Le Journal de Quebec - Weekend
MAJESTUEUX, MAIS INÉGAL
Le livre de la jungle ∂∂∂Σ
Film de Jon Favreau Avec Neel Sethi, Leïla Bekhti, Eddy Mitchell
Le livre de la jungle de Jon Favreau est une prouesse d’une beauté exceptionnelle sur le plan technique, qui mérite d’être vu en 3D.
Mowgli (Neel Sethi) est un garçon d’une dizaine d’années, élevé dans la jungle, en Inde, par une meute de loups. Dès les premières images, nous sommes immergés dans son «entraînement» de louveteau sous l’oeil sévère, mais aimant, de Bagheera la panthère. Peu à peu, le scénario de Justin Marks, un mélange des oeuvres de Rudyard Kipling, du dessin animé des studios Disney de 1967 et de son imagination, raconte les origines de ce «petit d’homme», confié à la meute d’Akela par Bagheera et élevé par la louve Raksha.
Sont aussi expliquées avec toute la gravité poétique intrinsèque au sujet, la loi de la jungle, récitée quotidiennement par les loups, la trêve observée en période de sécheresse (cette scène est d’une beauté indéniable), ainsi que la querelle qui oppose le féroce tigre Shere Khan et Mowgli. Car, obligé de quitter la meute, Mowgli s’enfonce dans la jungle en direction du village des hommes, ce qui lui permettra d’avoir accès à la Fleur rouge.
En chemin, il croise le serpent hypnotiseur Kaa (voix d’Ariane Moffatt, moins convaincante que celle du dessin animé) – une scène réussie, quoique trop courte –, et fait la connaissance de l’ours Baloo (voix de Laurent Paquin), avec qui il ira trouver Louie (voix de Normand D’Amour), le roi des singes.
UNE JUNGLE LUXURIANTE TOURNÉE EN STUDIO
Une kyrielle de messages profonds – l’appartenance au clan, la nature profonde de l’homme, son rapport à la nature, etc. – et de scènes émouvantes sont livrés avec une simplicité et une mesure qui font honneur à l’équipe de cette super production. Car la magie de ce long métrage, entièrement filmé en studio avec des animaux créés en images de synthèse, est perceptible dès les premières minutes. Le monde de Kipling imaginé et créé sous la houlette de Jon Favreau est une jungle luxuriante, aux mille et un animaux au pelage réaliste et aux lieux extraordinaires.
QUELQUES POINTS DE DÉCEPTION
De petits bémols émaillent malheureusement ce Livre de la jungle. À trop vouloir se réclamer du dessin animé, le réalisateur a eu la mauvaise idée d’incorporer la chanson de Baloo ( Il en faut peu pour être heureux), qui détonne avec le reste du long métrage, beaucoup plus subtil et dans lequel chaque animal possède ses notes musicales très discrètes.
Autre point de déception et qui, là aussi, jure avec le reste en venant briser le rythme: le nombre de scènes «d’action» (courses, poursuites, escalades, etc.) destinées sans doute à satisfaire un jeune public, gavé aux super héros de toutes sortes.