Le Journal de Quebec - Weekend
LA MODERNITÉ D’UNE REINE
De Tom à la ferme aux Muses orphelines en passant par Les Grandes Chaleurs et Les Feluettes, les pièces de théâtre du dramaturge québécois Michel Marc Bouchard ont souvent été adaptées au grand écran. Avec le drame historique La reine-garçon, c’est le con
En effet, même si le film La reinegarçon (qu’il a scénarisé) arrivera vendredi sur nos écrans, près de quatre ans après la création de sa pièce Christine, la reine garçon sur les planches du TNM, Michel Marc Bouchard a d’abord écrit cette histoire sous la forme d’un scénario de long métrage.
Le film, comme la pièce, relate le parcours singulier de l’avantgardiste reine Christine de Suède qui, au XVIIe siècle, rêvait de faire entrer son pays dans la modernité tout en vivant secrètement son amour avec sa dame de compagnie.
«C’est le producteur de la version cinématographique des Feluettes qui m’avait appelé il y a quelques années pour me parler de ce projet de film, explique Michel Marc Bouchard en entrevue au Journal.
«Le réalisateur finlandais Mika Kaurismaki avait l’idée de faire un film sur Christine de Suède. À l’époque, c’est Sarah Polley qui devait jouer le rôle principal. J’ai été intrigué, même si j’avoue que je ne connaissais rien de la vie de Christine de Suède. À ce moment-là, j’étais loin de me douter qu’elle ferait partie de ma vie à ce point!»
ÉMANCIPATION
Pour écrire le scénario du film, Michel Marc Bouchard s’est plongé dans la lecture d’une dizaine de biographies sur Christine de Suède.
«J’ai été fasciné par le côté intemporel de ce personnage, révèle-t-il. J’ai aimé ses paradoxes, ses volon- tés de sophistication de son pays et le fait qu’elle voulait sortir de la noirceur religieuse de son époque. Ça en faisait un personnage qui pouvait parler à notre époque.
«Son penchant pour les femmes m’a aussi intéressé. Dans l’histoire universelle, on a souvent l’impression que l’homosexualité est arrivée en 1970, alors qu’il y a des personnages historiques comme elle qui ont vécu des histoires homosexuelles. Son désir d’émancipation m’a intéressé.»
AU FFM
Présenté l’an passé au FFM, le film (une coproduction CanadaSuède-Finlande-Allemagne) avait remporté le prix du public du festival ainsi que le prix de la meilleure actrice, remis à la Suédoise Malin Buska, qui incarne Christine de Suède.
En plus du film qui prend l’affiche dans quelques jours, la Christine de Suède de Michel Marc Bouchard continuera de briller sur les planches. Après le théâtre, l’histoire sera bientôt adaptée dans un opéra qui sera présenté à Toronto.
«C’est pendant l’écriture du scénario du film il y a quelques années que j’avais eu l’idée d’adapter le texte pour le théâtre, explique-t-il. Ça m’a laissé plus de liberté parce que je n’avais pas exactement la même vision du personnage que le réalisateur du film. Maintenant, j’ai très hâte de voir ce que ça va donner en opéra.»