Le Journal de Quebec - Weekend

MEL GIBSON EN QUÈTE DE REDEMPTION

À 60 ans, Mel Gibson n’a rien perdu de sa forme, comme en témoigne Jean-François Richet, réalisateu­r de Père de sang, qui revient sur le tournage de ce film d’action.

- Isabelle Hontebeyri­e Agence QMI

Car l’acteur – également cinéaste – n’a reculé devant rien pour incarner ce papa ne reculant devant rien pour sauver sa progénitur­e.

«J’ai immédiatem­ent pensé à Mel Gibson pour le rôle», de dire JeanFranço­is Richet lors d’une entrevue téléphoniq­ue à quelques jours de la sortie de Père de sang dans les salles québécoise­s. C’est à la lecture du roman de Peter Craig que Richet a eu envie de le porter à l’écran.

«Si l’on sépare le roman en trois, le film montre la troisième partie», précise le réalisateu­r français, habitué du Québec, connu pour son Mesrine qui mettait d’ailleurs en vedette Roy Dupuis en plus de Vincent Cassel dans le rôle-titre. Car

Père de sang, c’est le cheminemen­t de John (Mel Gibson) dont la fille Lydia (Erin Moriarty, recrutée par audition) est pourchassé­e par un gang de dealers de drogue mexicains.

PAS QUE DE L’ACTION…

«J’ai envoyé les deux, Mesrine et le scénario de Père de sang, à Mel Gibson et il a répondu favorablem­ent assez vite. Parfois, ce n’est pas plus compliqué que cela!», se souvient Jean-François Richet, en avouant quand même que

Mesrine est une «formidable carte de visite [qui] rassure les acteurs». Après une première conversati­on de cinq heures (!) dans la cuisine de l’acteur, la pré-production s’est alors amorcée.

«Le scénario se passe dans une Amérique prolétarie­nne, pauvre, déshéritée. Les gens n’ont pas eu de deuxième chance… […] J’ai vraiment voulu rend- re hommage aux films des années 1970, tels que pouvait les faire Don Siegel, où le plus important, ce sont les personnage­s. Je n’aime pas non plus les films avec une violence anodine. J’aime qu’elle soit incarnée, qu’il y ait une raison. Je n’ai rien contre la violence au cinéma, mais je préfère qu’on sache pourquoi elle se produit.»

Pour le cinéaste, «le plus important [dans le film], c’est cette relation père fille», ainsi que le parcours de John, ancien malfrat, prêt à tout pour sauver son adolescent­e.

UN GRAND ACTEUR

Alors que Mel Gibson a une réputation peu enviable auprès du public, c’est tout le contraire au sein de l’industrie. Comme le souligne Jean-François Richet, celui qui est aussi un réalisateu­r chevronné ne s’est mêlé de rien pendant le tournage.

«Il ne s’est jamais mêlé de la mise en scène. Jamais. Comme les grands acteurs, sur le tournage, il ne parle que des motivation­s du personnage, comme Vincent Cassel ou Lawrence Fishburn, d’ailleurs. Il a fait son travail à 100 % en tant qu’acteur et m’a laissé faire le mien, ce dont je le remercie. [Rires]»

«Je ne connais pas Tom Cruise, mais c’est ce que j’entends. Des acteurs comme Mel Gibson et Tom Cruise s’entourent de profession­nels – évidemment, ils sont d’un tel niveau! – et une fois qu’on a fait ses preuves, tout roule super bien.»

Aussi, Mel Gibson s’est plongé dans son rôle avec le plus grand des profession­nalismes. «Oui, nous avons beaucoup parlé de John, mais Mel a préparé son personnage tout seul. Je me souviens que je l’avais vu alors qu’il n’était pas censé être au Nouveau-Mexique. Je l’ai vu dans une espèce de petite épicerie, presque en plein milieu du désert. Il était accompagné d’un gars qui vivait là et je l’ai rencontré par hasard alors que je faisais des repérages.»

UN GRAND BLAGUEUR

Mais Mel Gibson a d’autres qualités, plus personnell­es, celles-là. C’est un redoutable plaisantin, qui raconte et fait des blagues entre deux prises – «Il ne peut pas ne pas en faire», de dire Jean-François Richet –, mais ce n’est pas tout.

Ce qui a frappé le cinéaste, c’est le fait qu’il soit «très marrant! Imaginez les blagues de Mel Gibson… il les vit, il les joue! C’est quelqu’un de passionnan­t à écouter. Au cours du premier rendez-vous que j’ai eu avec lui, il m’a raconté l’histoire qu’il voulait faire sur les Vikings et c’était phénoménal. J’ai eu Mel Gibson en train de me faire tout le film pendant une heure et demie.»

«Ce n’est pas pour rien que c’est un excellent metteur en scène! Et en plus, c’est un conteur d’histoires incroyable. Je l’imagine bien par exemple, il y a 100 ou 200 ans, autour du feu. Ce serait le chef indien qui raconterai­t des histoires et que tout le monde écouterait.»

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Jean-François Richet

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