Le Journal de Quebec - Weekend
QUAND LA VIE PREND UN AUTRE TOURNANT
Après un 5e album qui a marqué un tournant important dans sa carrière, l'Acadien Joseph Edgar revient avec
Ricochets, un opus folk pop attendu, bien assumé, et plus introspectif que les précédents. Installé à Montréal depuis quatre ans, l'interprète d'Espionne russe nous parle de ces ricochets qu’ont faits sa carrière et sa vie personnelle, et qui ont inspiré la création de cet album, qu'il a «conçu à l'envers».
«Je l'ai appelé Ricochets parce qu'il y a une réflexion sur le cheminement de ma vie, confie-t-il avec son accent caractéristique. Ça n'a pas été une ligne droite du tout. Ça fait longtemps que je fais de la musique, et il y a toujours eu des surprises qui sont venues mettre du piquant dans ma vie.»
Parmi ces «surprises», on ne peut passer sous silence l'énorme succès de la chanson Espionne russe, qui lui a valu en 2015 une nomination à l'ADISQ, dans la catégorie Chanson de l'année. À ce jour, le vidéoclip cumule 1,8 million de vues sur YouTube.
Joseph Edgar roule sa bosse depuis vingt ans. Mais c'est son arrivée à Montréal, sa signature avec l'étiquette Ste-4 et son premier album diffusé partout au Québec,
Gazebo (son 5e, dans les faits), qui ont fait prendre à sa carrière une direction différente.
UN ALBUM
Joseph Edgar a créé tous ces albums dans des lieux différents. Gazebo a été écrit sur un banc du parc Molson, à Montréal, tout juste après son exil de son Acadie natale. Il venait d'emménager tout près. Pour Ricochets, il souhaitait moins de distractions: il s'est enfermé dans son studio et de là est né un album beaucoup plus personnel que les précédents.
«Je me suis donné le défi d'écrire différemment. À la place de penser à la voix et aux textes, je composais surtout à la basse, puis après avec les drums... J'ai fait les choses à l'envers de ce que je fais d'habitude. À la toute fin venaient la guitare, puis le texte et la voix.»
L'exercice donne «un album un peu plus rythmé», aux sonorités très estivales, et selon lui, un peu plus «intérieur».
«Le projet d'avant, je prenais des notes sur des choses qui m'entouraient. Souvent, les choses qui nous interpellent correspondent aussi à des choses qu'on a à l'intérieur, mais cette fois-ci, c'était comme de l'écriture automatique.»
Le décès de gens qu'il connaît l'a amené à écrire sur la fragilité de la vie. «Je me demandais ce que je voulais dire, mettons que ce serait mon dernier disque. Ce n'est pas nécessairement nostalgique, mais je pense que je n'ai jamais autant parlé de par chez nous.»
Joseph Edgar a fait appel à André Papanicolaou (Vincent Vallières) pour la réalisation de l'album, sur lequel on retrouve aussi un duo avec Lisa LeBlanc.
«J'ai rencontré plusieurs réalisateurs, mais avec André, il y a eu l'étincelle. Moi et lui, c'est comme une "bromance"», dit-il en riant.
D'ÉTÉ
Le vidéoclip du premier extrait, Braises
d'été, qui raconte l'histoire d'un amour perdu, a été tourné il y a quelques semaines à Moncton.
Après deux vidéoclips en dessin animé, un autre talent de Joseph Edgar, l'artiste a plutôt opté pour la formule conventionnelle, avec des figurants de son coin de pays.
«Je trouvais que j'avais pas mal fait le tour et c'est beaucoup de travail. Ça me tentait de donner une chance aux jeunes cinéastes par chez nous.» L'album Ricochets est disponible.