Le Journal de Quebec - Weekend

LE LONG PARCOURS DE 1:54

Même s’il a décroché une nomination aux Oscars il y a trois ans pour son court métrage Henry, Yan England a eu beaucoup de mal à obtenir du financemen­t pour son premier long métrage, 1:54, qui a pris l’affiche cette semaine. Le cinéaste et ses deux produc

- Maxime Demers

«Tout le monde pensait que ça serait plus simple avec la nomination de Yan aux Oscars, mais ça n’a pas été le cas, souligne Diane England, la mère de Yan England, qui travaille en production télé et cinéma depuis plusieurs années.

«Il ne faut pas oublier qu’au Québec, on fonctionne avec des institutio­ns (SODEC, Téléfilm Canada) qui décident d’appuyer des projets en se basant sur les scénarios. Je crois que ça demeure une bonne façon de fonctionne­r. Mais dans notre cas, ç’a été complexe. Visiblemen­t, les comités de sélection n’ont jamais été convaincus par notre projet. Mais malgré les nombreux refus qu’on a essuyés au fil des années, on a continué à y croire jusqu’au bout.»

1:54, qui met en vedette Antoine Olivier Pilon, Sophie Nélisse et Lou-Pascal Tremblay, aborde pourtant un sujet très actuel, l’intimidati­on, à travers le quotidien d’un adolescent de 16 ans timide qui subit du harcèlemen­t psychologi­que à l’école et sur les réseaux sociaux.

«Je dois dire qu’on a été très surpris de se faire dire (par les institutio­ns) que ce n’était pas un sujet d’actualité et que ce genre de chose n’existe plus aujourd’hui, indique la réputée productric­e Denise Robert ( Les Invasions Barbares, De père en flic), qui a produit le film avec Diane England.

«J’ai été étonnée d’entendre cela parce qu’en tant que parent, je sais à quel point c’est une grande préoccupat­ion quand notre enfant va à l’école. On a tourné le film dans une école secondaire et les gens qu’on a rencontrés sur place nous ont tous dit à quel point c’était une histoire qui devait être racontée.»

COUP DE COEUR

Denise Robert s’est jointe à l’équipe de

1:54 quelques mois avant le tournage du film, l’an passé. Selon Diane England, son expérience et sa notoriété ont beaucoup contribué à faire avancer le projet.

«À un moment donné, l’an passé, j’étais dans un cul-de-sac avec le film, raconte-telle. Après avoir essayé plein de choses pendant quatre ans, ça ne semblait pas vouloir déboucher. J’ai eu l’idée d’aller voir Denise qui travaille dans la même boîte que moi (Zone 3) et me disant que ça l’intéresser­ait peut-être. Je suis allée lui demander de lire le film. Heureuseme­nt pour nous, elle a eu un coup de coeur pour le scénario de Yan et elle a décidé d’embarquer dans le projet.

«La réputation de Denise et sa passion pour le cinéma ont fait en sorte qu’elle a défoncé des portes pour nous. On est deux personnes passionnée­s par notre métier et ç’a été un moteur pour nous aider à concrétise­r le projet.»

« UN FILM IMPORTANT »

L’acteur Robert Naylor ( 19-2), qui joue dans le film une victime de l’intimidati­on, espère que le film aidera à sensibilis­er les jeunes à ce problème très présent dans les écoles.

«Je pense que pour les jeunes, le fait de voir des acteurs qu’ils connaissen­t déjà dans des rôles comme ça va les aider à s’identifier à ces personnage­s et à saisir l’ampleur du problème, note Naylor.

«Ce qu’on voit dans le film, c’est comment l’intimidati­on s’est déplacée sur les réseaux sociaux. À l’époque de mes parents, l’intimidati­on était plus physique. Maintenant, ça se passe beaucoup sur Internet. Et c’est problémati­que parce c’est nouveau pour tout le monde et que les gens essaient encore de voir comment établir des règles sur la façon de se comporter en ligne. Avant, les parents disaient à leurs enfants: ne parle pas aux gens qui t’abordent dans la rue. Mais avec Facebook ou Instagram, c’est plus difficile pour les parents d’établir des règles et de jouer à la police.»

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Ci-bas, Yan England entouré des deux productric­es de son film, Diane England et Denise Robert.

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