Le Journal de Quebec - Weekend

— Marina Orsini revient sur les 25 ans de la série mythique

Avoir un rôle marquant à la télévision et porter une étiquette en tant qu’acteur, c’est un peu comme un chanteur qui fait un «hit» et qui devra le jouer en concert pour le reste de sa vie. Marina Orsini est consciente qu’elle devra encore, pour longtemps,

- Sandra Godin SANDRA.GODIN@QUEBECORME­DIA.COM

Cette semaine, une des dix émissions les plus écoutées de la télévision québécoise célébrait ses 25 ans, alors que la publicatio­n littéraire d’Arlette Cousture célèbre ses 30 ans. La première émission des Filles de Caleb a tout d’abord été diffusée le 18 octobre 1990.

Marina Orsini parle encore de ce rôle marquant avec bonheur et une grande fierté. «Je ne considère pas que je vis avec des étiquettes, souligne celle qui a aussi endossé les rôles de Suzie Lambert et Lucille Teasdale. Si ça m’avait obligé à rester chez nous, j’aurais peut-être été moins heureuse, mais ça m’a ouvert les portes d’autres projets importants. Même à ce jour, Les filles de Caleb, je porte encore ça fièrement. C’est une série qui vieillit tellement bien.»

Marina Orsini avait 22 ans quand elle a obtenu le rôle d’Émilie Bordeleau, grâce au réalisateu­r Jean Beaudin qu’elle avait connu sur le plateau de la série L’or et le papier.

«Jouer une institutri­ce, c’était un rêve qui se réalisait, raconte-t-elle à l’autre bout du fil. J’ai joué à la maîtresse d’école toute mon enfance. Donc de me retrouver dans une vraie classe avec mon vrai tableau... la petite fille en moi ne le croyait pas.»

Son défi en tant qu’actrice était d’amener le personnage jusqu’à la mort. «Émilie Bordeleau est décédée à 64 ans, 65 ans. De la commencer à 18 ans... J’avais des boîtes et des boîtes de textes.»

LES « ANNÉES D’OR »

Les filles de Caleb ont nécessité 180 jours de tournage sur deux ans, en Mauricie. «C’était du jamais-vu, et on n’a jamais revu ça non plus, précise l’animatrice et comédienne. Je me suis même retrouvée dernièreme­nt avec Arlette Cousture et Jean Beaudin, et on se disait qu’on était chanceux d’avoir connu les années d’or de la télé au Québec.»

«On a vu défiler les quatre saisons. Je pense que tous les acteurs du Québec rêvaient de se retrouver sur ce plateau-là, ne seraitce qu’une journée, a-t-elle ajouté. C’était un village complet qui avait été recréé. On était transporté à une autre époque, mais physiqueme­nt aussi. Avec les décors, les coiffures, les costumes... j’étais dans une époque que je n’avais pas connue. C’était magique, c’était extraordin­aire.»

Marina Orsini se souvient avoir perdu son père pendant le tournage. «Oui, il y a beaucoup d’anecdotes de plateau, mais surtout, beaucoup d’anecdotes de vie. Mon père est tombé malade, est décédé. Il y a eu des mariages, des divorces, des naissances... On a vécu tellement de choses ensemble, et c’est ce qui fait en sorte que c’était un plateau tellement spécial.»

Impossible de ne pas lui parler de sa relation avec Roy Dupuis, dont la complicité crevait l’écran. «On sera toujours proche dans le coeur, Roy et moi», confie-t-elle.

SUCCÈS INSTANTANÉ

Les cotes d’écoute ont souvent frôlé les quatre millions de personnes, un exploit encore très rare de nos jours. «Le soir de la diffusion, les rues étaient vides, les hôpitaux étaient vides, les magasins aussi.»

«Je pense qu’au départ, les Québécois sont assoiffés de ça, ont besoin de se rappeler d’où ils viennent, pour mieux savoir où ils vont, explique-t-elle. Les filles de Caleb, c’est l’histoire du Québec. Et cette série-là nous a fait connaître à travers le monde. Combien d’immigrants sont ici et me disent que c’est grâce à nous s’ils ont connu le Québec.»

Des Filles de Caleb, Marina Orsini a certes beaucoup de souvenirs, de photos. Elle a aussi conservé les prix que ce rôle lui a apportés, comme le prix Gémeaux de la meilleure actrice en 1991. Mais du plateau, elle a toujours conservé la cloche d’école d’Émilie. «Et je la garde précieusem­ent», conclut-elle.

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