Le Journal de Quebec - Weekend

D’AMOUR AU QUOTIDIEN

- Marc-André Lemieux Le Journal de Montréal marc-andre.lemieux@quebecorme­dia.com

Figure bien connue du grand public depuis 25 ans, Guylaine Tremblay passe rarement incognito quand elle sort de chez elle. En fait, partout où elle met les pieds, les gens la saluent avec enthousias­me. «On vous aime, Madame Tremblay!» «Vous êtes belle!» «Vous êtes tellement bonne dans Unité 9! » En entrevue au Journal, la comédienne avoue s’être habituée à «cette dose quotidienn­e d’amour». Elle s’y est tellement fait que récemment, au cours d’un voyage à l’étranger, elle s’est tournée vers son conjoint en disant : «Le monde est ben bête ici… Personne ne salue personne…»

C’est seulement après avoir compris qu’elle était en train d’expériment­er ce que tous les gens «ordinaires» vivent chaque jour que Guylaine Tremblay a éclaté de rire. «Mon chum m’a regardée en disant: “Le monde est toujours comme ça avec moi à Montréal! Ce n’est pas parce que les gens sont bêtes qu’ils ne t’envoient pas la main. C’est parce qu’ils ne te connaissen­t pas ici!” Ça m’a fait réaliser que ça fait tellement longtemps qu’on me sourit dans la rue que j’ai oublié comment c’était avant!» s’exclame la chouchoute des téléspecta­teurs.

Demain soir, Guylaine Tremblay recevra sans doute plusieurs autres marques d’affection du public québécois… mais sous forme de trophées. L’interprète de Marie Lamontagne dans Unité 9 fait effectivem­ent partie des finalistes dans deux catégories au Gala Artis: Rôle féminin/téléroman et Personnali­té féminine. La vedette court ainsi la chance de remporter ses 18e et 19e statuettes dorées au prestigieu­x rendez-vous.

SERVIR LA CAUSE

Diplômée du Conservato­ire d’art dramatique de Québec en 1984, Guylaine Tremblay a commencé sa carrière au théâtre avant de décro-

MA PLUS GRANDE RESPONSABI­LITÉ, C’EST DE RENDRE LES GENS HEUREUX. LES ARTISTES, ON EST DES AMUSEURS PUBLICS. IL FAUT FAIRE RÊVER LES GENS. IL FAUT LES FAIRE RIRE, LES FAIRE PLEURER, LES FAIRE RÉFLÉCHIR. »

cher quelques rôles secondaire­s au petit écran ( Le club des 100 watts, L’amour avec un grand A). C’est en 1993, en jouant Caro dans La petite vie qu’elle a vu sa cote de popularité monter en flèche.

«C’était fou, se rappelle la partenaire de jeu de Marc Labrèche, Claude Meunier et Serge Thériault. Notre vie a changé du jour au lendemain. On se faisait reconnaîtr­e partout.»

C’est à cette époque que Guylaine Tremblay a réalisé qu’elle pouvait mettre sa célébrité au service de bonnes causes.

«Ça fait en quelque sorte partie de mon travail, dit-elle. On a tous quelque chose à donner. Chaque être humain peut être un agent de changement.»

Voilà pourquoi, depuis maintenant neuf ans, Guylaine Tremblay est la marraine de La Maison Bleue, un centre de périnatali­té sociale qui accompagne les familles en difficulté pendant et après la grossesse. Et bien qu’elle refuse toute autre propositio­n d’être porte-parole, la comédienne soutient plusieurs autres organismes.

«Si Ève Landry ou Isabel Richer me demandent de participer à une soirée-bénéfice, je vais dire oui. L’entraide, la communauté, j’y crois beaucoup. La vie est très bonne pour moi. Je gagne la mienne en pratiquant un métier que j’aime, ce qui n’est pas donné à tout le monde. L’implicatio­n, c’est une façon de redonner. Pour moi, c’est important de faire ma part… pas seulement pour divertir les gens, mais pour les aider quand ils en ont besoin.»

CONTACT FACILE

Guylaine Tremblay dit avoir toujours été facile d’approche. Au secondaire, elle n’a jamais manqué d’amis. Et aujourd’hui, les gens n’hésitent pas à venir la voir quand elle fait ses courses aux Galeries d’Anjou.

«J’ai un contact facile avec le monde, révèle la détentrice d’un DEC en éducation spécialisé­e. C’est probableme­nt la façon dont mon frère et moi avons été élevés. Nos parents sont des gens authentiqu­es. Ils sont les mêmes avec tout le monde: ils sont fins avec le concierge… et ils étaient fins avec Céline Dion quand ils l’ont rencontrée à Las Vegas en février! Ils nous ont toujours enseigné le respect des autres. Ils nous ont toujours dit qu’il fallait s’inté- resser aux autres. En tant que comédienne, ça m’aide beaucoup, parce que ma matière première, c’est les gens.»

UNE NOTORIÉTÉ FACILE À GÉRER

La notoriété n’a jamais été un fardeau pour Guylaine Tremblay. Alors que certains acteurs et chanteurs voudraient parfois retrouver l’anonymat, la lauréate de 7 prix Gémeaux, 1 Olivier, 1 Jutra et 1 Masque gère plutôt bien toute cette attention.

«J’ai toujours trouvé ça facile… parce que les gens sont d’une extrême gentilless­e avec moi, remarque la comédienne de 55 ans. Ils sont très respectueu­x. C’est sûr qu’une fois tous les dix ans, tu rencontres un colon, mais il est colon avec tout le monde, alors qu’est-ce que tu veux faire? Autrement, c’est juste de l’amour.»

Bien qu’elle ait remporté 8 des 11 derniers prix Personnali­té féminine au Gala Artis, Guylaine Tremblay refuse de considérer cette avalanche de trophées comme une pression d’être «un modèle à suivre».

«Si j’avais cultivé une image de perfection, ce serait terrible. Ça serait particuliè­rement lourd à porter. Mais je n’ai pas changé. Je suis simplement quelqu’un d’ordinaire qui exerce un métier hors de l’ordinaire. Je suis pareille partout. Quand j’allais reconduire mes enfants à l’école, l’hiver, je faisais souvent dur avec mon gros manteau par dessus mes pantalons de pyjama. Mais je ne me suis jamais dit: tu ne peux pas faire ça! Qu’est-ce que les gens vont penser? Ça ne m’a jamais dérangée. J’en m’en fous.

«Ma plus grande responsabi­lité, c’est de rendre les gens heureux. Les artistes, on est des amuseurs publics. Il faut faire rêver les gens. Il faut les faire rire, les faire pleurer, les faire réfléchir... Pour y arriver, je dois donner le meilleur de moi-même au travail, en m’assurant de composer des personnage­s authentiqu­es. C’est ça, ma job.»

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