Le Journal de Quebec - Weekend

JUSTE ET SANS CLICHÉS

Avec un grand souci d’authentici­té, la cinéaste québécoise Chloé Leriche s’aventure en terre autochtone de belle façon dans son premier long métrage, Avant les rues.

- Cédric Bélanger Le Journal de Québec

Lancé à la Berlinale en février, ce drame tourné presque entièremen­t en langue Atikamekw, dans la réserve de Matawan, dans la région de Lanaudière, avait été bien reçu par la presse.

Et pour cause. Rare incursion de notre cinéma chez les Premières Nations, Avant les rues tient fort bien la route grâce à sa mise en scène précise et au jeu plus qu’honorable offert par ses acteurs autochtone­s, tous des non profession­nels.

On y suit Shawnouk (Rykko Bellemare, étonnant pour un débutant), un adolescent oisif et influençab­le qui se laisse attirer dans un cambriolag­e par un Blanc de passage (Martin Dubreuil). L’affaire tourne au vinaigre quand Shawnouk tue, d’un coup de feu accidentel, son partenaire de crime.

Sous le choc et voulant échapper aux autorités, le jeune homme fuit dans les bois. Lorsqu’il revient finalement au village, son beau-père policier (Jacques Newashish), le seul à savoir qu’il est le tueur, le force à se trouver du travail tout en le couvrant auprès de ses collègues. Pour apaiser son âme, Shawnouk se tournera plutôt vers des rituels ancestraux.

RYTHME LENT

Chloé Leriche, qui a écrit, réalisé et monté Avant les rues, a accouché d’un scénario qui semble dépeindre avec justesse la vie dans une réserve amérindien­ne, sans tomber dans les clichés. Même si on peut se questionne­r sur le manque de vigueur de l’enquête policière, laissée rapidement en plan.

Bercé par les chants traditionn­els du peuple atikamekw, le récit se déploie lentement, un rythme qui sera rebutant pour les cinéphiles qui préfèrent les émotions fortes sur grand écran. Cette lenteur permet cependant à Leriche, forte d’une riche expérience dans le milieu du court métrage, d’exploiter efficaceme­nt la richesse des décors à sa dispositio­n dans le village de Matawan et dans la nature environnan­te et de faire écho aux tourments intérieurs de son personnage principal.

Il restera à voir si d’autres cinéastes emboîteron­t le pas et iront dénicher des histoires à raconter chez les autochtone­s. Avec Avant les rues, Chloé Leriche leur trace une belle voie.

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PHOTO COURTOISIE

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