Le Journal de Quebec - Weekend
ENTRE TRADITION ET MODERNITÉ
HIROSHIMA | Quand on pense à Hiroshima, on pense inévitablement à sa triste histoire, à la bombe atomique qui l’a complètement rasée en 1945. Mais qu’est-elle devenue aujourd’hui? En fait, la 11e ville en importance au Japon est plus vivante que jamais, r
« Hiroshima ne vit pas dans le passé. Hiroshima n’est pas seulement une ville dévastée », insiste l’interprète d’un petit groupe de journalistes étrangers. Force est de le constater.
Lors d’une visite au Japon, un détour s’y impose, puisque la ville et ses alentours ont beaucoup à offrir aux touristes. Entourée d’îles montagneuses et traversée par six rivières, la ville soeur de Montréal bouleverse autant par son histoire que par sa reconstruction et ses paysages magnifiques.
LE DÔME GENBAKU
Premier arrêt: le dôme Genbaku, en plein centre-ville, la seule infrastructure à être restée debout après l’explosion de la bombe nucléaire. Il se dresse au beau milieu d’espaces verdoyants. Outre la cicatrice profonde dans le coeur des habitants, ces murs de béton noircis, qui servent à promouvoir un message de paix, sont visiblement la seule trace qui reste de l’explosion. Ils servent aussi à nous introduire au parc de la Paix, où les monuments de commémoration sont nombreux.
On sort secoué d’une visite au musée du Mémorial de la Paix, à proximité. Vêtements d’habitants déchirés par l’explosion, photo de personnes brûlées: les effets de la radiation sont exposés sans censure.
Keiko Ogura, une survivante de 78 ans, qui avait huit ans à l’époque du bombardement, s’est fait un devoir de rencontrer une poignée de journalistes étrangers sur place. Son souvenir de la nuit du 6 août 1945 est intact: l’odeur, le bruit, les corps qui flottent sur l’eau.
« J’ai une seule mission: faire en sorte que les gens n’oublient jamais », a-t-elle dit, en précisant que les préjugés sont encore nombreux face aux descendants de survivants.
LE JARDIN SHUKKEI-EN
Après s’être empreint de la vieille âme d’Hiroshima, voici quelques autres endroits intéressants pour les touristes.
Le Japon est reconnu pour la beauté de ses jardins, où plane la zénitude. En plein coeur d’Hiroshima, le jardin Shukkei-en est un autre symbole de renaissance. Terminé en 1620, il fut ouvert au public en 1940, puis a servi de refuge aux victimes de la guerre. Ceux qui l’entretiennent sont anglophones et se font un plaisir de raconter l’histoire aux visiteurs.
Impossible d’aller au Japon sans boire du saké, cette boisson de riz qui se compare à du vin blanc... en plus fort. Pour découvrir les nombreuses étapes de sa fabrication, un long processus de fermentation, il faut visiter la «ville du Saké», c’est-à-dire Saijo, à 35 minutes en train d’Hiroshima. Pas moins de neuf brasseries de saké, des plus traditionnelles, jalonnent ses rues. Heureusement, le parcours se fait facilement à pied.
VOITURES, THÉ ET OKONOMIAKI
Pour les amateurs de voitures, il est possible (il faut réserver d’avance) de visiter l’usine Mazda... ou plutôt, le village Mazda. De la transformation du métal jusqu’à la pose des pneus, les installations de Mazda occupent un espace de 7 kilomètres carrés à Hiroshima.
Après avoir visité le musée, vous verrez la chaîne de montage des voitures: 515 000 voitures par année y sont produites. Très impressionnant.
Pour plonger à fond dans la culture japonaise, les moines de l’école Ueda enseignent la cérémonie du thé selon la plus pure des traditions. Ayez quelques heures devant vous, mais vous vivrez une expérience spirituelle inoubliable.
Côté bouffe, il faut absolument goûter l’okonomiaki, le plat typique d’Hiroshima. Il sera facile d’en trouver: quelque 2000 restaurants l’ont au menu un peu partout en ville. Cette crêpe, recouverte de nouilles, de choux, de votre choix de viande et d’une sauce délicieuse est un incontournable... avec du saké. Kampaï!
Le Journal a été invité par le maire d’Hiroshima, Kazumi Matsui, en collaboration avec le Centre de la presse étrangère du Japon.