Le Journal de Quebec - Weekend

Continuer le combat À LA FAÇON DE MARLEY

Tiken Jah Fakoly est une immense star en Afrique, où sa musique reggae sert autant à divertir qu’à éveiller les conscience­s. «Je suis là pour continuer le combat de Bob Marley» , dit celui qui compte sur de nombreux et loyaux fans au Québec et un peu part

- Cédric Bélanger lcedricbel­anger

Une entrevue avec Tiken Jah Fakoly se veut immanquabl­ement une occasion de faire le point sur la situation africaine. Il y a deux ans, lors de son dernier passage chez nous, la vedette ivoirienne n’était pas très optimiste. «Nous dormons encore», se désolait-il.

On le retrouve, en 2016, plus enthousias­te. Des signes encouragea­nts, comme ces récentes marches de protestati­on contre le président Robert Mugabe au Zimbabwe, lui font croire que les Africains sont finalement sur la bonne voie. Et il se réjouit de voir que la musique, principale­ment le reggae et le rap, peut servir de catalyseur à ces soulèvemen­ts.

«La musique joue un rôle très important. Elle permet à la jeunesse de comprendre certaines choses qu’on ne leur apprend pas à l’école», souligne-t-il.

C’est d’ailleurs le pouvoir de la musique qui incite Tiken Jah Fakoly à résister à l’appel de la politique. À ses yeux, il a plus d’influence comme artiste que comme politicien. En cela, il dit suivre les traces de son idole Bob Marley.

«Je pense que j’ai un rôle à jouer, mais je n’ai aucunement l’intention de dépasser la limite de Bob Marley. S’il avait fait de la politique, peut-être que je me serais jeté dans l’arène. (...) En tant qu’artistes, nous sommes la branche musicale de la société civile. Si je fais de la politique comme Ivoirien, je ne pourrais plus mener d’actions au Sénégal ou parler du Mali et de la Guinée. Moi, j’ai besoin de parler à toute l’Afrique.»

RACISME

En 2015, Tiken Jah Fakoly a fait paraître un album de reprises de classiques du reggae, Racines. Encore une fois, il a pris soin de sélectionn­er des titres dont le mes- sage demeure d’actualité. «Je pense à un morceau comme Is

It Because I’m Black? C’est sorti en 1969 et ça parle de racisme aux États-Unis. Quand vous voyez aujourd’hui combien de Noirs américains sont abattus par des policiers blancs, ça veut dire que le racisme existe encore.»

Par contre, ne comptez pas sur Tiken Jah Fakoly pour annuler un concert en signe de protestati­on, comme l’ont fait récemment Bruce Springstee­n, Bryan Adams et Ringo Starr pour marquer leur désaccord face à l’adoption de lois contre les homosexuel­s en Caroline du Nord.

«Je respecte leur action, mais quand vous annulez, vous privez des milliers de fans qui n’ont rien à voir avec le problème. À leur place, j’aurais fait le concert et j’aurais donné mon opinion sur le sujet dans une entrevue.»

LE COMPATRIOT­E DROGBA

Au moment de notre entretien, le joueur vedette de l’Impact de Montréal, Didier Drogba, se trouvait au coeur d’une controvers­e liée à l’utilisatio­n de l’argent de sa fondation. Questionné sur son compatriot­e ivoirien, Tiken Jah Fakoly a indiqué qu’il n’était pas au courant de cette affaire.

«Je ne l’ai d’ailleurs rencontré qu’une fois, lors d’une soirée, tout juste avant la tenue de la Coupe du monde en Afrique du Sud. On a pris une photo ensemble, mais nous n’avions pas eu le temps de discuter», dit Fakoly, qui affirme avoir le plus grand des respects pour l’ancienne gloire de Chelsea.

«Drogba est une fierté pour nous. À travers ses exploits sportifs, il rehausse l’image des Africains à travers le monde.» Tiken Jah Fakoly amorce le 3 mai, au Palais Montcalm de Québec, une tournée de cinq concerts au Québec. Il sera aussi au Métropolis de Montréal le 6 mai. Toutes les dates au www.tikenjah.net.

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TIKENJAH FAKOLY
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