Le Journal de Quebec - Weekend

«JE PROFITE DE CHAQUE INSTANT»

Le public québécois porte un amour indéfectib­le à Francis Cabrel, même après plus de 30 ans: il a vendu plus de 25 000 billets pour la tournée In Extremis, qui débute mardi à La Baie. Profitonse­n. Car en entrevue, l’artiste de 62 ans soutient qu’il voit d

- Sandra Godin sandra.godin @quebecorme­dia.com

« Le succès, ce n’est pas des chiffres. Je crois que c’est de l’estime, c’est d’arriver à toucher le coeur des gens avec des histoires sensibles. Je crois qu’on a réussi quand on a ça. Et c’est aussi que les gens ne m’oublient pas, même après quelques mois de silence.» — Francis Cabrel, au sujet des 21 millions d’albums vendus durant sa carrière

On ne sait pas si son public le lui permettra, mais le créateur de Petite Marie avoue qu’il y pense.

«Je pense que je vais m’arrêter un jour, confie-t-il quand on lui parle de l’avenir. Quand? Je ne sais pas. Mais ça ne va pas tarder. J’ai peur qu’il y ait une lassitude qui s’installe... J’ai beaucoup de choses à faire chez moi et je n’aime pas être loin de ma famille. Et puis je n’ai aucune capacité à me réinventer.»

Alors que de nombreux artistes se cassent la tête pour trouver un moyen de se réinventer pour chaque album et de faire les choses différemme­nt, Francis Cabrel, lui, aime encore vagabonder sur le chemin qu’il a tracé.

«Le défi de me réinventer, c’est réglé, je l’ai oublié depuis longtemps, dit-il en riant. J’ai compris que je n’étais pas assez musicien pour me réinventer. David Bowie s’est réinventé tous les cinq, six ans. Moi, j’aime les mêmes sillons, j’aime les mêmes choses, je suis incapable de sortir de ce qui m’a constitué. C’est la musique que j’ai toujours aimée.»

Même s’il envisage peut-être de s’arrêter, Francis Cabrel n’est pas prêt à se considérer comme une légende. «C’est un peu tôt encore, dit-il en riant, mentionnan­t que pour lui, une légende, c’est Jacques Brel. Peut-être que si un jour, on m’invite à cette table, je serai content.»

APPRÉCIER LE MOMENT PRÉSENT

Sur son dernier album, In extremis, Francis Cabrel évoque l’urgence de vivre. Pour la première fois de sa carrière, il regarde son public droit dans les yeux sur la pochette de l’album. Volontaire? «Oui. Avec le temps qui passe, il faut regarder les gens dans les yeux, arrêter de tourner autour du pot», dit-il avec franchise.

Le chanteur d’Astaffort ne le cache pas: avoir passé le cap des 60 ans lui a fait prendre une certaine conscience du temps qui passe.

«Je profite de chaque instant, confie-t-il. Les concerts que je donne en ce moment, ce sont des moments précieux. À partir d’un certain âge, il y a une urgence. On a les yeux plus ouverts. On a cet instinct de penser que chaque moment qui passe est très précieux. Ce qui reste est à prendre avec la plus grande délectatio­n.»

UNE TOURNÉE AVEC MUSICIENS

Il confie aussi qu’il essaie au quotidien de «réaliser le plus possible que ce qui m’arrive est une belle histoire». Et une de ces belles histoires est sans doute celle avec le Québec. Après la tournée Seul sur scène, qu’il a d’ailleurs présentée unique- ment ici et pas en France, Francis Cabrel revient nous voir en compagnie de quatre musiciens et trois choristes.

Les musiciens lui permettent aussi d’apporter une «orchestrat­ion plus élaborée» de ses anciennes chansons. «J’aime bien faire des spectacles solos de temps à autre, mais les musiciens me manquent. Il y a des instrument­ations qui ne sont possibles qu’avec eux.»

«Je suis tellement bien reçu au Québec. J’y cultive cette estime réciproque. Je suis ravi de savoir qu’on m’attend, et j’attends ça avec impatience.» Francis Cabrel est en tournée au Québec du 26 avril au 9 mai. Il sera à Québec du 28 au 30 avril, et à Montréal les 8 et 9 mai. Il poursuivra sa tournée québécoise à l’automne, du 28 septembre au 8 octobre.

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