Le Journal de Quebec - Weekend

dans le Grand Nord

Quatre ans après la sortie de son film Rebelle qui l’a mené jusqu’aux Oscars, le cinéaste québécois Kim Nguyen revient au grand écran avec son cinquième long métrage, Two Lovers and a Bear, une histoire d’amour campée dans le décor singulier et majestueux

- Maxime Demers Le Journal de Montréal maxime.demers@quebecorme­dia.com

On peut dire que Kim Nguyen aime se compliquer la vie quand il tourne ses films. À l’été 2011, le cinéaste montréalai­s choisissai­t d’aller tourner son film Rebelle – une histoire d’enfants soldats – dans le chaos de Kinshasa, en République démocratiq­ue du Congo, avec de jeunes acteurs recrutés sur place.

Quatre ans plus tard, Nguyen s’est lancé dans une aventure aussi périlleuse en allant tourner son premier film anglophone, Two Lovers and a

Bear ( Un ours et deux amants), dans les paysages glaciaux du Nunavut.

«Ç’a été un tournage exigeant à cause du froid extrême (la températur­e est descendue jusqu’à – 40° Celsius certains jours) mais d’un point de vue logistique, c’était quand même moins complexe que tourner au Congo!», lance en riant Kim Nguyen.

COMME UNE BASE LUNAIRE

Librement inspiré de souvenirs de voyage écrits par le fondateur des vêtements Kanuk, Louis Grenier, Two Lovers and a Bear raconte une histoire d’amour torturée entre deux âmes brisées, dans une petite ville du Grand Nord. Le film met en vedette la Canadienne Tatiana Maslany ( Orphan Black) et l’Américain Dane DeHaan ( The Place Beyond The Pines).

«C’est le producteur Roger Frappier qui m’a parlé de cette histoire, il y a déjà 14 ans», explique Kim Nguyen.

«Je m’étais attaqué au scénario mais j’avais frappé un mur en adaptant le texte de façon trop concrète. Je l’ai mis de côté, puis j’ai repris le projet quelques années plus tard, après la sortie de Rebel

le, avec l’idée de rendre l’histoire plus mystique et existentie­lle, avec une touche de surréalism­e.»

«J’étais aussi attiré par l’idée de capturer l’Arctique qu’on connaît moins. On a souvent vu, au cinéma, l’Arctique du passé, avec des igloos et des chasseurs. À travers les récits de Louis Grenier, j’ai découvert un Arctique que je n’avais jamais vu avant; un Arctique très cosmopolit­e où il y a un restaurant libanais, des Éthiopiens qui vont travailler en motoneige et des gens en taxis qui viennent de partout à travers le monde. En me rendant sur place la première fois, j’ai vraiment eu l’impression de me retrouver sur une base lunaire.»

ÂMES BRISÉES

Dans son film, Kim Nguyen ne donne pas trop de précisions sur les raisons pour lesquelles ses deux personnage­s se sont retrouvés dans cette petite ville perdue au milieu de la zone arctique.

«Il y a un dicton pour les gens du Sud dans le Nord: on dit d’eux que soit ils s’enfuient de quelque chose, soit ils cherchent quelque chose. Sans vouloir généralise­r, c’est quelque chose qu’on voit beaucoup dans le Grand Nord. Les deux amants du film sont des âmes brisées mais ce sont aussi des âmes soeurs», observe Kim Nguyen.

Le réalisateu­r n’attendra pas un autre quatre ans avant de proposer son prochain film. Le cinéaste travaille présenteme­nt au montage du drame Eye

on Juliet, qu’il a tourné plus tôt cette année au Maroc, à Montréal et à Paris. Dans un monde idéal, le film serait présenté dans un important festival (Cannes, Berlin ou Sundance), au début 2017.

Le cinéaste prépare également un film se déroulant dans le milieu du marché boursier qu’il espère pouvoir tourner l’été prochain, à Montréal et dans l’État de New York. À suivre…

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