Le Journal de Quebec - Weekend
LE ROMAN CULTE PORTÉE AU GRAND ÉCRAN
Après 12 ans de démarches, le tournage de La petite fille qui aimait trop les allumettes est enfin commencé dans les Laurentides.
Deux enfants s’agitent dans un champ. L’un sort une perdrix d’un sac de jute, l’autre y met le feu avec une torche enflammée. L’animal s’envole dans un fracas de plumes, illuminant le noir du ciel, arrachant des cris aux garnements.
Heureusement, tout cela n’est que comédie. La perdrix est un animal empaillé mécanisé, manipulé à l’aide de deux cannes à pêche. Nous sommes à Saint-Faustin-Lac-Carré, sur le tournage du longmétrage de Simon Lavoie, La petite fille qui aimait trop les allumettes.
ROMAN CULTE
Tirée du roman de Gaétan Soucy, paru en 1998, l’histoire est celle de deux adolescents cloîtrés par leur père dans un manoir décrépi à la campagne. Isolés du monde, les deux sauvageons vivent dans un univers à la limite du fantastique et de l’horreur, à la fois violent, et plein d’innocence.
Portée au grand écran, l’adaptation de ce roman aura été un travail de longue haleine pour le producteur Marcel Giroux. Démarré en 2004, le projet a fait l’objet de plusieurs tentatives de financement et changé plusieurs fois de forme, avant d’être confié à Simon Lavoie en 2013. Le jeune réalisateur a obtenu carte blanche de l’auteur, avant son décès, pour en faire une adaptation de son cru.
«C’est une histoire difficile à adapter. Le roman est déjà un classique, presque un roman culte. Les gens ont des attentes», dit Simon Lavoie, qui explique que c’est d’abord la trame narrative qui l’avait interpellé. «Dans le film, au lieu de se faire raconter l’histoire par la narratrice, le spectateur vivra en même temps qu’elle ce qui lui arrive. On la verra se découvrir elle-même, et peu à peu s’affranchir de ce monde claustrophobe.
ENFANT SAUVAGE
Jouer un rôle d’enfant sauvage, voilà qui doit être particulier pour un acteur. Assise sur la chaise de la maquilleuse à se faire noircir sous les ongles, Marine Johnson, 17 ans, explique comment elle a composé son personnage. «Alice c’est un peu une créature, un animal sauvage, mais elle est humaine en même temps, et aussi très intelligente. Parfois on peut faire de l’observation pour s’inspirer, mais dans ce cas-ci, il a fallu l’inventer.»
Antoine L’Écuyer joue le rôle de son frère, qui n’a pas de nom ni dans le roman ni dans le film. Lui aussi n’a eu que le roman et le scénario pour l’aider à créer son personnage. «Ce genre de rôle de composition est le fun à jouer. On est dans un monde imaginaire, comme dans un conte, quelque part au début du siècle dernier.»