Le Journal de Quebec - Weekend
NOTRE CHANSON AU PETIT ÉCRAN
L’industrie musicale vit une période difficile en ce moment. Si la place qu’on propose à nos artistes sur les ondes télévisuelles est de plus en plus restreinte, parallèlement, on n’a jamais autant entendu notre chanson à la télévision qu’en ce moment. En
Sans être nostalgique, il faut avouer qu’il fut un temps où, sur une base quotidienne, certaines émissions de grande écoute devenaient le lieu privilégié pour les chanteurs afin de faire connaître leur oeuvre. «On remarque une régression importante en terme de nombre d’heures consacrées aux variétés et aux prestations à la télévision, observe Solange Drouin, vice-présidente aux affaires publiques et directrice générale de l’ADISQ.» Cette constatation figure dans une analyse qui sera déposée plus tard en novembre lors d’audiences auprès du CRTC. «Cette vitrine est importante pour stimuler la carrière d’un artiste. «Actuellement, on parle de chanson et de musique, mais on ne la voit pas, dénonce-t-elle. Tant mieux si on entend plus de chansons québécoises dans les publicités, dans nos émissions de télé. C’est très bien. Mais en même temps, nos artistes ont besoin de visibilité. Ils sont noyés dans une masse de contenus. Ce que je trouve dommage c’est que les émissions où il y a des investissements considérables proposent des chansons, mais sans les artistes professionnels. Il faudrait trouver un moyen de leur offrir à eux aussi une vitrine plus importante.»
LA CHANSON À L’AVANT-PLAN
La Voix, comme Star Académie par le passé, contribue à mettre en valeur des chansons qui connaissent une nouvelle vie ou gagnent en popularité. C’est reconnu qu’une chanson interprétée devant plus de 2 millions de téléspectateurs remonte au palmarès d’iTunes dans l’heure qui suit. Mais d’autres initiatives laissent aussi leurs marques. C’est le cas des Dieux de la
danse qui crée des chorégraphies sur des chansons québécoises. Un choix d’abord surprenant puis réjouissant. «C’est une volonté artistique, affirme Martin Métivier, producteur de l’émission. Il y a tellement d’émissions de danse, mais tout est en anglais. Nous, on a eu envie d’embrasser notre marché, notre langue, notre musicalité. On a fait du flamenco sur Paradis City de Jean Leloup, un paso doble sur On leur a fait croire d’Alex Nevsky, un tango sur Pas question
d’aventure de Claude Dubois. C’était important pour Radio-Canada et pour Attraction images (la boîte de production) de mettre en valeur la chanson québécoise, d’Offenbach à King Melrose.»
Ainsi, 40 % des musiques qui accompagnent les chorégraphies développées pour l’émission sont des chansons québécoises. «C’était peut-être moins dans nos habitudes d’associer danse et chanson. Marie-Mai est une des rares qui propose un spectacle avec des danseurs, mais tu peux danser sur toutes les chansons d’Ariane Moffatt et la plupart des chansons québécoises peuvent avoir une vie sur le plancher de danse, fait remarquer Martin Métivier.»
En direct de l’univers et Belle et Bum sont aussi d’excellentes vitrines pour notre chanson et pour ses interprètes. D’ailleurs, cette dernière est toujours une émission phare de TéléQuébec qui lançait un peu plus tôt son année en chanson mettant en vedette la chanson québécoise sous plusieurs formes.
SOUTENIR LA CHANSON D’ICI
«L’idée de cette année de notre chanson a débuté quand Louis-Jean Cormier et Ariane Moffatt nous ont présenté le projet de documentaire La musique à
tout prix, raconte Denis Dubois, directeur général de la programmation de Télé-Québec. On s’est dit qu’on pouvait faire plus que ça pour célébrer notre chanson et rappeler la place qu’elle prend dans nos vies. C’est comme ça que l’idée des génériques est née.» Vingt-trois chansons québécoises, dont celles de Koriass ( Ça vaut le co
ût), Bernard Adamus ( 2 hommes en or), Lisa Leblanc ( Un chef à la cabane), David Giguère ( Di Stasio), Galaxie ( Formule Diaz), Yann Perreau ( Banc public), habillent les génériques des émissions de la chaîne.
«L’initiative a trouvé écho auprès de l’industrie, du politique, du service à l’auditoire, confirme Denis Dubois. L’impact a été fort. Ça fait partie de l’ADN de Télé-Québec.» Dans la même veine, le diffuseur lancera en janvier une variété musicale nouveau genre, Microphone, animé par Louis-Jean Cormier, en plus d’un gala pour les jeunes qui mettra la chanson de l’avant pour clore cette année de valorisation de notre art. Une autre initiative importante pour Télé-Québec qui s’adresse aussi au public jeunesse à qui l’on reproche de délaisser notre chanson. «Ce serait prétentieux de dire que la musique a besoin de la télévision, mais elle reste le média le plus populaire. C’est une vitrine extraordinaire. La télé n’a peut-être pas la capacité de sauver l’industrie musicale, mais elle a au moins la capacité de la soutenir, conclut Denis Dubois.»