Le Journal de Quebec - Weekend
Il n’y a que Gilles Vigneault et Fred Pellerin pour tisser, avec toute la poésie qu’on leur connaît, un lien entre le sirop d’érable et notre identité.
L’idée de ce documentaire du réalisateur Francis Legault est d’une fascinante originalité. Le point de départ est le suivant: l’érable – et donc l’érablière, le sirop et le temps des sucres – est une métaphore de notre histoire, de notre culture et de notre désir de se forger une identité.
Au début, c’est à travers une conversation entre Gilles Vigneault et Fred Pellerin que le sujet est introduit, avec une poésie indéniable. Puis, la réalité et l’histoire prennent leur place. Ainsi, Francis Legault enchaîne les entrevues, toutes aussi intéressantes les unes que les autres, que ce soit avec des propriétaires d’érablières, de cabanes à sucre, des historiens, des critiques gastronomiques, des auteurs, etc.
L’ÉRABLE ET LA VACHE
Parmi les interventions les plus remarquables, outre celles du tandem Vigneault-Pellerin, il faut souligner celles de Daniel Turcotte, historien, qui nous rappelle les origines de la fondation de la Nouvelle-France et l’importance du sucre à l’époque, le tissage de liens avec les Amérindiens, etc. Celle de Boucar Diouf reste gravée dans les mémoires, l’auteur et biologiste effectuant un parallèle – pertinent, mais ô combien surprenant – entre un érable et une vache! On croise également Martin Picard, chef du restaurant Au pied de cochon, Gabriel NadeauDubois et Kim Thúy, autant de témoignages et de réflexions qui contribuent à alimenter cette discussion.
L’indéniable intelligence du réalisateur Francis Legault est d’avoir su demeurer fidèle à l’esprit de Gilles Vigneault et Fred Pellerin, même avec ce sujet pourtant bien éloigné de leurs oeuvres. Il s’assure ainsi de rallier et de passionner les admirateurs de ces deux grands artistes.
Ce n’est pas un hasard si Le goût d’un pays a reçu le prix du public lors de la dernière édition des Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM). Car il ne faut pas s’y tromper, ce documentaire de 102 minutes s’adresse à toute la famille et est pertinent, passionnant, étonnant et sacrément poétique. On en redemande!