Le Journal de Quebec - Weekend
Jeunesse éternelle
Richard Séguin a toujours le feu sacré. Cinq ans après avoir lancé Appalaches, le musicien est de retour avec un album intitulé Les horizons nouveaux. Inspiré, engagé, authentique, cet opus est tout à fait à l’image de son créateur qui, 45 ans après ses d
«Mon bonheur, c’est de faire des chansons, confie Richard Séguin, précisant que la retraite est un concept qui n’existe pas dans son esprit. C’est Félix Leclerc qui disait qu’un vieux pommier ne donne pas de vieilles pommes. Vieillir ne me fait pas peur.»
Même s’il comprend quelques tableaux plus acoustiques ( P’tit frère, Dans mon
coeur), ce disque de 11 pièces est plus rythmé que son prédécesseur. Réalisé et arrangé «à trois» avec ses complices Hugo Perreault et Simon Godin, Les
horizons nouveaux se veut principalement un album folk.
«Nous voulions aller ailleurs, c’était clair dès le départ. Cependant, nous voulions quand même conserver un certain sentiment de proximité, a-t-il dit. J’aime l’idée de vieillir dans le folk. Ça correspond à mon système nerveux. C’est moins dans l’éclatement, plus dans l’intime.»
APPEL À L’OUVERTURE
Richard Séguin aborde plusieurs thèmes sur Les horizons nouveaux, son 14e album solo. En plus de chanter la liberté et le temps qui passe, il s’est aussi penché sur des faits marquants de l’actualité comme la dévalorisation des régions, l’exploitation des ressources naturelles et la crise des réfugiés syriens.
«Pour moi, Les horizons nouveaux, c’était un souhait, autant sur le plan social que sur le plan du bien commun ou de l’accueil qu’on réserve aux immigrants», a-t-il expliqué.
«Récemment, notre village a été déclaré dévitalisé, a enchaîné celui qui vit à Saint-Venant-de-Paquette, dans les Cantons-de-l’Est, depuis 40 ans. La première chose que nous avons faite, ç’a été de nous réunir. De là sont nées plusieurs initiatives. Je ne me sens pas du tout dans une tour d’ivoire. Je me sens citoyen. Ça se reflète dans ce que j’écris. Je suis influencé par ce que je vis. Il y a des tableaux qui sont plus de l’ordre de l’intime, mais souvent, je sens que j’ai une responsabilité de prendre la parole.»
Bien qu’il n’ait pas la prétention de «changer le monde» avec ses chansons, le musicien croit tout de même au pouvoir rassembleur de la musique lorsque vient le temps de faire bouger les choses.
«Nous mettons des mots sur des questionnements, des inquiétudes ou des revendications. Dans mon cas, ce n’est pas que je cours après cela, ça vient naturellement.»
COLLABORATIONS
Richard Séguin a fait appel aux talents de quelques amis pour son disque. C’est ainsi que l’on peut entendre, sur la pièce d’ouverture Quand on ne saura plus
chanter, David Lavergne, chanteur du groupe indie-folk Bears of Legend.
«David s’est beaucoup investi. Il m’a donné des conseils pour le texte de la chanson, a-t-il révélé, précisant qu’il était toujours ouvert aux suggestions de ses collaborateurs, sans égard au nombre d’années d’expérience qu’ils cumulent. Ç’a vraiment été une belle rencontre. Nous avons enregistré la pièce dans leur studio, en Mauricie. On peut dire que c’est un album de région.» La pièce Roadie, un hommage aux techniciens qui travaillent dans l’ombre, a pour sa part été enregistrée aux côtés de Vincent Vallières, Patrice Michaud et Myëlle, qui joue également du violoncelle sur l’album.
«Je voulais rendre hommage à ces gens qui travaillent dans l’ombre. Les rares fois où j’ai joué en France, on me disait de ne pas adresser la parole aux techniciens. C’était très hiérarchisé. Ici, c’est complètement l’inverse. Quand je pars en tournée, tout le monde donne son avis. Souvent, c’est mon éclairagiste et mon technicien du son qui vont m’aider à déterminer l’ordre des chansons présentées.» À compter du mois de septembre, le chanteur reprendra la route dans une formule à quatre, aux côtés des musiciens qui ont travaillé avec lui sur son album. Il se produira un peu partout dans la province.