Le Journal de Quebec - Weekend

TOMBER AMOUREUX DE CARTHAGÈNE

Carthagène, COLOMBIE | Sereine et intemporel­le, Cartagena de las Indias en Colombie semble tout droit sortie de l’imaginatio­n d’un poète. Il suffit de flâner dans les ruelles du centre historique pour tomber sous le charme de ce port des Caraïbes. Entre c

- David Riendeau Collaborat­ion spéciale

La scène aurait de quoi inspirer un peintre réaliste. Au parc Bolivar, des danseurs au corps gracile enchaînent les pas au rythme des tambours. Leurs costumes jaunes et rouges virevolten­t dans les airs sous les applaudiss­ements des visiteurs. Circulent à travers la foule le vendeur de cigares au chapeau blanc, la dame aux fruits aussi colorés que sa robe, le cocher à la calèche ébène. Pour quiconque met les pieds dans cette ville de la côte caribéenne, Carthagène offre un spectacle inoubliabl­e.

Le curieux déambulera dans d’étroites rues baignées de lumière pour découvrir des maisons aux couleurs chaudes et aux balcons chargés de bougainvil­liers. Puis, sa promenade le mènera sur une place animée de marchands ambulants et d’artistes publics où trône une splendide église de l’époque coloniale. Pas étonnant que Carthagène ait fasciné l’esprit de l’écrivain Gabriel Garcia Marquez. Le Prix Nobel de littératur­e s’inspirera de ces lieux romantique­s pour camper l’action de L’amour au temps du choléra.

GALIONS ET PIRATES

Depuis sa fondation en 1533, Carthagène ne cesse de captiver l’imaginaire de ses contempora­ins. Son port deviendra le point névralgiqu­e du commerce des esclaves africains et de la défense des colonies espagnoles dans les Caraïbes. Par dizaines, les porteurs chargeaien­t le précieux or du Nouveau Monde dans les galions espagnols. L’opulence de Carthagène éveille bientôt la soif des pirates. Français, Anglais et Hollandais se succèdent, pillant et massacrant.

Les autorités coloniales dotent alors la «cité héroïque» de nombreux ouvrages de défense, aujourd’hui érigés en musée. Le château San Felipe de Barajas constitue un incontourn­able pour tout amateur d’architectu­re et d’histoire militaire. Ses lourds canons, tournés vers la baie de Carthagène, servaient un sérieux avertissem­ent à quiconque voulait s’emparer des richesses de la Couronne espagnole. Le visiteur s’égarera dans son dédale de tunnels ou encore circulera sur les parapets, se reconstitu­ant les batailles navales de jadis.

Après l’indépendan­ce de la Colombie, en 1810, Carthagène perd de son importance. Si bien qu’au début du XXe siècle, la ville compte à peine plus de 9000 habitants. Les palais seigneuria­ux et les somptueuse­s églises tombent en ruine. Dans les années 1920, un vaste plan de restaurati­on et d’assainisse­ment permet de sauver la «cité dans les murailles» qui sera classée au patrimoine mondial de l’UNESCO.

FARNIENTE ET VIE NOCTURNE

On croira à tort que Carthagène est prisonnièr­e de son passé. Avec près d’un million d’habitants, la ville est devenue un pôle commercial et touristiqu­e de première importance au pays. Aux orgueilleu­ses tours de verre de Boca Grande, le voyageur préférera l’ambiance de Getsemani, à quelques jets de pierre de la tour de l’horloge. Ses nombreux bars, cafés et auberges en ont fait depuis quelques années le repaire de la bohème locale. Au crépuscule, mélodies de guitare et rires d’enfants s’entrecrois­ent à la plaza de la Trinidad. Enfin, la journée ne saurait être complète sans une promenade au bord de l’eau sur l’Avenida del Arsenal, alors que les fêtards s’alignent en vue d’une nuit endiablée comme seuls savent le faire les Cartagener­os…

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Coucher de soleil sur les murailles

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