Le Journal de Quebec - Weekend

Une année charnière POUR UN ARTISTE ENGAGÉ

- Vanessa Guimond

Koriass compte parmi les artistes pour qui l’année 2016 aura été mémorable sur le plan profession­nel. En plus d’avoir lancé un album acclamé par ses fans et la critique, le rappeur peut aussi se targuer d’avoir mérité le prix Homme d’inspiratio­n de la Fondation Y des femmes de Montréal, d’avoir remporté le Félix de l’album hip-hop de l’année et d’avoir été nommé artiste de l’année au GAMIQ.

Ajoutons à cela le lancement de son disque en France, le fait qu’il soit devenu un modèle féministe en dénonçant publiqueme­nt la culture du viol, ainsi que la sortie de Koriass, revenir de loin, un documentai­re portant sur son parcours, et la création de son plus récent opus, et vous obtenez un bilan bien chargé pour cet artiste qui, malgré tout, est loin d’avoir la grosse tête.

«Si je fais une rétrospect­ive personnell­e, c’est certain que 2016 a été l’année la plus importante de ma carrière. C’est une année charnière, a-t-il déclaré au cours d’une entrevue accordée au Journal. Par contre, si je regarde les choses sur le plan collectif, 2016 a été une année de marde. Il y a là une grosse contradict­ion.»

Selon le rappeur, l’année qui vient de se conclure aura été marquée par plusieurs reculs, dans la société, notamment par rapport à la culture du viol.

«Je pense à des événements comme l’acquitteme­nt de Jian Ghomeshi et l’élection de Donald Trump... Il y a un paquet de choses qui font en sorte que 2016 a été un peu poche, sur ce plan.»

ENGAGÉ

Impossible de parler de Koriass et de son récent succès sans revenir sur son passage à Tout le monde en parle à la suite du lancement de Love suprême, en février dernier.

Après avoir publié, sur le site d’Urbania, une lettre marquante dans laquelle il racontait le viol dont a été victime sa conjointe, sa visite sur le plateau de Guy A. Lepage lui a permis de partager son message avec des gens qui ignoraient qui il était, jusque-là.

«Le fait que je me sois positionné sur certaines choses, ça m’a permis de rejoindre des gens qui, à la base, n’écoutent pas de rap. Ç’a agrandi mon public, c’est certain.» Quant à la cause qu’il soutient et qu’il défend dans le cadre de conférence­s dans les écoles de la province, depuis quelques mois déjà, l’artiste demeure positif, malgré tout. «Il y a de l’espoir, a-t-il dit. Au départ, quand on m’a demandé de donner des conférence­s, je ne savais pas à quoi m’attendre. J’ai rapidement constaté que les gens n’avaient jamais entendu parler de consenteme­nt ou des statistiqu­es concernant les agressions sexuelles sur les campus. Je vois que ça peut faire une différence grâce au feedback que je reçois après les conférence­s. Les filles viennent se confier, mais les gars aussi. Ils me disent que ça les réveille sur la question.»

L’OSSTIDTOUR

Depuis septembre, Koriass a joint ses forces à celles de ses confrères des groupes Alaclair Ensemble et Brown pour présenter la tournée L’Osstidtour, qui s’arrêtera dans quelques villes de la province, dont Montréal et Québec, au cours des semaines à venir.

«L’idée, c’était de faire un clin d’oeil à L’Osstidcho , puisqu’aujourd’hui, on ressent aussi un vent de fraîcheur sur la scène musicale québécoise, a-t-il expliqué. Nous proposons une musique plus jeune, avec de nouvelles sonorités. C’était un peu la même chose en 68, avec Charlebois et compagnie. Ils arrivaient avec quelque chose de nouveau. C’est le parallèle que nous faisons. Nous ne nous disons pas les nouveaux Robert Charlebois sérieuseme­nt, mais nous rendons hommage à cette époque-là.»

L’Osstidtour s’arrêtera à Saguenay, St-Hyacinthe, Québec, Montréal et Victoriavi­lle, d’ici le 4 février. Toutes les informatio­ns à l’adresse losstidtou­r.com.

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Après le lancement de son album Love suprême, en février, Koriass a connu une année exceptionn­elle.

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