Le Journal de Quebec - Weekend
SOLIDE QUE JAMAIS
ENTREVUE EXCLUSIVE AVEC LARS ULRICH
La vie au sein de Metallica n’a jamais été un long fleuve tranquille. Le documentaire
Some Kind Of Monster, paru en 2004, avait révélé au monde entier, avec une franchise rarement vue au cinéma, les vives tensions entre les musiciens à l’époque où le bassiste Jason Newsted avait plié bagage pendant que James Hetfield disparaissait pour une longue période en cure de désintoxication.
«Je m’étais fait à l’idée que je pourrais quitter. Pendant environ six mois, je ne savais pas du tout ce qui allait arriver. C’est la seule fois en trente-cinq ans que je me suis senti comme cela», confie Ulrich.
Selon le batteur, l’amour fraternel et l’amour de la musique ont permis au groupe de surmonter ces épreuves. Et maintenant, «les plaies sont guéries», assure-t-il.
CONCILIATION TRAVAIL-FAMILLE
Ce qui ne veut pas dire que faire partie de Metallica est plus facile qu’avant. «Être dans un groupe passé le cap de la cinquantaine demande beaucoup d’efforts et de sacrifices. Rendu à un certain âge, on peut en avoir assez de faire des compromis. Peu de groupes durent aussi longtemps que nous. On a travaillé fort pour y arriver», soumet Lars Ulrich.
Selon le musicien de 52 ans, l’une des clefs de la longévité de Metallica réside dans la conciliation travail-famille.
«Nous avons tous des enfants et ils ont le même âge. La famille est notre priorité. Nous avons un règlement dans le groupe: on ne part jamais plus de deux semaines consécutives. Par exemple, nous venons de faire douze jours en Amérique latine et nous revenons à la maison pour une semaine avant de repartir en Europe.»
« ÉNERGIQUE ET PHYSIQUE »
La même règle prévaudra lors de la tournée mondiale qui suivra, en 2017, le lancement du dixième album de Metallica. Car huit longues années après Death Magnetic, Ulrich, Hetfield, Kirk Hammett et Robert Trujillo ont enfin du nouveau matériel à proposer.
Le groupe a annoncé ses couleurs musicales en faisant paraître trois extraits déjà. Autant
Hardwired, Moth into Flame que Atlas, Rise! confirment que Metallica a choisi de pousser plus loin le retour vers un son thrash amorcé sur son album précédent.
«C’est un album qui a beaucoup de vie. C’est rythmé, primal, rock and roll, légèrement moins cérébral et progressif que Death
Magnetic. Je l’ai réécouté récemment après l’avoir mis de côté pendant quelques semaines et l’album me semble encore plus énergique et physique», dit Ulrich.
Sur Spit Out The Bone, dernière des douze pièces de l’édition régulière de Hardwired...
To Self-Destruct, les quatre musiciens mettent la pédale au plancher comme jamais. Le tempo est si rapide, raconte en riant le batteur, que son fils lui a même demandé comment il ferait pour la jouer en concert.
HUIT ANS, CE N’EST PAS NÉGATIF
Bien sûr, Lars Ulrich est excité de partager cette nouvelle musique. Mais il ne se formalise pas de cette attente qui a mis à l’épreuve la patience des fans.
«On a fait beaucoup d’entrevues depuis quelques semaines et tout le monde nous parle de ces huit années comme si c’était quelque chose de négatif. Je ne le vois pas comme ça. Nous étions si occupés avec un paquet de choses. Écrire des chansons et enregistrer des albums, ça fait partie de Metallica, mais ce n’est pas uniquement ce qui nous définit comme groupe», lance le musicien avant de se lancer dans une énumération de tout ce qu’a fait le groupe depuis 2008, de la création de son propre festival en passant par l’album avec Lou Reed et le tournage du film Through The Never.
«Évidemment, nous allons continuer d’enregistrer des albums, en fait je l’espère. Mais là où nous sommes rendus, ça fait partie d’une approche créative plus globale», conclut-il.