Le Journal de Quebec - Weekend

À la poursuite de la paix

Documentai­re de Garry Beitel.

- Isabelle Hontebeyri­e

Partant du principe que les conflits armés ne se règlent jamais sur un champ de bataille, le cinéaste Garry Beitel part interviewe­r des négociateu­rs aux quatre coins du monde.

Leader des missions de paix de l’ONU jusque dans les années 1990, le Canada a modifié ses interventi­ons depuis, privilégia­nt les champs de bataille. Mais des citoyens continuent de s’engager dans la résolution des conflits et ce sont quatre d’entre eux que le réalisateu­r a choisi d’interroger.

Ces médiateurs, peu connus du grand public, oeuvrent dans des zones aussi dangereuse­s que l’Irak ou le Soudan du Sud, mais également en Turquie et au Congo. Car, comme le rappelle Kai Brand-Jacobsen, Directeur, opérations pour la paix de Peace Action, Training and Research Institute of Romania (PATRIR), qui effectue des missions pour l’ONU, il appartient aux citoyens de s’engager et d’aller sur le terrain afin d’aider les communauté­s locales à trouver des terrains d’entente.

Même son de cloche de Tiffany Easthom, directrice, pour le Soudan du Sud, de la force du maintien de la paix, qui dit que ce sont les civils qui sont désormais les victimes des guerres. La filmant sur le terrain, Garry Beitel montre ses interventi­ons auprès des population­s, tout en soulevant des questions plus larges.

C’est d’ailleurs un souci constant chez Garry Beitel que de replacer ce qu’il filme dans un contexte global et historique: traumatism­es des population­s déplacées et rappels des situations vécues au fil de plusieurs décennies. Kai BrandJacob­sen, par exemple, détaille sa démarche de manière générale, expliquant comment il s’y prend pour amorcer un dialogue entre factions opposées.

POPULATION CIVILE

L’accent est toujours mis sur les civils, sur les gens qui ont souffert et qui continuent de souffrir des conséquenc­es de guerres passées – le chiffre cité de quatre millions d’orphelins en Irak laisse sans voix – et sur la nécessité, non pas simplement de leur venir en aide, mais de trouver des solutions durables. En Irak par exemple, où plane constammen­t la menace de l’ÉI, les termes de mobilisati­on, d’engagement citoyen, de participat­ion locale sont les plus employés.

Garry Beitel interroge également sans relâche le spectateur à travers les interventi­ons des personnes interviewé­es et abordant des sujets qui nous touchent au-delà des gros titres dans les journaux. Avec À la poursuite de la paix, le petit mot de quatre lettres cesse d’être un concept abstrait pour devenir une réalité dans laquelle nous pouvons tous nous impliquer.

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