Le Journal de Quebec - Weekend

Un autre monde à deux heures de Montréal

- Gilles Proulx Collaborat­ion spéciale

Je vous parle souvent de villes situées à l’autre bout du monde. Je fais changement aujourd’hui. L’été dernier, j’ai eu un moment d’exaspérati­on et, pour me changer les idées, j’ai décidé de faire un voyage d’un jour. Voilà ce qu’il y a de bien avec cette destinatio­n qui est un peu moins loin de Montréal que ne l’est Québec: les Mille-Îles (ou Thousand Islands).

Croyez-le ou non, je n’y étais encore jamais allé. Dans le long couloir de ma mémoire, je me souviens de ma vieille grand-mère qui, dans les années 1940, avait visité ces îles et en était revenue enchantée. Elle avait vu des grandes maisons de luxe. Ses descriptio­ns ne se sont jamais effacées de ma mémoire, et, avec une soixantain­e d’années de retard, j’ai finalement pu les situer dans la réalité. Ces demeures qui avaient ébloui grand-maman ont beaucoup vieilli: certaines semblent désormais kitsch. La plus spectacula­ire, le château de Boldt, est un «monstre» de 120 pièces. Quelques centaines de personnes oeuvraient à cet immense chantier lorsque, en 1904, la tragédie a frappé: secoué par la mort de sa femme, M. Boldt fit immédiatem­ent cesser les travaux et n’eut jamais le coeur d’aller y vivre. Sans le savoir, George Boldt, directeur général du Waldorf-Astoria, venait de donner aux Mille Îles sa principale attraction touristiqu­e. Pendant 73 ans, le château inachevé fut totalement laissé à l’abandon. Depuis les années 1970, des travaux de restaurati­on et d’entretien tiennent cet étrange bâtiment debout. Et des dizaines de bateaux de touristes tournoient autour tous les jours.

J’ai fait la croisière des gens pressés: celle qui ne dure qu’une heure, à partir de Rockport, et qui vous donne la plus belle vue sur ces îles qui parsèment le Saint-Laurent ontarien. Pour 17 $. Incroyable de penser que nos ancêtres passaient par ici en canot pour se rendre aux Grands Lacs!

Quand je suis revenu à Montréal avant le coucher du soleil, personne ne se doutait que je venais de «faire un voyage» qui m’a transporté dans le temps. Que voulez-vous, chers lecteurs! pas besoin de payer cher et d’aller loin pour s’émerveille­r.

 ??  ?? Après la petite maison dans la prairie, voici la petite maison dans le Saint-Laurent. Est-ce que les vagues s’invitent parfois dans la cuisine quand on laisse la porte ouverte? PHOTOS COURTOISIE, GILLES PROULX
Après la petite maison dans la prairie, voici la petite maison dans le Saint-Laurent. Est-ce que les vagues s’invitent parfois dans la cuisine quand on laisse la porte ouverte? PHOTOS COURTOISIE, GILLES PROULX

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