Le Journal de Quebec - Weekend
LA HAVANE CULTURELLE
LA HAVANE, Cuba | En toute saison, nul ne peut être indifférent aux charmes de la Vieille Havane, déclarée patrimoine mondial de l’UNESCO, de la Rampa (calle 23), l’artère vitale du quartier Vedado, ou de la Quinta Avenida (Cinquième avenue), de l’autre c
Si l’on veut visiter La Havane, il faut aussi le faire pour ses multiples activités culturelles, qu’il s’agisse de sa foire du livre, de son festival de cinéma latino-américain, ou du film français, de ses nombreux spectacles de danse et de musique, de ses expositions de photos, peintures et sculptures disséminées un peu partout dans la ville, de ses musées officiels ou privés. Ou tout simplement pour le charme suranné de ses bâtiments et ses chefs-d’oeuvre architecturaux, comme le splendide Grand Théâtre Alicia Alonso.
CAFÉS DE LA VIEILLE HAVANE
Dans la Vieille Havane, sur une rue piétonnière qui ne paie pas de mine, la calle Aguiar, se trouve un petit musée, le Musée du barbier Arte y Corte (Art et Coupe), où vous pourrez discuter avec le propriétaire, Papito, tout en vous promenant dans quelques salles où sont exposés de vieux fauteuils de barbier, des photos d’époque et autres objets liés au métier de la coupe des cheveux. Tous les 27 décembre, on y célèbre le Jour du barbier, en l’honneur de Juan Evangelista Valdés Veitia, barbier, journaliste, historien et poète. Vous pourrez également vous faire couper les cheveux pour «pas cher» par des coiffeurs expérimentés, dont certains sont sourds et muets. Je vous recommande le bien nommé bar Le Figaro, situé juste à côté, et sa terrasse ombragée, où l’on vous préparera un excellent mojito qui n’a rien à envier à celui du Floridita situé sur la rue piétonnière Obispo.
Pour continuer votre promenade, vous emprunterez une autre rue piétonnière, la calle Peña pobre, qui commence face au restaurant Cinco Esquinas (les cinq coins de rue),vous passerez devant la Maison Nueva Vida (Nouvelle Vie), où les gens du troisième âge viennent se détendre, casser la croûte et s’amuser, soit en jouant aux dominos, soit en écoutant des musiques romantiques et en dansant en pleine rue (nostalgie, quand tu nous tiens!), puis vous pourrez vous arrêter au restaurant La Farmacia, une ancienne pharmacie joliment transformée en lieu de restauration. Pas très loin, ouvrira sous peu un autre petit musée, celui des vieilles caisses enregistreuses.
LE MUSEO ORGANICO ROMERILLO
En après-midi, si vous voulez changer d’air et d’aire, vous prendrez soit un taxi, soit «una maquina a 20 pesos» (mais pour ce dernier moyen de transport peu lucratif à moins d’un dollar, il vaut mieux d’être accompagné d’un Cubain qui saura vous guider) et vous vous rendrez à l’autre bout de la ville, à Miramar, dans le district Playa, pour visiter le Museo Organico Romerillo.
Romerillo était un quartier plutôt malfamé il y a peu, mais la création de cet espace multiculturel opéré par un peintre des plus célèbre, Kcho, de son vrai nom Alexis Leiva Machado, né en 1970, a peu à peu transformé les alentours, et ce n’est pas fini. Même les petits commerces, épiceries, pharmacies et autres points de vente et de service sont transformés en salles d’exposition d’oeuvres d’art. Sculptures, graffitis, murales égaient maintenant les murs et les espaces publics.
Dans cet espace, inauguré le 8 janvier 2014 en présence de Fidel Castro, on trouve une bibliothèque, une galerie d’art consacrée au peintre cubain Wifredo Lam, avec de nombreuses oeuvres originales qui valent une petite fortune (on nous autorise à prendre des photos!), une autre galerie d’art contemporain, un atelier graphique, un théâtre pour enfants et une salle d’informatique Art et Technologie, gracieuseté de Google, où les communications internet sont gratuites. Le service
WiFi à l’intérieur de l’espace est également gratuit et le mot de passe n’a rien de secret: abajoelbloqueo (à bas le blocus). La visite de la galerie consacrée à Wifredo Lam vaut le détour. Une guide peut vous accompagner, qui vous expliquera la trajectoire de ce peintre qui a fréquenté, entre autres, Picasso, René Char et John Cage.
RESTOS
En soirée, vous aurez l’embarras du choix pour vous restaurer. Traditionnel ou nouvelle cuisine? Je vous en propose trois: Los Nardos, situé en face du Capitolio. Un classique de la cuisine asturienne espagno- le. Style vieille France, on flambe encore les crêpes Suzette en salle et si c’est votre anniversaire, vous aurez droit à une panoplie de chansons d’anniversaire chantées par le personnel. L’immense crucifix à l’arrière, avec son Christ ensanglanté, est à voir, mais ne vous causera aucune indigestion. Très bonne sélection de vin et cellier impressionnant.
La Cocina de Esteban (La cuisine d’Estaban), sur l’avenue 21 au coin de la rue L, tout près de l’hôtel Habana Libre. Contrairement au précédent, on est à l’air libre, pas de porte, pas de fenêtre. Je vous recommande le pargo frit (rouget) pour deux à 8 CUC servi avec un assortiment de légumes grillés. Tout simplement délicieux. Lors de la visite du président Obama, j’y suis retourné à trois reprises avec le photographe Normand Blouin pour manger le même poisson. Un guitariste à la voix merveilleuse agrémentera votre soirée. Service jeune et attentionné.
Et le dernier né: El Biky, au coin des rues San Lazaro et Infanta, à la frontière du Centro Habana et du Vedado. Un restaurant expérimental puisqu’il s’agit d’une coopérative, comprenant une centaine de membres. On y trouve également une boulangerie-pâtisserie à faire rêver et un bar adjacent. Service semblable à celui de l’Express à Montréal. Endroit agréable, aéré, moderne et lumineux. Quelques photos sur les murs racontent l’histoire de cet ancien entrepôt converti en bar, puis maintenant en restaurant. Le bel escalier en bois tourné au centre mènera éventuellement à un deuxième étage.
ART
Le lendemain, vous vous rendrez dans le quartier Kholi, également du côté de Miramar, pour visiter, après avoir pris rendezvous (car c’est aussi sa résidence), la galerie d’art de l’artiste multidisciplinaire Kadir Lopez-Nieves, né en 1972. Vous pourrez voir des sculptures, des oeuvres faites à partir de récupération de matériaux di- vers, d’anciennes enseignes de compagnies américaines, des néons publicitaires, tout cela grandeur nature, etc. Un mélange de Rock Plante (Réjean Ducharme) pour le côté hétéroclite des objets, et d’Armand Vaillancourt pour le travail sur l’acier. Si vous êtes gentil, on vous offrira le café.
S’il vous reste temps et patience, vous ne voudrez pas manquer la FAC, la Fabrique d’art cubain: expositions photos, arts plastiques, graphisme, films, vidéos, théâtre, musique, orchestre live, danse, littérature, bar, bouffe légère, etc. Public jeune et branché. File d’attente garantie à partir de 20 h.
Et si vos enfants trouvent que vous les négligez, vous pourrez les emmener au Jardin zoologique, à l’Aquarium, avec spectacles de dauphins et de phoques, au parc d’attractions que les Cubains appellent le Coney Island et au cirque dont le chapiteau est juste à côté du parc d’attractions.