Le Journal de Quebec - Weekend
Souviens-toi
Le nouveau film d’Atom Egoyan est assuré de diviser les cinéphiles qui, au choix, verront cette histoire comme une parabole ou choisiront de n’en retenir que les incohérences.
Et c’est la force de la remarquable prestation de Christopher Plummer qui m’a fait préférer la première option.
Zev Guttman (Christopher Plummer) réside dans un hospice confortable. Rescapé d’Auschwitz – le numéro tatoué à son avant-bras ne laisse aucun doute sur son passage dans le camp d’extermination –, il vient de perdre sa femme, malade d’un cancer. Et comme il est atteint de démence, ses souvenirs lui reviennent en pointillés.
Profitant de l’un des moments de lucidité de Zev, son ami Max (Martin Landau), autre survivant du camp, lui rappelle leur arrangement. Puisque Zev est veuf, il peut désormais traquer Rudy Kurlander, le nazi qui les a tourmentés et qui a tué les familles des deux hommes. Confiné dans un fauteuil roulant, Max a passé des années à localiser le tortionnaire et il appartient désormais à Zev de le tuer. Il y a quatre Rudy Kurlander vivant en Amérique du Nord. Zev s’échappe donc de la maison de retraite pour aller rendre visite à chacun d’entre eux.
BRIBES DE SOUVENIRS
On ne peut qu’admirer ce vieillard frêle, malade, à la démarche hésitante, alors qu’armé de la lettre de Max lui rappelant sa mission, il parcourt les ÉtatsUnis et le Canada à la recherche d’un homme dont sa mémoire défaillante conserve le son de la voix.
Malgré sa démence, Zev conserve des bribes de souvenirs d’Auschwitz, qui se manifestent sous forme de réflexes de peur en entendant un chien aboyer ou des bruits soudains. Sa rencontre avec l’un des fils de Rudy Kurlander (Dean Norris de Breaking Bad), un néonazi qui collectionne les souvenirs du Troisième Reich, lui fait revivre la peur abjecte éprouvée dans le camp.
QUESTIONS ÉTHIQUES
Des questions surviennent auxquelles il est impossible de répondre en quelques lignes. À partir de quel moment un bourreau a-t-il expié son crime? Peut-on encore juger un vieillard à l’aune des crimes de sa jeunesse? Car ce qu’on demande à un criminel est d’éprouver des remords. Le fait de vivre,