Le Journal de Quebec - Weekend
Puissant retour de Magma
Pour les fans, la parution d’un nouvel album est en soi un événement, et celui-ci ne fera pas exception.
Rappelons que Magma est un groupe de rock français fondé en 1969 par le batteur Christian Vander. Il détonne dans le paysage musical en alliant rock fusion à la puissance du Mahavishnu Orchestra, une esthétique par ailleurs plus sombre, annonçant l’engouement à venir pour le métal, du chant choral puisant à la fois dans le minimalisme et les chants rituels. Le tout est enveloppé dans une trame narrative de science-fiction, l’exode d’humains vers une planète fictive, Kobaïa, et une langue inventée, le zeuhl. Vander entretient volontiers le mythe et la bizarrerie autour de la signature. Plus prosaïquement, la composition s’aligne sur les géants du jazz rock. Coltrane et son batteur Elvin Jones sont les références d’usage de Vander pour la critique, tant pour le fond que pour la technique.
Les concerts sont des événements collectifs proposant une «expérience». Une incongruité dans le monde du spectacle en France. Puis, arrive la consécration en 1973, avec Mekanik Destruktiw
Kommandô, considéré par plusieurs comme l’oeuvre qui va définir le style.
Magma est aussi une école-laboratoire pour plusieurs des meilleurs musiciens français, dont le violoniste Didier Lockwood ou le bassiste Jannick Top. Certaines sources évaluent le roulement à plus de 150 musiciens, chanteurs et chanteuses durant les 45 années d’exis- tence du groupe.
Un cheminement interrompu à plusieurs reprises, mais un retour en force depuis une dizaine d’années. Leurs tournées internationales sont suivies avec intérêt et leurs concerts-marathons de plus de deux heures et de quatre ou cinq titres de 20 à 25 minutes sont la norme.
Sous format MP3 ou en magasin sera sur le marché cette semaine le nouveau CD Slag
Tanz (prononcez Schlag Tanz). Un programme de huit courtes pièces qui s’écoute comme une suite, durant à peine une vingtaine de minutes et décrit par Vander comme une «jazz métal symphonie».
On y retrouve le Magma classique, soit une rythmique puissante et hypnotique, du chant choral rituel qui rappelle le Carl Off de Carmina Burana et des lignes mélodiques de basse empruntées à Black Sabbath.
La surprise consiste en une pulsation sourde et majestueuse, soutenue au vibraphone et liant le tout en une seule oeuvre. Le minimalisme de Reich se fait discrètement sentir ( Slag Tanz), les arrangements choraux faisant penser à Zappa ( Le silence des mondes). D’une concision et d’une clarté remarquables.
Cette pièce a été développée en concert depuis plusieurs années et elle sert de carte de visite pour une tournée nord-américaine au printemps. Au Festival de musique actuelle de Victoriaville et à Québec, pour leur première visite au Québec, en mai prochain. Un rendezvous pour tout «proghead».