Le Journal de Quebec - Weekend
BETTY BONIFASSI
CHANTS D’ESPOIR ET D’ESCLAVES
Betty Bonifassi a visiblement mis le doigt sur quelque chose avec cette idée de moderniser des chants d’esclaves du début du XXe siècle, dans un amalgame de blues, de soul, de funk, d’électro et de rock.
Invitée au festival de musique GénériQ, à Mulhouse, en France, il y a un mois, la chanteuse originaire de Nice a visité la Maison de la négritude et des droits de l’homme.
Ce musée, situé à Champagney, en France, retrace l’histoire des esclaves.
«Les gens de cette commune ont été les premiers à dénoncer l’esclavage comme une pratique barbare et une horreur sans nom. Le premier amendement du Cahier de doléances
de Champagney, rédigé en 1789, est un refus global de l’esclavage. Abraham Lincoln s’en est inspiré pour un des 27 amendements de la Constitution des États-Unis. Cette synchronicité avec mes recherches est magique et hallucinante. C’est un après-midi que je n’oublierai jamais», a-t-elle lancé, précisant qu’on lui avait même remis les clés de la ville.
LE PASSÉ
La chanteuse est de retour sur les planches avec le spectacle Chants d’esclaves, chants d’espoir qu’elle a présenté une trentaine de fois.
«Les gens viennent nombreux et j’ai de très beaux commentaires jusqu’à maintenant», a-t-elle indiqué. Lors de cette courte tournée, Betty Bonifassi interprétera essentiellement des pièces de son premier disque solo, qui se veut un hommage à la résilience, à la dignité et à la beauté des esclaves africains qui ont été déportés en Amérique pour servir de main-d’oeuvre forcée.
«Nous allons aussi faire deux pièces qui font partie de ce projet et qui ne sont pas présentes sur le disque», a-t-elle fait remarquer.
Dans ces concerts, Betty Bonifassi a choisi de ne pas revisiter les pièces issues de ses collaborations avec Benoît Charest ( Les triplettes de Belleville), DJ Champion et le projet Beast.
«Il n’y aura pas de medleys avec ces chansons. Le passé est le passé. Ma carrière commence avec cet albumlà», a-t-elle laissé tomber.
ÉNERGIE TELLURIQUE
La chanteuse n’a pas fait de mise en scène afin d’ancrer sur les planches la thématique entourant cet album.
«Je donne quelques explications, de façon très sommaire, mais c’est d’abord et avant tout un spectacle de musique. C’est un show qui rentre dedans. J’aime communiquer cette énergie tellurique avec les gens et qu’on se lance la balle durant deux heures. J’aime cette énergie, et c’est quelque chose qui me galvanise. J’aurais peut-être, un jour, besoin d’introspection avec les gens, mais pas pour l’instant», a-t-elle fait savoir en éclatant de rire.
Accompagnée sur scène par Jean-François Lemieux (basse et échantillonnage), Martin Lizotte (claviers) et Benjamin Vigneault (batterie), Betty Bonifassi précise qu’elle ne se laisse pas emporter par les sévices vécus par les Noirs au temps de l’esclavage.
«Ces chansons sont des chants de résilience. Jamais au grand jamais, je pense au misérabilisme lorsque je les chante. C’est de la joie profonde et c’est libérateur», a-t-elle précisé.