Le Journal de Quebec - Weekend
UNE AFFAIRE DE COEUR
En plus de 20 ans de carrière, Kevin Parent ne s’était «commis» qu’une seule fois en anglais. Neuf ans après la sortie de Fangless Wolf Facing Winter, voilà qu’il nous offre un nouvel album dans sa langue maternelle.
Ayant grandi dans la langue de Shakespeare, Kevin Parent a toujours écrit ses chansons en anglais. Au début de sa carrière, en 1993, le chanteur gaspésien pensait même sortir un album anglophone. Mais c’est Pigeon d’argile qui avait vu le jour, deux ans plus tard.
«Après ça, j’ai été très encouragé à continuer en français, dit-il. J’ai fait du mieux que j’ai pu... Là, je suis plus autonome. Par la force des choses, il y a moins de restrictions, plus de liberté. Je ne veux pas en faire une affaire de politique ou de langue. C’est une affaire de coeur. Là, ça me venait spontanément du coeur de faire un album en anglais.»
C’est donc un Kevin Parent tout à fait libre qui nous arrive avec ... and her name was... Kanji, un album dont le titre lui est venu au cours d’un voyage au Japon pour la promotion du film Café de Flore, il y a quatre ans.
«Je voulais appeler l’album Kanji et parler de l’histoire fictive d’une femme. Mais on m’a fait remarquer que Kanji était aussi un nom populaire pour un gars! J’ai donc ajouté “... and her name was...” pour éviter la confusion.»
Le disque est relativement court, avec seulement huit pièces pour environ 30 minutes. Kevin Parent mentionne qu’il a dû écarter d’autres morceaux, car ils étaient trop joyeux pour le disque. «L’album a une teinte particulière. Et ça ne me dérange pas de faire un disque court. J’aime mieux ça qu’un album interminable!»
REVENIR AUX RACINES
Après avoir commencé l’écriture avec le producteur canadien Malcolm Burn (Daniel Lanois, Bob Dylan), Kevin Parent a décidé de poursuivre le travail en solo. «Je n’étais pas sûr de la direction indie que ça prenait. J’ai repris les chansons pour changer quelques affaires. C’est un peu comme une bâtisse qui a été commencée par un architecte et qu’un autre finit. Ça arrive souvent.»
En cette époque où l’on utilise souvent de l’électronique, des claviers et de la programmation, Kevin Parent a décidé de revenir aux racines, avec un album très folk et roots.
«Je voulais être capable de défendre les chansons seul sur scène. Quand je composais, je me demandais une chose: si l’on manque d’électricité, est-ce que je vais pouvoir faire ces tounes-là quand même? Sur le disque, on entend l’âme, le coeur de la personne. Ce n’est pas trafiqué par un processus.» Quand on lui demande ses inspirations musicales pour ce disque, le chanteur répond qu’il n’a pas consommé beaucoup de nouveautés. «Il y en a trop qui sortent en même temps. J’ai plutôt écouté Tom Petty et Bob Dylan. Daniel Lanois m’a aussi influencé pour la chanson Time Can Heal, tout comme David Bowie.»
MINI-TOURNÉE
Avec cet album, Kevin Parent prévoit une petite tournée anglophone de 15 à 20 spectacles. «Je n’ai fait que deux spectacles en anglais dans ma carrière. Un à Moncton, dans un café de 40 personnes. Et un à Caraquet, devant 100 personnes. Je ne veux pas écoeurer le peuple avec cette tournée. Mais j’aimerais ça que les gens me laissent une chance en anglais, comme ils peuvent le faire avec un artiste péruvien. Après ça, je vais refaire des albums en français avec plaisir!»
L’album anglophone de Kevin Parent, ... and her name was... Kanji, est présentement sur le marché.