de Netflix se déroule dans la capitale américaine. Frank Underwood (Kevin Spacey), un démocrate de la Caroline du Sud, élabore avec sa femme Claire (Robin Wright) un plan machiavéli­que pour accéder au pouvoir.

Joint à son domicile du Royaume-Uni, Michael Dobbs, maintenant baron et membre de la Chambre des lords, dit être «délirant, fou, content» de l’immense succès de House of Cards. «C’est l’expérience profession­nelle la plus heureuse de ma vie! Je suis très heureux de dire que le projet a atteint un tel degré de perfection que, si je tombais de mon avion, à 30 000 pieds, ça pourrait continuer.»

Michael Dobbs se souvient très bien des deux événements qui ont donné naissance à House of Cards, publié en 1989. Le premier remonte à l’époque où il était secrétaire général de Margaret Thatcher.

«Elle m’a jeté dehors. Ce commentair­e a l’air amer, mais je ne le suis pas du tout. La politique est une business très dure et si vous ne pouvez pas le prendre, n’y allez pas. Avec elle, j’ai eu une place au premier rang pendant plusieurs années. Les grandes personnali­tés ne sont pas nécessaire­ment des gens agréables à côtoyer. C’était le cas avec Margaret. Nous avons eu un froid et c’était dans la foulée de cette chicane que l’idée de

House of Cards est arrivée.»

DEUX INITIALES...

Michael Dobbs a décidé de mettre quelques idées sur papier pour voir s’il pouvait écrire un livre. «Après une bouteille de vin, tout ce qui était écrit sur mon carnet, c’était deux initiales: F.U. Vous pouvez probableme­nt conclure que j’avais besoin d’une thé- rapie et que j’étais aux prises avec une certaine forme de traumatism­e! Je me suis demandé ce que F.U. pouvait vouloir dire... Et c’est devenu les initiales d’un des personnage­s, Frank Underwood, et c’est aussi devenu son personnage. C’est un type qui roule tout le monde.»

Ses propres expérience­s lui ont beaucoup servi. «Le premier livre s’est beaucoup écrit à partir de ce que j’ai observé dans la réalité. Je me suis inspiré de petits bouts de ma vie. Je dois vous dire cependant que je n’ai pas encore trouvé de premier ministre qui assassinai­t un journalist­e, même si je connais bien des premiers ministres qui auraient souhaité le faire», dit-il avec humour.

L’écrivain garde en mémoire tous les défis qu’il a dû relever pour écrire son livre. «Ce livre parlait de politique, de gens et d’incidents que j’avais connus et traversés. Je me demandais si c’était pour couper complèteme­nt mes contacts avec mes amis du milieu de la politique. S’ils allaient me tourner le dos en me disant qu’ils ne pouvaient plus me faire confiance, car j’allais écrire à leur sujet. Je m’attendais à être retiré de leur liste d’envoi de cartes de Noël. Eh bien non! C’est le contraire qui s’est produit. Des amis politicien­s ont couru après moi en me disant: “Oh, c’est tellement amusant, ce personnage, F.U., c’était moi, n’est-ce pas?”» Il assure que les politicien­s adorent le

showbusine­ss. «Ils aiment être sous les feux de la rampe. S’ils sentent qu’ils le sont dans ce livre – peu importe qu’ils soient méchants ou non –, c’est encore plus amusant pour eux!»

La troisième saison de la série House of Cards en version anglaise prend l’affiche le 27 février sur le réseau Netflix.

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